Chapitre 8 - PDV Lance

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(Point de vue de Lancelot écrit par @SamAshling)

8 : Parfois, il faut savoir faire des sacrifices… *Soupirs*

Iolar ne cessait de me poser telle ou telle question sur les passages de son fameux carnet. Interrompant ma traduction en cours sur l'interminable description d'une figure de proue – Qui me faisait au passage longuement chier – je refermais le cahier d'un geste sec.

– Puis-je te poser une question ?

Le petit minet releva sur moi des yeux larmoyants :

– T'as pas fini de relire le sonnet…

– Pourquoi tiens-tu autant à un bouquin auquel tu ne comprends rien ?

Ses joues rosirent franchement.

– Non je comprend la moitié quand même.

– Explique-moi la raison pour laquelle tu t'obstinais à m'en interdire la lecture alors que tu me supplies à présent de le traduire ?

Son visage vira au cramoisi.

– J'avais oublié qu'il y avait du breton dedans.

J'arquais un sourcil.

– Mais si ça te fais chier de traduire, je peux me débrouiller autrement.

– Evidemment…

Lâchant un soupir dubitatif, je rouvrais le livre pour y chercher une esquisse de jeune femme, et caressais le papier du bout des doigts.

Vif comme l'éclair, Iolar s'empara du carnet pour le serrer contre son cœur.

– Voilà, c'est pour ça que je voulais pas que tu le prennes.

– Nous y voilà enfin !

Mon large sourire ne parut pas lui plaire.

– Où ça ?

– Qui est cette femme ? J'espère pour toi qu'elle ne parlait pas le breton.

Ma question lui déclencha une réflexion intense.

– Ben j'en sais rien si elle parle breton en fait…

Son air ahuri m'arracha un éclat de rire sonore. Expression qui se mua automatiquement en méfiance alors que je commençais à comprendre un peux mieux le lien le rattachant lui et son mystérieux amas de papier.

C'était le contenant qui importait : cette femme devait être sa flamme jumelle ou quelque chose s'en approchant.

Putain de destin… Putains de guides constamment là à nous remettre face à nous-mêmes !

Je n'avais pas demandé à être sorti des enfers. Que ce soit par ma propre flamme jumelle ou n'importe qui d'autre. Pourchasser des larves involutives, me confronter sans cesse aux entités négatives, démons et autres gardiens infernaux me convenait parfaitement. Je me complaisais dans ce schéma auto-destructeur. Après avoir passé tant de temps à supporter souffrance, asservissement, humiliations et autres sévices sexuels, mon mode de fonctionnement se résumait à faire subir au centuple ce que j'avais enduré en tant qu'humain. C'était ainsi que j'avais vécu, c'était donc ainsi que je concevais la vie – ou non-vie. Il fut donc tout naturel pour moi de devenir un incube. Non seulement je n'avais aucuns remords à pourchasser les rêves de ces hommes et femmes impurs, mais en plus ils me nourrissaient grâce à leur désespoir, leurs débauches innommables. Et rien ne devenait plus satisfaisant que de savoir ces songes gangrener leurs états d'éveils.

Chassés-CroisésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant