14 : Les distributeurs automatiques sont une chose merveilleuse...
Pas cette nympho givrée !
Le père de Iolar regarda son fils déguerpir comme si le diable était à ses trousses – Non je ne me jette pas de fleurs – Et prit quelques instants afin de se recomposer un masque facial adéquat.
– Vous prendrez un café ?
J'essayais tant bien que mal de retenir le jogging déchiré en haut de mes hanches, et mon sourire carnassier ne lui provoqua qu'un infime pas en arrière. Instinctif, réprimé au possible. Alors ou j'étais passablement épuisé énergétiquement parlant – Quel scoop ! – ou cet humain ne ressentait en rien mon aura démoniaque. L'un dans l'autre, sa naïveté m'amusais.
– Vous avez du cran, monsieur…
– … Joël.
Il leva un sourcil.
– Du cran ?
– Oui, c'est un fait appréciable. Je vous remercie de votre généreuse hospitalité.
Tout comme les humains bien élevés, j'esquissais une courbette pour souligner ma déférence et ainsi endormir sa vigilance, puis repris :
– Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, il me faut rattraper votre rejeton.
Et sans attendre la réponse qui suivait son regard songeur, je me précipitais vers la porte d'entrée.
Marcher pieds nu n'est pas vraiment un détail auquel j'avais pensé en sortant en trombes de l'appartement. Disons que c’est un élément mineur qui prend toute son importance dès que vous venez de courir quelques mètres sur un bitume jonché de débris divers et que celui que vous poursuivez accélère le pas pour ne pas que vous le rattrapez.
– Iolar !
Le petit minet baissa légèrement la tête et bifurqua au coin d'une rue.
Petit con !
Je soufflais, essayait de faire en sorte que le jogging de coton ne tombe pas de mes hanches en le retenant d'une main, puis jurais quand un cailloux acéré me rentra dans la plante des pieds.
– Je peux peut être vous aider ?
Nonchalamment appuyée contre un voiture bas de gamme, une cigarette à la main, bras et chevilles croisées, une femme quelconque me lorgna tel un morceau de choix dans la vitrine d'un supermarché. Sa teinture défraichie et le maquillage trop appuyé tentaient de camoufler une fatigue écrasante tout en simulant un ersatz de beauté. Toutefois, la mini jupe noire et les longues jambes fuselées rattrapaient le tout avec brio.
– Tout dépend. Cette voiture est à vous ?
Elle tira une bouffé de sa cigarette, expirant longuement sa fumée nauséabonde avant de me rejoindre en ondulant des hanches. Je lui adressais un sourire ravageur visant à lui laisser croire qu'elle me plaisait et qu'elle parviendrait sans doute à ses fins.
– Effectivement. Et tu es le cinglé le plus sexy que j'ai jamais rencontré sur paris !
Captant la lueur d'étonnement qui devait transparaitre dans mes yeux, elle s'empressa d'ajouter :
– Ne te fais pas d'idées, je ne suis pas une putain. Juste une mère de famille célibataire et en pleine crise de la quarantaine.
Ceci explique donc cela…
– Tu sort de la chambre d'une femme mariée ? Tu t'en enfui avant que son mari ne te chope n'est-ce pas ?
Et alors qu'elle me détaillait de plus près, elle tira une nouvelle fois sur sa clope avant de la jeter distraitement au loin.
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Chassés-Croisés
ParanormalIolar est un voyageur onirique à la recherche de son âme-soeur et s'emparant de manière plus ou moins légale de tous les indices qui peuvent, de près ou de loin, le conduire à elle. Lors d'un cambriolage mouvementé, il tombe sur David, un mannequin...