Laisse-Toi Succomber [PAUSE]

Chapitre 2.2

« Tu sais, tu sais jamais
Jamais jusqu'où ça ira
De jouer avec moi. »
Joue Pas, F.Feldman

Laïa

Lundi.

Encore un lundi de plus qui s'ajoute à ma liste des journées les plus chiantes.

Je n'ai pas dormi de la nuit, toujours les mêmes cauchemars qui reviennent sans cesse. Je commence même à avoir l'habitude. Je ne stresse même pas énormément pour l'élection des élues mais plutôt de l'ampleur de ses cauchemars. Je ne sais plus comment faire pour les effacer de ma mémoire.

En traversant les couloirs de l'université, je me sens comme observée. Je fais le tour de moi-même tout en regardant chaque personne. Aucune ne semble se préoccuper de ma petite personne, je délire complètement aujourd'hui. De toute façon, je suis une stressée de la vie. Le stress me rend dingue et je le déteste.

Je continue d'avancer et entre dans l'amphithéâtre où se déroule mon cours d'arithmétique. Je retrouve vite Emi, assise à la même place que jeudi et en train de discuter avec un homme que je ne connais pas.

− Hé poulette ! Je viens de faire connaissance avec Sean, il a redoublé sa première année ce con !

Je lui souris et m'assoie à côté d'elle. Ses surnoms sont toujours aussi variés et... sympas on va dire. Même si je ne les apprécie guère.

Emi rencontre une personne. Une seule et unique personne et elle connaît déjà beaucoup d'informations sur celle-ci. Elle m'a fait pareil le jour de notre rencontre, à me poser dix mille questions.

− Alors comme ça on est sur la liste ? s'exclame Sean.

− Par pitié, fermez-là avec cette liste. J'en peux plus, je l'entends partout !

Je pose ma tête contre la table froide, j'en ai marre de ce « Unfaithful game » !

Le nouveau pote d'Emi me détaille de ses yeux noisette. Je ne comprends pas ce qu'il cherche, il a pourtant un air sympathique. Son tic nerveux de taper sur la table me laisse perplexe.

− Ma pauvre bichette, ne sois pas si pessimiste, me coupe-t-elle dans mes pensées. Je suis sûre que tu seras l'une des supportrices d'un couple. T'iras même jusqu'à en espionner certains pour ruiner leur victoire.

− Quoi ? Ah, donc en plus d'être choisi contre ton gré, les élues ne pourront même plus aller au WC tranquillement ? Nan, va falloir qu'un pervers lui lèche les fesses pour la nettoyer ?

Sean éclate de rire et Emi me regarde avec de gros yeux, la mine dégoûtée.

− Alors là, t'es écœurante Laïa.

Je hausse les épaules. En jouant à leur jeu débile, elles n'auront plus aucune liberté. Je n'aimerais pas. Clairement. Il en est hors de question.

− Donc, ce sont qui ses élues ? questionné-je, impatiente.

OK. Ça me stresse, je l'avoue. Le fait que l'heure approche crée une certaine tension en moi. Elle ne cesse de s'accroître et commence à m'angoisser davantage.

− On n'en sait rien. Apparemment elles le sauront le moment venu. Je n'ai pas plus d'infos que toi, balance Sean.

Je me contente de hocher la tête, déçue. Le professeur entre dans l'amphi et tous les regards se posent sur lui. Je comprends vite pourquoi : ses belles fesses font des ravages.

− Bonjour à tous. Quiconque qui n'est pas de ce cours, soit en première année de mathématiques, est prié de sortir immédiatement. Sinon, c'est l'exclusion définitive.