Je me suis toujours représenté la vie comme une route. Une immense route, tellement grande que quand on est au centre on ne voit aucune des deux extrémités. On marche à côté de gens qu'on aime sans pour autant les tenir. Certains d'entre eux s'éloignent du chemin qu'on est en train de creuser sur cette route, d'autres oublient qu'il faut marcher alors ils courent, finissent par nous semer et on se retrouve à continuer à marcher en les regardant s'éloigner.
Tout le long de notre chemin, on cherche, essayant de faire ce qui est le mieux pour que la ligne soit belle et droite.
Si vous voulez mon avis, c'est ce qui fait que parfois on rate notre vie, qu'on se retrouve à soixante ans avec l'impression d'une vie vide. On devrait pas s'inquiéter que toutes nos lignes restent parallèles les unes entre les autres, on devrait peindre nos chemins avec pleins de couleurs, pour que quand on se retourne, on voit un arc-en-ciel. Si on se prenait la main pour essayer d'avancer ensemble plutôt que de vivre dans la peur, le jugement et la jalousie.
J'ai compris ça, le jour où je l'ai rencontré. C'était pas parce que j'étais malade que ma ligne était brisée, c'était parce que j'avais choisi d'avancer seule.
Mais il suffit d'un tout petit peu d'amour pour rendre de la couleur à nos vies.
Klaxonne sur ta route, parce que le klaxon annonce un danger. Et qu'un peu de folie ne manquerait pas à ton monde. Souviens toi en.*
amour , nom masculin
sens 1 : sentiment d'affection, d'attirance sentimentale et sexuelle entre deux personnes.
sens 2 : sentiment d'attachement, d'affection mutuelle entre amis ou membres d'une même famille.*
Assise en tailleur sur mon lit, un dictionnaire posé devant moi, je réfléchis.
-La possibilité que j'apprécie cet individu est quasiment nulle. grommelai-je. Je ne peux pas le considérer comme un ami. Ni comme rien d'autre d'ailleurs.
Je me pris la tête entre les mains, il était impossible que le tout petit vide dans ma poitrine soit du manque. Je l'ai vu qu'une fois merde, je peux pas l'apprécier !
Depuis que mes parents, et accessoirement l'intégralité de ma famille et de mes amis, m'ont expressément abandonné, je me suis promis de ne plus rien ressentir. Ne plus ressentir aucun sentiments pour qu'il n'y ait plus jamais de douleur. Si on est indifférents la douleur ne gagne pas.
Il y a eu deux exceptions à ma règle, Cheryl et Abi.
-Alwena ! hurla une voix, qui me parut lointaine tant j'étais bloquée dans mes pensées.
-Hein ?
-Quelle réflexion pleine de sagesse.
-Cheryl, dis moi, tu aurais réagi comment si, à huit heures du matin, une personne entrait dans ta chambre en beuglant ?
Elle prit quelques instants pour réfléchir, un air joyeux sur le visage.
-J'imagine que j'aurais brillamment répondu "Hein ?".
Elle me laissa à peine le temps de savourer ma victoire qu'elle enchaîna.
-Il n'empêche que je ne suis pas venue pour rien.
-Dis moi tout ma Cher.
-Ton jeu de mot est absolument pourri.
-Tu as un humour absolument pourri.
Elle me toisa avec un certain apitoiement avant de reprendre.
-Jason est là.
Vous voyez quand une bombe explose, vous avez l'impression qu'il n'y a plus rien autour de vous, que le bruit est immense et que votre corps explose cellule par cellule.