Chassés-Croisés

Chapitre 10 - Lance

(Point de vue de Lancelot écrit par @SamAshling)

10 : Tu veux venir jouer… ?

J'aime pas dormir.

Ce truc est une perte de temps impensable. Et ça me casse des couilles que je n'ai plus. Enfin... Presque.

Mais il me manquais tellement d'énergie qu'il était hors de question de faire l'impasse sur ce besoin primaire. Je me retournais donc sur ce foutu canapé de tissu rêche, jurais quand la couture du pantalon s'élargit, puis fermais les yeux en espérant que ce calvaire se termine vite. Une fois que les cellules physiques auraient ce qu'elles demandaient, je pourrais enfin quitter l'enveloppe charnelle sans risque qu'elle ne me claque la porte au nez à mon retour.

Parce que c'était pas tout, mais mon âme aussi avait besoin de nourriture et de repos. Un repos-repas bien mérité et très actif dans les bras d'une femme. La routine quoi.

Le blackout s'opéra très vite.

D'un coup, je me retrouvais à l'état éthéré, séparé de la prison de chair affalée sur le canapé. La sensation était libératrice. De ne plus être contraint de composer avec une seconde personnalité, de ne plus avoir de morale ni de barrières moralisatrices Une autre âme passa à proximité, sous forme d'orbe lumineux, mais ne s'attarda pas en repérant mon énergie. Elle fila droit vers la chambre du blondinet, espérant sans doute s'approcher de la lumière de Iolar.

Bas les pattes, c'est ma chasse gardée.

La petite boule se téléporta hors de l'appart, sans doute apeurée par ma menace. C'est vrai quoi, il faut craindre les démons ! On est assez cool pour bouffer un petit fantôme en moins de deux.

Je glissais jusqu'à la chambre en question, ricanais en voyant la porte fermée, puis la traversais sans plus de cérémonies. Blotti dans ses couvertures, le gamin avait une bouille d'ange, paisible et inoffensive. A milles lieux de sa furie de mère.

Je me penchais vers lui, et lui soufflais au visage. L'énergie glissa sur sa peau et le souffle froid le gêna. Il grimaça un instant, mais ne se réveilla pas. A mon avis, ce petit gars ne devait pas être habitué aux manifestations d'entités. Ni à la télépathie.

Iolar.

Pas de réactions.

Ioolaar.

Toujours rien. C'est qu'il était complètement sourd !

Pour la peine, je me penchais et touchais directement son aura de la mienne, la forçant à réagir à ma négativité. Son bras se releva instinctivement, brassant de l'air pour se retourner et mieux retomber dans les abysses du sommeil.

Oh non, tu viens avec moi.

Me concentrant sur mon objectif, je tirais sur son aura et obligeais sa lumière à réagir. Je n'eus même pas besoin de me montrer agressif qu'il se décorpora aussitôt. A la réflexion, il devait être habitué à cela. Se redressant immédiatement en position assise, il me lorgna un instant, puis me demandant d'un ton blasé :

– Qu'est ce qui y'a encore ?

Tu viens avec moi.

– Pardon ? Mais il est…

Il jeta un regard vers la table de chevet… Se souvenant sans doute du même coup que son réveil devait trainer quelque part dans le bordel de sa chambre.

Finalement, il se contenta de hausser les épaules.

Je le regardais faire, amusé. Ne comprenait-il pas ce qui venait de se produire ?