Chapter 9

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Ce que je préfère dans l'amitié, ce sont ces moments où tout prend pause autour de nous. Comme si seul un petit groupe d'individus comptait à cet instant là. Que ce soit dans un fou rire à quatre autour du feu, dans un appel lorsqu'on vit loin l'un de l'autre, tard dans la nuit allongés côte à côte, silencieusement au bord de la piscine, sanglotant dans les bras de l'autre ou juste dans le silence d'un regard. Ce sont ces moments que je préfère, ceux où on se sent unique au monde, tout en étant deux.
Quelqu'un m'a dit un jour qu'il ne croyait pas en l'amitié, sur le moment je n'ai pas su quoi lui dire parce qu'au fond j'étais convaincue qu'il se trompait. Aujourd'hui, je lui dirais que l'amitié, elle existe lorsqu'on tombe sur les bonnes personnes. Elle existe quand on sait qu'on aura toujours quelqu'un sur qui compter. Qu'on soit au soleil ou en pleine tempête, qu'on soit énervé, triste ou heureux. On sait, on sait que cette personne viendra quoi qu'il arrive. Pour moi c'est ça l'amitié, c'est avoir quelqu'un qui sera toujours présent qu'importe le temps, la distance ou les différends.
Je sais qu'il pourrait me répondre que pour ça il y a l'amour. Moi, je pense qu'en amour il n'y a pas tout ça. Il n'y a pas l'apaisement qu'on trouve auprès d'un véritable ami. Il n'y a pas la bulle où il n'y a aucun jugement. Et puis il n'y a pas toujours la franchise.
Il arrive que lorsqu'on aime, on mente pour éviter la querelle. Qu'on évite de dire à son Amour qu'il ou elle a des défauts.
Mais en amitié, dans les vraies amitiés, il n'y a pas de jugement. Il y a de la franchise. Parce que c'est ça qui compte vraiment. C'est pouvoir s'écrouler dans les bras d'un ami qu'importe les circonstances.
Je pense que l'amitié et l'amour sont complémentaires, mais que sans amitié l'amour deviendrait insignifiant.
Je n'aurais pas la prétention de dire que mon avis est le bon. Mais si je peux dire quelque chose, et je parle car je le vis : un vrai ami, ça vaut bien plus que tout l'or du monde. Et ça vaut autant, si ce n'est pas plus, qu'un amour.

Envoie un message à quelqu'un sur qui tu peux compter, ne laisse pas une bêtise vous séparer.
Je suis sure que tu lui manques autant qu'il/elle te manque.

Et comme j'ai l'habitude de dire, vis.

*

J'ai passé des nuits entières à fixer mon plafond, tourmentée par mes douloureuses pensées. J'ai passé des journées à attendre quelqu'un, quelque chose ou n'importe quoi en fixant ce plafond blanchâtre. J'ai souvent passé mes insomnies à le contempler, lui et ses petites imperfections.
Aujourd'hui, allongée sur mon lit, je l'observe tout sourire.

Passant un doigt sur mes lèvres, je sens la sensation brûlantes de la bouche de Jason sur la mienne. Je ressens la horde de petits soldats bataillant dans mon ventre, me faisant vaciller.

Quelqu'un toque à la porte m'arrachant à mes douces pensées.

-Alwena, regarde. Une dame a déposé ça pour toi.

Cheryl me tend une boîte à chaussures enveloppée dans un espèce de sachet transparent. Un nœud d'appréhension remplace les petits soldats d'amour dans mon ventre.

Ce n'est qu'une boîte à chaussure. Si seulement ça n'avait été qu'une simple boîte à chaussures. Mais il y a cette inscription au marqueur indélébile, presque effacée par le temps. Je jette la poche transparente. Machinalement, je passe un pouce sur cette phrase. Cette phrase écrite par mon père.

Le nœud se resserre. L'écriture du père dont je n'ai rien reçu de plus qu'une carte d'anniversaire chaque année. Et encore, ils n'avaient pas daigné à mettre un mot l'an dernier.

-Oh mes aïeux...

La boîte est pleine de vieilles lettres, photos et je crois même apercevoir une peluche. Cette boîte était cachée au fin fond de la penderie de ma chambre. C'était avant que je choisisse les soirées, la drogue et l'alcool. Avant que je ne choisisse d'abandonner le monde de "princesse hypocrite" auquel j'étais destinée. Avant que je ne chute, et me retrouve enfermée dans cet hôpital.

fuck offOù les histoires vivent. Découvrez maintenant