Chapitre 2 : Storybrooke

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" Alors ils sont figés dans le temps et coincés à Storybrooke ?  " - Emma

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Le reste du chemin se déroule dans un silence de plombs, naturellement. Le garçon fixe le pare-brise, perdu dans des réflexions dingues dont je ne connais fort heureusement pas l'ampleur, et je l'imite, cherchant à l'oublier ne serait-ce que quelques minutes, jusqu'à ce que ma voiture ne dépasse un panneau annonçant « Welcome to Storybrooke ». Houuu, alors le mystérieux village existe ? Dommage. J'aurais adoré traverser toute la forêt sans rien trouver et pouvoir balancer le gamin barge dans les pattes des services sociaux. Un fou en plus dans les asiles, et un en moins sur nos trottoirs. Ah, quel exemple de citoyenne je ferais ! Ramasser les ordures est à la portée de tout le monde, après tout.

Une longue route glissante et un virage à droite plus tard, nous débouchons sur les chapeaux de roues dans l'allée principale dudit mystérieux village...

Et un frisson de terreur longe ma colonne vertébrale.

Après la dense et verte forêt d'Allony, le nouveau paysage est un choc non prévu pour mon système nerveux.

La route n'est pas encore finie ; elle continue éternellement jusqu'à très loin devant nous. Je ne la vois pas s'arrêter. La première chose qui me frappe est d'ailleurs sa présence - une rue principale alors qu'il n'y a pas une seule voiture. Les bâtiments qui la longent ont tous plus d'un demi-siècle au premier coup d'œil ; tous modernes, blancs, écaillés. Tous les volets fermés : toutes les portes, les garages, les portails et les boutiques sont verrouillés, comme si les habitants attendaient la venue d'un pilleur en série. A mon avis, ça aurait du bon, ne serait-ce que pour rompre le calme dérangeant que cette bourgade m'inspire. Les rues se croisent, partent dans tous les sens, vides. Ni voitures retardataires, ni chats de gouttières.

MAIS, et je dis bien MAIS, le plus flippant du tableau reste les réverbères. Ils sont tous éteints et ne s'allument que lorsque je passe devant. Regard circulaire et déglutis ; voilà ma réaction.

Je suis dans une ville fantôme.

- Sinistre, hein ?

Je me tourne vers mon passager. Il sourit... je crois. Du moins autant que ce terrifiant rictus garde l'aspect d'un sourire. La lumière de la lune reflète sur ses dents blanches, lui donnant presque une allure de personnage fantastique. Oula, pourquoi je pense à ça ? Ses histoires m'ont vraiment flanquées une frousse à ne plus dormir. 

« Tu es bien placée pour le savoir parce que tu es dans le livre ! » On y croit tous, évidemment.

- T'as une adresse, petit ?, parviens-je à articuler, non sans peine.

Je tourne dans une rue bordée de maisons aux palissades semblables entre elles : blanches, modernes, écaillées. J'en ai déjà marre alors que je viens à peine d'arriver - si je me perds, je suis cuite. Et puis toute cette blancheur est inconditionnée et abusive. En plein jour, elle doit donner mal à la tête.

- Allô, Willy ?, appelé-je le chérubin. Tu connais ton adresse ou j'ai le droit de m'inquiéter ?

- Willy ?

- Ouais, bref, Freddy...

- HENRY !, rectifie-t-il, ouvrant tout grands ses yeux gris souris, perturbé.

Par le nom ou par son mental, que sais-je.

- Ouais, bref. C'est pareil. Adresse ?

Il fronce les sourcils et fait la moue, boudeur. Je le foudroie du regard. Dommage qu'il ait la tête baissée, sinon il aurait eu un hoquet d'horreur et m'aurait répondu dans la seconde. The Regard marche à tous les coups ; il en a rendu aveugle, et plus d'un !

L'Avenir du Passé - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant