(14) Les sentiments que j'ai

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PDV Erwin

Adossé à ce parapet, je lance des petits regards discrets vers Livai. Il semble pensif depuis notre baiser, mais à la fois si détendu. Ce pli qui loge habituellement à côté de son sourcil semble être disparu, laissant place à quelque chose de nouveau. Est-ce moi qui crée chez lui cette nouvelle expression? Je dois admettre que je suis moi-même sous l'émotion. Mon cœur bat vite, je me sens léger comme une plume. Depuis quand n'ai-je pas ressenti ce sentiment puissant? C'est si bon et à la fois terrifiant.

Le tambour régulier des gouttes de pluie sur le toit métallique diminue tranquillement jusqu'à entièrement s'arrêter. Ma main tient celle du beau noiraud dans le silence, puis je me tourne vers lui en souriant.

-On peut rentrer, si tu veux? Proposai-je.

Le garçon semble d'abord surpris d'entendre ma voix, puis acquiesce avant de me suivre hors de ce pont, toujours en me tenant la main... Il est mon petit ami. C'est si étrange et à la fois si agréable de me dire que je suis à nouveau en couple, avec quelqu'un qui me plait.

Nous entamons le trajet silencieusement, uniquement éclairés par les lampadaires qui viennent juste de s'allumer. Combien de temps avons-nous passé dehors? J'ai l'impression de ne pas avoir vu les minutes passer tant nous étions bien. La faim commence à m'envahir et je pense que je vais nous faire à manger en arrivant. Ou nous commander une pizza? Je me sens un peu trop lâche pour cuisiner moi-même. D'ailleurs, je n'ai jamais été réellement doué, si ce n'est pour faire des grilled-cheese.

-Tu aimes manger quelle sorte de pizza? Demandai-je à Livai.

-Hum... j'aime bien la chèvre miel. Pourquoi?

Il me regarde de ses petits yeux orageux, surement curieux par ma demande.

-J'ai pensé nous commander une pizza si tu en as envie?

Livai acquiesce de la tête, puis nous pénétrons dans le bloc-appartements, toujours main dans la main. Nous montons les escaliers avant d'arriver devant la porte qui nous appartient. N'est-ce pas étrange que je vive avec mon nouveau copain?

Je sors ma clé, puis déverrouille la porte avant de tourner la poignée. Je n'ai pas du tout envie de revoir cet imbécile de Eren qui a volé un baiser à mon Livai. Cette image est répugnante, mais j'arrive à la chasser rapidement en rentrant dans l'appartement.

Je lâche finalement la main de mon compagnon pour retirer les chaussures, fronçant les sourcils en voyant une paire qui m'ait inconnue. Il y a de la visite à la maison? Peut-être est-ce simplement Marco qui a changé de souliers. Je me redresse et remarque aussi un petit manteau étranger avant qu'une voix parvienne à mes oreilles :

-Tu as entendu du bruit? Tu m'as bien dit qu'on est seuls?

-Je t'assure qu'ils sont partis, mon beau. Tu peux te détendre.

Je suis presque certain de connaitre cette personne qui discute avec Eren. Ne serait-ce pas...? Livai aussi l'entend et me jette un regard curieux avant que nous nous dirigions vers le salon, là d'où proviennent les voix. Je dois tourner la tête quand je tombe face à une scène particulièrement hideuse.

Le petit fleuriste chez qui je suis allé ce matin est à califourchon sur notre colocataire, presque nu, à lui rouler une pelle. Savent-ils que c'est moi qui ai amené ce canapé qu'ils salissent sans gêne? Il m'appartient.

-Vous savez qu'une chambre, ça existe? Grogne Livai près de moi.

La réaction est instantanée. Eren met un terme au baiser en rigolant alors que les joues de Floch tournent au rouge et qu'il tombe sur le sol, agrippant au passage le pot de fleurs en plastique pour se cacher. Pauvre décoration utilisée d'une façon dégoutante... je soupire, découragé d'avoir un colocataire si dévergondé qui ne semble pas le moins du monde gêné. La bonne nouvelle c'est qu'ils sont ensemble, j'imagine?

Mon coloc ~Eruri~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant