Attablé sous un parasol dans le jardin, dorénavant encore plus surveillé qu'auparavant, j'ignorais les tentatives de conversation de Clyde, et restais plongé dans la lecture d'un roman d'Oscar Wilde.
Depuis mon retour forcé, il avait essayé à plusieurs reprises de me parler, il m'a demandé si je voulais aller me promener comme avant, il m'a acheté des cadeaux plus coûteux les uns que les autres, il était perpétuellement sur le dos d'Agostino pour qu'il s'assure que je ne manque jamais de rien niveau nourriture, il avait fait remeubler tout le manoir uniquement pour mon confort, il m'avait acheté des animaux, des vêtements, et des montres de luxe. Il avait tout essayé, et malgré ça, je me contentais soit de l'ignorer, ou soit de lui lancer des regards noirs.
- Tu sais mon amour, si quelqu'un d'autre que toi osait me traiter comme ça, je l'exécuterai sur le champs.
Cette réflexion me fît pour la première fois lever mes yeux de mon livre, au plus grand plaisir de mon « chéri », qui affichait à présent un visage radieux et lumineux, pensant certainement que ses paroles de sociopathe m'avaient enfin touchées en plein cœur. Il déchanta bien vite quand je lui répondit d'un ton amer, que le fait qu'il s'amuse clairement à m'avouer qu'il assassinait des gens de sang froid, juste parce qu'ils osaient aller à l'encontre de son esprit tordu, prouvait de nouveau à quel point il était dérangé, et que je regrettais encore plus qu'il n'ait pas pris une balle en pleine tête. Avant de simplement reprendre ma lecture.
Clyde a commencé à s'énerver, et a fait voler la table, et 3 chaises de l'autre côté du jardin. Je n'ai pas bougé d'un millimètre, je n'ai plus peur de lui, plus maintenant, il peut piquer ses crises de gamin attardé si il veut, je m'en contrebalance. Oh merde, j'ai perdu ma page.
L'heure du dîner est arrivée, encore une fois Agostino avait mis les petits plats dans les grands pour me satisfaire culinairement parlant, et surtout pour ne pas finir les deux pieds cimentés au fond du canal. Au menu ; asperges de Provence fumées, herbes de montagne, œuf mollet, noisettes et morilles, pâtes au gorgonzola, jambon Speck grillé, et amendes torréfiées. Et en dessert, mousse au chocolat blanc, fruits rouges et muesli. Tout un programme. Quand je me suis penché vers Carlos pour lui demander, où un pizzaïolo avait pu apprendre à faire tout ça, sous le regard meurtrier de Clyde, celui-ci m'a répondu qu'à la base, Agostino est un grand chef de renommé, que la pizzeria est juste une couverture.
- Oh, ça n'a pas dû lui faire plaisir qu'on lui fasse jouer les petits Pizzaïolo pour touristes.
- Comme vous dîtes, il était hors de lui ! Mais l'horreur, et le choc sur son visage, furent je l'avoue, un vrai plaisir à voir!
Carlos ponctua sa dernière phrase d'un petit rire, qu'il tenta de cacher derrière sa main. Notre soudaine « proximité », ne semblait pas du tout plaire à Clyde qui nous a demandé sur un ton glacial, si sa présence ne nous dérangeais pas trop. Et avant que Carlos qui était devenu livide ne puisse répondre quoi que ce soit, je l'ai fait.
- Ah bah si justement, d'ailleurs si tu pouvais sortir et nous laisser discuter en paix, ça m'arrangerais ! Tu n'as pas, je ne sais pas moi, une jeune fille mineur à prostituer ? Un père de famille désespéré à utiliser comme mule ? Ou mieux encore, quelqu'un à butter ? Non ? Dommage !
Et je me suis remis à manger.

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Calaveras Negras
RomanceEbony Clements fraîchement diplômé de l'école de journalisme, obtient un emploi sur la chaîne Discovery. Lors d'une réunion interne, on lui apprend qu'il doit quitter sa petite vie pépère dans le Maryland, pour aller interviewer pendant 2 mois, les...