La Moue des Morts

Chapitre 16

J'ouvre mon ancien appartement en mettant la clé et en donnant un coup d'épaule dans la porte, mes accompagnants rigolent et rentrent dans l'appartement pendant que je me baisse vers Benjamin et lui annonce en prenant un air très sérieux sur le visage :

- Opération « Vacances » tu t'en souviens ?

Il hoche la tête une mine concentrée sur le visage et se met à courir vers sa chambre.

Avec Benjamin comme on bouge beaucoup, j'ai inventé des « opérations » pour qu'il sache quoi faire si un jour on doit quitter précipitamment l'appartement. L'opération « Vacances » c'est tout simplement qu'il doit prendre toutes ses affaires les mettent dans les sacs sous son lit.

Je referme la porte et rigole en passant dans le couloir pour aller dans le salon et que je vois Benji' concentré en sortant les sacs et en les alignant sur son petit lit. Je rejoins mes nouveaux colocataires et le couple dans le salon plutôt épuré, puisque je n'ai presque rien de décoratif si ce n'est un cadre avec ma mère et Sam. Tous le reste n'est qu'utilitaire et je peux voir dans les prunelles de mes nouvelles connaissances que ce mode de vie les attriste.

Je leur indique de s'asseoir sur le canapé et pars dans la cuisine leur chercher des sodas et des choses à manger pour les garçons qui doivent mourir de faim. Je leur pose ça sur la table basse et leur indique que je vais préparer mes affaires en emportant le cadre et les quelques livres qui sont sur la table avant de partir vers la pièce où je dors.

Je ne pourrai pas la qualifier de chambre car elle n'est pas à mon goût et une chambre est une pièce où l'on se sent profondément bien. Comme seul meuble il y a mon matelas par terre et une armoire encastré dans le mur. J'attrape mon sac de sport et y fourre les quelques vêtements que je possède. Je cale mon cadre entre mes sweats pour ne pas qu'il se casse quand j'entends toquer contre le bâtis de ma porte.

Je me retourne rapidement et remarque Yasmine qui m'observe une moue compatissante sur le visage. Je ris jaune avant de la questionner :

- Pourquoi tu me regardes comme ça ?

Elle baisse la tête mais s'avance tout de même en s'asseyant sur mon matelas près de mes affaires pendant que j'y fourre mon vieux laptop.

- C'est triste...

Elle ne développe pas plus et je relève la tête pour l'encourager à l'aide d'un signe de tête en allant dans la salle de bain prendre nos cosmétiques, la maghrébine me suit et reprend :

- T'as l'air d'être comme le frère d'Idriss, renfermé sur toi-même en ne laissant seulement un cercle restreint t'entourer, t'as du avoir une vie compliqué avant aujourd'hui et peut-être encore maintenant. Mais je trouve sa triste car t'as l'air d'être une bonne personne vu le regard que tu porte sur ton petit frère et ce que les garçons ont pu me raconter...

Je me stoppe dans mes mouvements et me retourne vers elle qui bloque la porte et lui dit :

- J'ai une vie compliquée ça oui, et je comprends que tu t'inquiète de l'avenir de ta bande, elle commence à dénigrer mais je la coupe, non ne ment pas on le sait toutes les deux, tu cherches à les protéger. Et je ne veux pas impliquer les garçons dans cette histoire, ils ont l'air géniaux et je ne veux pas foutre la merde avec mes démons, c'est provisoire après je retournerai faire ma petite vie ailleurs...