Protège-moi

Chapitre 7 : Partie 3

Quelques jours plus tard, je me dirigeais vers mon ancienne chambre, maintenant faisant office de chambre pour Meilee. Ou plutôt de prison. Etant donné qu'elle essayait toujours, pas tous les moyens possibles, de s'enfuir, ils avaient donc décidé de l'enfermer dans une des chambres. Vu que je travaillais essentiellement la nuit, j'avais la fâcheuse habitude de m'endormir directement sur le canapé. Ma chambre était donc toujours vide, surtout avec le peu de meuble qu'elle contenait. Elle était donc devenue la chambre de Mei.

Arrivé dans le salon, je préparais rapidement un plateau pour son petit déjeuné. Pain tranché, confiture, verre de jus d'orange, tasse de café. Tout y était. En même temps, aujourd'hui était un grand jour. Aujourd'hui, elle acceptait enfin d'avoir de la visite.

D'habitude, elle laissait seulement Jin entrer lui donner son plateau repas puis repartir. Seulement lui. Elle frappait les autres dès qu'ils posaient un pied dans la chambre. Mais dernièrement, elle était devenue plus calme et demandait de mes nouvelles à Jin. Puis elle lui avait finalement demandé si je ne pouvais pas venir un jour.

Le plateau enfin prêt, je m'approchai de la porte fermée. Aucun son n'en sortait, comme d'habitude maintenant. J'ouvris difficilement le verrou, mon plateau dans les bras, puis ouvrit la porte doucement.

La pénombre régnait dans la pièce, bien que le soleil soit déjà levé depuis plus d'une heure. Les volets étaient fermés, laissant tout juste assez de lumière passer pour voir un minimum. Meilee était allongée sur le matelas, dos à moi, face au mur. Bien qu'elle semblait dormir, je savais très bien qu'elle était réveillée depuis longtemps. Je refermais la porte sans la verrouiller et m'avançai légèrement. Je posai le plateau doucement sur la chaise et allai parler, mais Meilee prit les devants, toujours immobile.

Mei : Tu sais quel jour on est ?

Elle était étrangement calme, par rapport à ce que pouvait nous dire Jin. Les jours qui avaient suivis notre retour d'Ilsan, elle était surexcitée, criait toujours. Plus les jours passèrent, et plus s'était difficile pour nous de la gérer. Puis un jour, elle s'est calmée. Jin n'a jamais voulu nous dire ce qu'il lui avait dit ou fait.

Kook : Euh... non... je sais pas.

Mei : Moi non plus.

Elle me laissait perplexe. Pourquoi demander à me voir si c'est pour juste me demander la date ?

Mei : Tu vois, c'est ça le problème. Personne ne peut me dire la date lorsque je demande. Ou alors personne ne veut.

Il est vrai que ne pas donner la date à un détenu lui faisait perdre ses repères et, peu à peu, la tête. Mais ce n'était pas notre intention.

Mei : Enfaite, je sais quel jour on est, mais ça ne t'intéresse pas.

Je perdais patience.

Kook : Bon, Mei, si tu m'as demandé de venir pour me parler de quel jour on est tu peux—

Mei : Cela fait soixante seize jours que je suis ici. Soit deux mois et quinze jours.

Soudain, elle s'assit et se tourna vers moi. Elle avait l'air exténuée. Ses cheveux étaient en pagailles, son visage tout gonflé. Ses yeux trahissaient la fatigue, tout rouges et boursouflés. Malgré ça, je pus remarquer qu'elle avait énormément maigri. Pourtant, sa voix était toujours aussi calme qu'à mon entrée dans la pièce.

Mei : Tu sais ce que ça fait, deux mois et quinze jours ?

Kook : Je sais pas, qu'est-ce que—

Mei : C'est long. Toute seule, dans une petite pièce, comme seul divertissement d'attendre que l'on vienne me donner à manger.

Kook : Tu n'arrêtais pas de vouloir t'enfuir aussi, on était obligé.