L'Autre

2004 - Astoria/Ronald (2)

Astoria ouvrit ses yeux avec difficulté et son regard rencontra celui, inquiet, de son aînée. Elle vit une larme couler sur la joue de Daphné et fronça les sourcils d'incompréhension. Sa sœur lui serrait la main avec force, lui faisant presque mal.

La jeune femme essaya de parler mais réalisa rapidement qu'elle avait la gorge totalement sèche. Elle tenta de s'humidifier les lèvres de la pointe de sa langue, en vain.

- Eau..., croassa-t-elle d'une voix qu'elle ne reconnut pas.

Daphné lui tendit immédiatement un verre et Astoria en but plusieurs gorgées, apaisant quelque peu sa soif.

Elle était totalement perdue. Que faisait-elle alitée dans cette chambre qu'elle ne connaissait pas ? Pourquoi sa sœur affichait-elle un air si inquiet ? Aux dernières nouvelles, elle se trouvait dans son atelier, à la Roseraie, en train de préparer une potion revitalisante pour ses plantes...

Une femme portant la tenue caractéristique des guérisseurs de Ste-Mangouste se pencha sur elle et l'aida à se redresser pour lui faire boire une potion orangée. Astoria se sentit immédiatement mieux, toute sensation de soif ayant disparue.

La jeune femme pointa ensuite sa baguette sur elle, en silence, puis nota quelque chose dans un calepin avant de quitter la pièce.

Astoria ne comprenait rien à ce qu'il se passait et Daphné avait les lèvres tellement serrées qu'elle avait l'impression qu'aucun son n'en sortirait plus jamais.

- Je suis à Ste-Mangouste ? demanda-t-elle finalement, déterminée à obtenir quelques explications. Que s'est-il passé ?

Daphné inspira profondément à plusieurs reprises, comme pour reprendre le contrôle de ses émotions, avant de lui répondre.

- Millicent et moi étions dans notre bureau lorsque nous avons entendu un gros bruit en provenance de ton atelier. On a tout de suite accouru pour voir ce qu'il se passait et tu étais allongée sur le sol, ton chaudron renversé...

Astoria essayait de se remémorer ce moment-là, en vain. Aurait-elle fait une erreur en préparant sa potion et provoqué, accidentellement une explosion ? Impossible, elle connaissait si bien les instructions qu'elle aurait pu la préparer les yeux bandés...

- Je t'ai évidemment aussitôt emmenée à l'hôpital, poursuivit sa sœur, et le service des urgences t'a immédiatement prise en charge. Ils n'étaient pas très inquiets, mais tu es restée inconsciente un moment... J'ai eu tellement peur !

- Désolée de t'avoir causé du souci, s'excusa Astoria en portant son pouce à sa bouche pour en ronger l'ongle.

- Ne dis pas de bêtises, idiote ! la sermonna son aînée.

Astoria lui sourit tendrement et l'attira à elle pour l'enlacer.

- Je te promets de faire plus attention la prochaine fois !

- Tu as plutôt intérêt...

- Tu sais combien de temps je vais devoir rester ici ? s'enquit la blessée.

- Je crois que le médicomage doit encore passer pour donner son accord. Tu devrais te reposer en attendant...

- Très bien, répondit Astoria avant de se laisser retomber sur son lit, lasse.

.

Le guérisseur-en-chef des urgences arriva deux heures plus tard, tirant Astoria de sa somnolence.

- Bonjour madame Greengrass, la salua-t-il en s'approchant de son lit. Comment vous sentez-vous ? Votre sœur nous a informés qu'elle vous avait trouvée près de votre chaudron, savez-vous si vous avez inhalé des vapeurs de votre préparation ? Avez-vous des nausées ?