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Après ça je n'ai pas arrêté de me poser des questions. Elle m'avait répété les mots que YeongSin avait, d'un seul coup. Elle les avait crié et pour une raison obscure, parce que c'était elle, parce qu'elle avait tout lâché en bloc, parce qu'elle avait dit me détester, j'avais écouté. Elle m'avait fait sortir de mon corps pour observer ce que j'avais fait les mois précédents et j'avais eu honte. D'autres choses s'opposaient à moi: me détestait-elle vraiment? Je retournais la question dans tous les sens, me remémorant la scène en essayant d'y trouver quelque chose de contradictoire mais je ne décelais rien. Qu'est-ce que je pouvais bien faire maintenant à part regretter? Toutes mes pensées étaient tournées vers ce soir là, puis au fur et à mesure mon esprit s'orientait vers tous ces soirs où j'étais avec elle. J'étais vraiment con. J'y réfléchissais encore et encore jusqu'à ce que je me dise que si j'y pensais c'est que j'avais besoin de la voir.
Le trajet fut court jusqu'à chez elle, mes pas m'avaient portés sans réfléchir comme si prendre ce chemin était une logique implacable pour mon corps entier. Le bruit de ferraille ne me dérangea pas cette fois-ci, et je toquais alors à la porte en priant pour une réponse.
Quand la porte s'ouvrit je tombais sur une KiSuk au visage toujours aussi parfait qui se décomposa malheureusement à ma vue.
- Qu'est-ce que tu fais là, t'es encore bourré? Lança-t-elle froidement.
- Je suis sobre, répondis-je simplement.
- Pas moi, dit-elle dans un rire amer.
On se jaugea du regard et je finis par entrer. Elle ne protesta pas, me laissant alors m'installer sur le canapé. Elle me rejoignit bien vite, s'affalant de l'autre côté: le plus loin de moi possible. J'eus un sourire amusé face à sa moue boudeuse. Elle continua de vivre comme si je n'étais pas là, fumant son joint et buvant son whisky-cherry en fixant la télévision. Elle explosait de rire parfois devant les images qui défilaient, jusqu'à ce qu'elle s'endorme finalement contre l'accoudoir. Je souris encore à la vue de son visage endormi; elle avait l'air paisible comme ça. Je me décidais à la prendre dans mes bras pour la porter dans sa chambre en espérant comme un idiot qu'elle me pardonnerait grâce à des choses aussi simples.
Son sommeil fut long si j'en crois les deux heures de film que je pus regarder avant d'entendre une porte s'ouvrir et des petits pas se faufiler jusque dans la cuisine où je pu l'observer par-dessus l'ilot. Je m'approchais quand son regard se leva vers moi, se plantant dans le mien. Elle était là, devant le frigo, à m'observer tandis que je la jaugeais du regard pour savoir si elle me haïssait vraiment. Je ne pus m'empêcher de sourire grandement quand elle baissa la tête, se retournant pour attraper deux briques de lait à la fraise dans le frigo et m'en tendre une.

On se retrouvait finalement tous les deux dans le canapé comme avant.

need ; kwon minsikOù les histoires vivent. Découvrez maintenant