A chaque jour suffit sa peine.
J'adorais me réveiller en sachant que lorsque j'allumerais mon téléphone, tu serais la première notification qui apparaîtrait. J'adorais rentrer des cours parce que je savais qu'on allait s'appeler. J'aimais tant nos soirées au téléphone à rire à n'en plus finir. J'aimais tant quand tu murmurais mon prénom comme si c'était la chose la plus précieuse du monde. C'était si bon de savoir que, quel que soit mon état émotionnel, tu me ferais rire. C'était tellement agréable d'avoir une personne à qui on confierait sa vie si besoin était.
J'adorais voir nos sourires comblés dans nos FaceTime. J'adorais te voir faire l'idiot pour m'arracher un sourire quand j'avais des larmes plein les yeux. J'aimais tant te voir te poser pour écouter mes histoires. J'aimais tant quand c'était toi qui me racontait ta vie. C'était si doux de te voir me parler de ta famille, de tes peines et de tes délires. C'était tellement drôle de te voir dire à tes potes de ta chambre d'internat que "oui tu étais au téléphone avec ta copine, et que oui si ils ne faisaient pas moins de bruits il ne répondrait plus de ses actes".
J'adorais quand tu me parlais de notre merveilleuse semaine, celle où on était tomber fous amoureux. J'adorais tes discours sur le fait que je devais arrêter de penser aux autres et me concentrer sur moi. J'aimais tant voir les larmes dans tes yeux quand tu me faisais des déclarations d'amour à quatre heures du matin. J'aimais tant savoir que tu m'aimais plus que tu n'aimais quiconque, et de savoir que c'était entièrement réciproque. C'était si bon de prévoir des plans sur la comète, de nous imaginer dans trois ans sur le canapé de notre appart. C'était tellement beau de nous voir rêver ensemble. C'était notre amour. Et, au delà de ça, c'était nous.Alors pourquoi n'es-tu plus là ? Pourquoi ai-je du étouffer mes sanglots dans un oreiller au beau milieu de la nuit ? Pourquoi es-tu parti ? Pourquoi ne sommes-nous plus nous ?
*
Je me réveille en sursaut, trempée de larmes. Je tremble de tout mes membres. Mon corps est secoué de spasmes. Ma respiration saccadée m'empêche de calmer mes sanglots. La douleur part de mon ventre, traversant côtes, poumons et cœur, pour atteindre ma tête, mon visage. Je suis paralysée.
Je me sens atteindre le bouton d'urgence, avant de tomber dans un trou plus noir que la couleur elle même.
*
La douleur est la seule chose assez présente à laquelle me raccrocher. C'est comme si l'intégralité de mon corps se concentrait sur la déchirure de mon cœur. Je voudrais hurler, je voudrais appeler mes parents... Ils avaient l'air si réels. Comme si, ils étaient réellement venus. Comme si ils s'étaient réellement soucié de moi. Je sens mes poumons me lâcher. Je hurle avec tout ce qui me reste. Et il ne me reste plus rien.
Et de nouveau tout s'écroule.
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Je dois être sous anesthésie, je ressens le monde comme entourée dans un voile. Les voix des personnes autour de moi sont comme brouillées. Je voudrais me rendormir. C'est si doux de ne rien ressentir. C'est si bon d'oublier qui nous sommes.
Alors sans que je ne m'en rendes compte, ma conscience m'emporte à nouveau dans un monde plus noir que blanc.
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Les sanglots bloqués dans ma poitrine, je ne peux plus réfléchir. Chaque seconde qui passe me rappelle que l'amour, la visite de mes parents n'étaient qu'un rêve. Un rêve idiot et destructeur. J'entends des cris affolés autour de moi sans toutefois comprendre pourquoi ils s'inquiètent. Je suis déjà perdue. Il n'y a plus rien à sauver.
Je sens mon corps m'emporter. Je ne bats plus.
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-Vous n'avez pas le droit de la laisser partir bordel !
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Sa voix est comme une bouée. Il hurle de douleur, il voudrait que je vive. Comment lui dire que plus rien à de sens. Je ne respire plus, ma tête ne se bats plus, il n'y a que mon corps qui se permet de lutter. La bouée est partie. Je n'ai plus aucune raison de garder la tête hors de l'eau.
Je rechute.
*
Lorsque l'on naît, il paraît que la première inspiration est la plus douloureuse. Et pourtant, c'est signe de vie. Comme si l'enfant naissait en souffrant. J'ai l'impression de naître. Mais je me sens revivre. Je respire si mal, je souffre. La douleur est présente jusqu'au plus profond de ma personne. Mais je vis. Je ne suis pas morte.
Je vis. Et ce mot vaut tellement plus que ce qu'on pourrait croire.
*
-Elle montre des signes de réveils. Vous devriez prévenir le jeune homme, je crois qu'après deux jours à dormir sur une chaise en plastique il sera heureux de la voir en meilleur état.
Deux jours ?
*
Je sens une tendre pression au niveau de ma main. Je crois que c'est Jason. Je ne sais pas ce qu'il fait là. Jamais je n'aurais du le laisser entrer dans ma vie. Je ne le laisserai pas se perdre pour moi.
Je papillonne des yeux, me promettant que des que je croiserais son regard je lui demanderais de partir vivre sans moi. Il mérite de vivre sans moi.
Ses yeux me regardent, débordant d'amour. Il a pleuré et surement très peu dormi. Je vois le sourire dans ses prunelles. Il avait besoin de me voir le regarder.
'demain, il partira demain'
J'ai peur des mots que je pourrais dire, alors je me tais. Je me perds dans ses si jolies couleurs. Je ne me souvenais plus qu'il avait de si beaux yeux.
*
J'entends Cheryl dire que mes poumons s'étaient rempli d'eau. Mais que j'avais du avoir un très gros choc pour rester dans le coma pendant deux jours complets. Je leur dirais que j'ai cru que mes parents étaient venus. Je leur dirais que j'ai cru qu'ils m'aimaient. Je leur parlerais d'à quel point c'est douloureux de se rendre compte qu'on est seuls.
Mon père m'avait dit, non pas hier, mais il y a bien des années, que les petits soldats pleuraient aussi. Je crois bien que c'est la seule chose qu'il ait pu dire de vraie.
J'expliquerais ma douleur un jour. C'est promis, un jour je saurais raconter ça.
*
ce jour là, j'ai cru tout perdre
that day, I thought I was losing everything*
heyy, après vachement de suppression, de corrections et de petites crises de nerfs, j'ai enfin réussi à écrire ce chapitre.
je ne sais pas ce que vous en pensez mais j'espère que ça vous plaît toujours autant qu'avant.
je vis actuellement ma meilleure vie en vacances, je vous souhaite de faire de même
je vous embrasse et à très vite ( tout dépend de ce que signifie le terme très vite... )Juliette