bonjour ça fait longtemps !
c'est une annexe, elle ne reflète pas forcément la suite de l'histoire, plutôt des événements qui se passerait dans une autre réalité.
il n'est pas indispensable d'avoir lu ce qu'il s'est passé avant.
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Finalement, eux aussi ont fini par l'abandonner. Les deux leaders, éternels partenaires de vie, sont partis monter leur business ensemble ; les deux frères ont couru vers un havre de paix où ils pourraient être eux, sans jugement. Et les deux artistes ont rejoint les étoiles, pas celles du ciel, plutôt celles des humains, articifielles et colorées.
Ne restait alors plus que Jimin, toujours sur les trottoirs, à vendre la meilleure partie de lui : ses adorables fesses, pleines et fermes, rondes. Le bitume a toujours une haleine tiédi par les pots d'échappements, ses grains persistent à s'enfoncer dans la semelle de ses chaussures. Les yeux des voitures révèlent toujours sa silhouette au dernier moment, une lumière blafarde, qui l'expose, blanc et cadavérique, hormis cette touche flamboyante d'un roux industriel, les paupières écarquillées de celui qui se fait encore surprendre, même après tout ce temps à traîner son corps sur le bas côté. De celui qui n'a toujours pas compris, qui ne s'adapte pas. De celui qui souffre toujours.
C'était même plus fort. A chaque fois qu'il fixait le dessous du pont, alors qu'un homme s'activait frénétiquement entre ses cuisses, à chaque fois qu'il fixait les structures métalliques, il pensait à eux. A leurs chaleurs, à leurs rires, aux soirées passées dans l'entrepôt abandonné, empilés les uns sur autres. Il n'avait plus froid, il n'avait plus peur ; tant que leurs flancs étaient pressés contre lui, il n'avait nulle part autre où aller. C'était ici qu'il devait être, avec eux. Dans leurs odeurs, dans les mains parfois fébriles qui venaient le presser pour savoir s'il était encore là. Bien sûr que Jimin sera encore là. Toujours. Sur les vieux matelas défoncés. A les attendre. Qu'ils reviennent.
Après la nuit, Jimin y retourne pour attendre l'aube. Ce n'est pas confortable, c'est gelé, le vent s'engouffre par tous les trous de l'entrepôt et le métal hostile grince méchamment. Mais peut-être que l'aurore glacée lui remmènera l'un d'eux. Alors il attend, avec un gobelet de café tiédasse et un sandwich humide et mou. Il mastique en regardant les berges du fleuves. Plissant les yeux à cause des courants d'air piquants. Il se rappelle de la silhouette de Taehyung, grande, élancée, et rêveuse, déambulant le long du fleuve pour trouver sa voix.
Jimin sourit, ses lèvres se craquellent ; une goutte salée glisse dans le coin rougie de sa bouche. Tae lui manque plus que tout, plus que les autres. Il est jaloux de son frère au cheveux noir. Il siège à la place que Jimin ne pourra plus jamais prétendre ; et il y siège mieux que lui.
L'aurore arrive. Dernière expression de la nature, aujourd'hui consommée par le béton des villes sans fin, qui s'étirent aux coins du monde. L'aurore arrive, hérissée de ses piquants lumineux, qui filent et frappent d'éclats le métal rongés par la rouille, et l'iris nimbée de larmes de Jimin, minuscule silhouette dans un manteau trop grand. L'aurore touche ses joues rougies, quelques cheveux égarés ; Jimin souhaiterait pouvoir sentir l'odeur de ses rayons si fins. Il fixe la reine et déesse qui émerge contre les ombres de la nuit, qui filent se cacher pour attendre ; l'aurore se redresse, rose et jaune, lumineuse, si brillante, et si lointaine ; elle ne lui procure aucune chaleur, mais glisse dans son cœur pour nourrir comme chaque jour le résidu d'espoir qui grésille dans son corps fatigué.
Alors l'aurore se fond dans le ciel et disparaît.
Jimin se lève et va fermer les portes de l'entrepôt, pour se cacher du jour gris, et laissant les ombres y reposer. Il file rentrer chez lui, dans une pièce défoncée et minuscule, la porte ne ferme même plus toute seule. Il retrouve ses draps rêches, s'y vautre, se blotti contre lui-même, ouvre un œil pour vérifier que le meuble bloque toujours la porte.
Il peut glisser la tête sous les draps, et s'étouffer dans son oreiller. Les visages de ceux qu'il a toujours aimé apparaissent derrière ses paupières, mais il les distingue mal. Alors lentement, il se met à réciter leurs prénoms.
Taehyung. Jungkook. Seokjin. Namjoon. Yoongi. Hoseok. Taehyung. Jungkook. Soekjin. Namjoon. Yoongi. Hoseok. Taehyung.
La litanie le berce et le transporte. Les larmes sont devenues douces en s'échappant de ses paupières. Les sanglots roulent sans effort et se déversent sur lui, l'éclaboussant d'une infiniment douce nostalgie, baignée de leurs amours, de leurs chaleurs ; Jimin lâche prise, laisse aller son aigreur, sa rage, sa peur, tout glisse ; les souvenirs le happent dans une étreinte qu'il ne le quittera pas. Les yeux fermés, il a un sourire, fragile, dernier, sincère, pour ces fantômes du passé, pour ces visages éblouissant qui lui sourissent et l'accueillent déjà dans leur maison, sa maison.
Son corps refroidit, et finit par se raidir. Enveloppé dans des tissus rêches et déchirés, il est comme momifié dans la crasse contaminée du monde. Son enveloppe charnelle se fige en une masse décomposée, un bras qui dépasse s'étendra comme une racine asséchée, courbée, pointant vers le jour gris affiché par la fenêtre salie par les pluies sableuses. Ses cheveux s'effileront comme de l'herbe, et son crâne deviendra l'habitat d'ombre et d'êtres qui
résistent.
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cela fait longtemps mais j'aimerais reprendre cette histoire ♥
n'hésitez pas à venir me parler
*attention whore*
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Projet Etoile
Fanfiction" Nous avions vu qu'elles étaient là, juste là, au dessus de nos têtes. Les étoiles. Scintillantes et majestueuses, elles nous regardaient de haut. Lui les trouvait compatissantes. Moi effrayantes. Pourtant on s'est lancé à leur poursuite. On les a...