Mon coloc ~Eruri~

(10) Ta main dans la mienne

PDV Erwin

Je passais une soirée plutôt agréable jusqu'à ce jeu ridicule. Pourquoi est-ce censé être si amusant de révéler ses secrets les plus intimes? Chaque fois que j'apportais cette canette à mes lèvres, j'avais l'impression de dévoiler une part de moi à des étrangers. Ce que je fais dans la chambre à coucher, ce n'est pas les affaires de personnes, uniquement les miennes. Je hais les questions que les gens posaient ensuite, les anecdotes que des idiots racontaient sur des parties de jambes en l'air. En quoi ça peut m'intéresser de savoir ce qu'un inconnu a fait avec une fille raconter dans un bar?

Heureusement, Livai est là pour me tenir compagnie dans cette bande de fous. Je ne saurais dire pourquoi, mais sa présence m'aide à tout supporter. Je suis bien avec lui, beaucoup plus que ce que j'aurais pensé au début. Il a cette façon d'être qui n'est pas envahissante et nos personnalités s'associent à la perfection. Même si en temps normal je préfère la solitude, être seul avec lui ne me gêne aucunement. Il n'est pas comme les autres.

Quand cette question est arrivée et que j'ai vu Mike boire, j'ai cru recevoir un coup de pelle. J'avais fait un effort monumental pour le supporter durant la soirée, et ce, même si la chose qui lui sert de petit ami ne cessait pas de lui tripoter le cul pour me narguer. Il n'a donc aucune pudeur? En plus de mettre sa langue de serpent dans sa bouche pour me dégouter, ce connard de Gelgar n'arrête pas de me lancer des sourires pour se moquer de moi! Si Mike a si peu de gout, qu'il le garde.

Les regards désolés que les autres m'ont lancés en sachant que mon ex pensait parfois à quelqu'un d'autre quand je lui faisais l'amour m'ont insulté. Je déteste la pitié et pourtant, c'est tout ce qu'ils m'ont donné depuis mon arrivée à cette fête! J'allais perdre patience, donc je me suis levé pour aller prendre l'air. Quand je vois ce que j'ai perdu, je n'ai plus mal... j'éprouve seulement de la colère.

Assis dans les marches du balcon arrière, je regarde devant moi en respirant l'air frais. Je partirais bien, mais je dois attendre que Livai en ait assez lui aussi. Je ne peux pas le laisser seul sans moyen de transport. La cour extérieure est petite et parsemée de mauvaises herbes. Les propriétaires ne connaissent pas l'existence de la tondeuse à gazon?

Je suis là depuis quelques minutes quand je sens une présence s'assoir à mes côtés sans dire un mot. Curieux, je tourne la tête vers Livai qui fixe droit devant lui. Ses cheveux couleur de jais tombent doucement sur son visage pointu, contrastant drôlement avec son teint pâle et ses yeux nuageux. Je n'avais jamais vraiment pris le temps de le regarder, mais de cette façon, il est très beau. Ce garçon dégage un je ne sais quoi de spécial.

-Ce mec semble être un connard, déclare-t-il doucement, si tu as mal pour lui, c'est qu'il ne te mérite pas.

Je hausse un sourcil, surpris qu'il dise cela sans gêne. Un faible sourire se dessine sur mes lèvres. J'ai envie de lui parler. Livai semble être un garçon de confiance et je sais que jamais il ne me jugera. C'est quelque chose qui se sent.

-Je n'ai pas mal en ce moment, avouai-je, je suis uniquement en colère...

-À cause de ce type moche qui passe son temps à le coller? Je ne veux pas sembler indiscret, mais est-ce que c'est avec lui qu'il t'a trompé?

Je suis d'abord surpris qu'il soit au courant, mais je me rappelle qu'il a surpris ma séparation. Quand je pense qu'il m'a vue dans un tel état de faiblesse, j'ai honte. Je mords ma lèvre inférieure avant de hocher la tête d'un signe affirmatif.

-Lui et moi sommes sortis ensemble trois ans, avouai-je, il a été là dans toutes les épreuves que j'ai vécues et on avait des projets pour le futur. C'était mon premier grand amour et pourtant, il m'a trompé avec ce mec, Gelgar. Selon lui, c'est de ma faute... je n'ai pas toujours été très gentil.