Chapitre 22

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Quand je reviens dans la pièce les conversations vont déjà de bon train, je ne les dérange pas et attrape à la volée, un verre de soda et ouvre la porte vitrée ; menant au balcon.

L'air frais de cette soirée de juillet, frappant mon visage m'éclaircis les idées et je décide de rester plus longtemps. Je m'assois à même le sol et passe mes jambes entres les barreaux du garde-fou et les laissent pendre dans le vide.

Je ne sais pas combien de temps je reste dans cette position à observer les voitures circuler sous mes pieds, mais cette sensation de bulle éclate quand quelqu'un fait coulisser la porte-vitrée me laissant entendre une légère musique qui provient du salon. Les conversations et la mélodie sont vite stoppées quand la dite personne referme la porte. J'entends que l'intrus utilise un briquet et allume un bâtonnet de nicotine. Il tire une chaise et s'y laisse lourdement tomber. Il m'interpelle :

-    Perd pas tes pompes...

Je me retourne intriguée et lui questionne :

-    Comment je peux perdre mes chaussures ?

Il hausse les épaules et rétorque :

-    Demande à Mo' ...

Mo' que je crois comprendre être Mohammed, m'a l'air d'être le comique de la bande, alors je souris mais revient à ma position initiale tout en buvant mon verre de soda. Le balcon est désormais silencieux et le calme nous entourant est agréable, je le questionne alors :

-    Je pense que t'es pas là que pour t'en griller une, je me trompe ?

Il ne répond rien mais se redresse sur son siège avant de me déclarer :

-    J'suis pas une personne qui accepte facilement les gens dans le crew, t'étais dans la demer' et on a vite trouvé une solution ensemble. Mais normalement les filles comme toi on apprend à les connaître, parce que on s'est promis de ne jamais laisser quelqu'un nous retourner contre nous. Alors, j'accepte que tu sois là mais pour ma part, je vais attendre de te connaître et d'avoir réussi à te cerner avant de complètement t'intégrer...

Je hoche la tête et viens me retourner pour être face à lui, le dos collé contre la rambarde. Je

lui demande simplement :

-    Les filles comme moi ?

-    Pas que les filles mais les gens qui ont beaucoup de problèmes et toi t'as l'air de battre des records dans ce domaine...

Je ricane et murmure que ce n'est pas faux, je finis tout de même par lui révéler :

-    J'ai beaucoup de problèmes dans ma vie mais je ne veux pas vous impliquer là dedans, c'est ma merde, pas la vôtre.

Il ne prononce plus un mot avant que je lui demande l'heure qu'il est. Il m'indique une heure tardive dans la nuit et je décide d'aller me coucher. Je fais un salut général au groupe toujours attroupé dans le salon et prends un t-shirt une fois arrivée dans ma nouvelle chambre, me change et me glisse dans les draps en programmant un réveil plus que matinal avant de m'endormir pour de bon.

La Moue des MortsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant