8

61 2 2
                                    

J'étais devenu encore plus con. Elle ne me manquait pas, non, jamais. C'était juste un vide passager, ce n'était pas important. Je continuais alors ma vie de frustré, perdant des amis, me mettant à dos des inconnus. YeongSin voulait me faire la morale deux fois par jour, il ne comprenait pas que tout allait bien, c'était la vie. Oui, la vie qui s'acharnait sur mon sort. C'était tout. Je n'avais besoin ni de grands discours, ni de voir un psy, ni de KiSuk, ni de personne, ni de rien. Je n'étais pas mal en point, et c'est exactement pour ça que je pouvais faire ce que je voulais, quand je voulais. Et là, ce que je voulais, c'était me retourner le crâne avec mon meilleur ami.
- T'en as pas marre? Lança-t-il alors que je me présentais à sa porte avec des bouteilles d'alcool.
- Jamais, tu sais bien.
J'entrais chez lui comme chez moi, m'installais sur le canapé et lui tendis une bière pour commencer, qu'il prit à contrecoeur. On passait alors notre soirée à boire, il avait finit par rire au bout de quelques verres et c'est là que je retrouvais mon vieil ami. On riait de tout et de n'importe quoi, on mangeait, on critiquait les émissions à la télévision, on fumait, mais j'avais des impressions bizarres. Comme si il manquait quelque chose ou quelqu'un, comme une sensation de vide. Je passais par dessus en me disant que ça passerait au prochain verre. Mon ami se mit à parler de ses conquêtes ratées, se lamentant et geignant à haute voix. Elles étaient toutes au final trop matérialistes ou trop je-m'en-foutiste, trop intelligentes ou pas assez, trop fidèles ou pas assez. Il me cassait les oreilles pendant un moment à parler de ses dernières filles, de chaque ruptures, de leurs causes, de leurs hypothétiques solutions.
- J'en ai vraiment marre d'être seul. Et puis toi t'es vraiment con aussi, lança-t-il désespérément par-dessus le son de la tv.
- Ah oui?
- Oui. T'avais la fille parfaite et tu l'as cassée. Sérieux elle te consolait et vous vous amusiez et toi t'as tout niqué. Littéralement, dit-il entre le reproche et le rire.
- Mets pas ça sur le tapis c'est une mauvaise idée, me renfrognais-je froidement.
- Si! On va mettre ça sur le tapis. Parce que t'es vraiment con. C'est quoi, encore ton histoire de besoin? T'as perdu quelqu'un donc tu ne veux plus avoir personne par peur de les perdre? Laisses-moi rire.
- La ferme.
- Non pas cette fois! T'as besoin de manger et de boire, et tu ne fais pas la grève de la faim sous prétexte qu'un jour tu pourrais te retrouver dans le désert! Ses cris m'ont vite calmé. Il ma tenait par le col. J'étais si insupportable que ça? C'est comme ça qu'on me voyait de l'extérieur, comme un con qui fuit le monde parce qu'il a trop peur? Je n'avais pas peur. Et ses remarques étaient complètement idiotes en plus de ça. Il se détendait et me lâchait, me regardant dans les yeux et finissant par me lancer doucement d'un ton presque triste: il y a des oasis dans le désert MinSik.
Je laissais sa phrase en suspend, elles étaient totalement con ses remarques philosophiques.
Je riais alors. Oui, totalement con.

need ; kwon minsikOù les histoires vivent. Découvrez maintenant