Chassés-Croisés

Chapitre 4 - Lancelot

(Point de vue de Lancelot écrit par @SamAshling)

4 : Montre-moi qui tu es, et j'arrêterai de te parler de cul.

Une tenue pour la nuit ?

Parfois, les humains évoluent de façon étrange. Viking, nous n'avions que peu de possessions et notre repos se retrouvait accompagné de nos armes, habillés, prêts à riposter contre la menace ennemie. Une fois aux mains de ceux-ci, réduit en esclavage, j'avais vécu plus souvent à poil et pressé contre des corps, qu'habillé.

Que voulait-il que je foute d'une « tenue de nuit » ? Vouer un culte à Nótt ? Cela faisait des millénaire que je n'avais pas prié la déesse de la nuit. Un incube ne s'embarrasse pas de ces conneries-là. Sauf si c'est pour se sauter une belle nana en rêve.

Je suivis Iolar jusque dans sa chambre. Un espace confiné de neuf mètre carré avec lit, armoire, bureau et bibliothèque intégrée, table de chevet. La taille était des plus respectable pour un appartement parisien, mais le bordel monstrueux qui y régnait faussait tant la perception des lieux qu'on aurai cru se retrouver dans une chambre de bonne. Livres et fringues se mélangeaient à tel point que j'avais du mal à discerner le lit. Des posters de musiciens maquillés à outrance et aux cheveux longs tapissaient les murs. Quand ce n'était pas de grands « X ». Enjambant une pile de pulls, j'approchais de l'une des affiches, curieux de l'apparence du type sur la photo. Engoncé dans une minuscule combinaison en latex, le visage blanc peint de motifs noir et les cheveux hérissés, le musicien brandissait une guitare électrique tout en tirant la langue sous les feux des projecteurs.

Les dieux modernes manquent sacrément de classe…

Iolar ne paru pas le moins du monde gêné par tout ce fatras. Evoluant avec grâce jusqu'au meuble qui lui servait d'armoire, il jeta son sac sur le lit puis se retourna pour examiner successivement les portes ouvertes et les amas de tissus éparpillés sur le sol. Sans se départir de son flegme, il détaillait les vêtements un instant avant de les jeter en boule dans l'armoire. Il cherchait sans doute la tenue de culte. Aberrant comme il se prenait la tête pour un truc dont je n'avais absolument rien à foutre.

Traversant la pièce d'un pas souple, je m'emparais du sac qu'il venait d'abandonner, et le retournais à l'envers pour débarrasser son contenu sur le lit. Tout un tas de livres et de stylos s'écrasèrent sur le bordel étalé sur la couette. L'un d'eux attira mon attention. D'une couverture en cuir noir-bleuté, il s'en dégageait une énergie forte, des vibrations si intenses que je ne pu m'empêcher de le prendre en mains.

Iolar se releva d'un bond, et s'avança dans l'intention évidente de récupérer son bien.

S'il réagissait de la sorte, c'est que ce livre devait être sacrément intéressant. Après l'apparition de la boule de lumière appétissante et l'énergie alléchante de ce gamin, je devais être tombé dans une véritable corne d'abondance. C'est fou comme ce petit blond me plaisais de plus en plus.

Je levais le bras au dernier moment pour l'empêcher de s'en emparer, et le minet passa subitement d'un rouge écrevisse au blanc livide. Il réfléchissait. Encore.

– Est-ce que ça vaux le coup que je négocie pour le récupérer ? Finit-il par demander, hésitant.

Je jubilais intérieurement, avant de peser le pour et le contre. Mon sourire ravi ne le perturbais pas. Il demeurait figé, attendant sa réponse de façon très patiente. Me vins l'idée qu'il analysait intérieurement la situation et mes réactions.

– Laisse-moi y réfléchir. Je ne négocie jamais avant de connaître les enjeux mon chou.

Son père m'ayant donné la permission de faire comme si ces lieux m'appartenaient – Ce que de toutes façon, j'avais bien l'intention de faire en venant ici – je décidais de prendre place sur le fauteuil en face du bureau, m'avachissant avec classe et croisant les jambes de façon à le narguer. J'ouvrais le bouquin sans jamais quitter Iolar des yeux. Ce dernier pris ma joute visuelle pour ce qu'elle était : Une provocation en bonne et dû forme.