Méandres

7. Phare dans la nuit

« Toc toc toc ? Je peux entrer ? »

7 Novembre 2007

Cela faisait maintenant des mois que Jim Carter était mort. Poignardé par un inconnu jamais retrouvé par les services de police. Il avait été incinéré le 23 Août. Sa mère qui ne l'avait pas vu depuis cinq ans était présente, alors Pepper était restée en retrait, loin de l'urne. Puis son frère cadet l'avait ouverte et avait jeté ses cendres dans la mer, les regardant s'envoler dans le vent puis disparaître au loin en se posant délicatement sur les vagues. Elle avait revêtue une robe noire qui, pour une fois était ample et longue, et avait attaché ses cheveux en un chignon négligé. Il lui disait souvent que ça lui donnait un air naturel et que soulever ses longs cheveux blonds vénitien lui allait bien. Mais maintenant il n'était plus là. Et elle n'arrivait pas en s'en remettre.

Elle n'était pas productive, et on le lui faisait remarquer. Elle avait commencé à se faire suivre par un spécialiste, mais cela n'avait rien donné. Alors lentement, elle se remettait de ses blessures, pansait ses plaies de cœur, s'appuyant sur le peu d'entourage qu'elle possédait. À savoir sa sœur, peu présente mais réconfortante, et son patron, Tony Stark. Ce dernier ne s'occupait pas d'elle à proprement parler, mais se préoccupait de sa santé, de ce qu'elle ressentait. Il lui posait des questions, lui apportait parfois des cafés les premiers mois, puis finit par prendre ses distances, tout en lui lançant quelques sourires lorsqu'il la voyait, en lui glissant quelques mots gentil, un bonjour par-ci, un bonne soirée mademoiselle Potts par-là. Elle ne le lui rendait pas bien, mais il s'en fichait et continua à lui apporter ces petites attentions de temps à autres jusqu'à ce qu'elle se sente enfin un peu mieux.

C'était arrivé dans le courant octobre. Elle le pensait vraiment. Elle avait commencé à prendre des somnifères et dormait enfin plusieurs heures par nuit. Des anti-dépresseurs et se sentait relativement bien. Elle avait repris le travail à temps plein pour s'occuper l'esprit en permanence. Elle souriait parfois. Tony Stark l'avait remarqué et s'en réjouissait grandement. Il avait cru la perdre à jamais lors de cette soirée d'été. Non seulement parce qu'il avait eu peur qu'elle ait été blessée, attaquée et poignardée elle aussi, mais aussi parce qu'il n'avait pas vu l'éternelle flamme qui dansait dans ses yeux lorsqu'il avait plongé son regard dans le sien, à l'hôpital. Et enfin elle se sortait de sa dépression, encore fragile, vulnérable, instable ou même carrément névralgique, mais bien vivante. C'était tout ce qui importait.

Ces derniers temps avaient aussi été rudes pour lui. Cela faisait maintenant 2 ans qu'il travaillait sur le dossier le plus ambitieux de sa vie. Le missile Jericho. Un bijou de technologie qui vaudrait une fortune à ses potentiels acheteurs. Mais sans l'aide de Pepper, il avait eu du mal à organiser ses déplacements, ses rendez-vous, ses réunions, à répondre aux demandes. Le plus difficile avait été de satisfaire encore et toujours sa clientèle, ces militaires et politiques qui ne voulaient attendre guère plus d'un mois sans qu'un nouveau produit ne leur soit présenté. Un calvaire qu'il avait surmonté, non sans mal, mais qui appartenait désormais au passé. Le monde s'était remis à tourner dans le bon sens, les affaires marchaient et les usines Stark tournaient à plein régime.

Aujourd'hui, il devait présenter le premier prototype de l'ogive au conseil d'administration. Mais comme à son habitude, il passa voir Obadiah Stane dans son bureau, de façon à lui soumettre en avant première ses idées concrètes, lui montrer quelques plans et lui demander ses impressions pour les comparer à celles des membres du conseil. Il avait déjà poussé les lourds battants de sa double porte en acajou.

- Et bien entre Tony, maintenant que tu es déjà à l'intérieur. Installe toi aussi, ça t'évitera de me poser la question ! soupira-t-il en faisant tourner son propre fauteuil et en croisant ses jambes et ses mains.