Adrien Rabiot
- Tout le monde va bien... Mais je ne vais bien... Je ne vais pas bien !, suffoque ma femme. Il ne va pas bien !, s'emporte-t-elle. Et je ne peux pas le tenir dans mes mains... ou le mettre dans les mains de quelqu'un pour qu'il le répare ! Il existait !.... Et maintenant, il n'existe plus ! Et je ne peux rien faire d'autre que de rester ici... rester ici et le perdre.
Elle fond en larme. Ma femme est dévastée tout comme moi. La vie a laissé place à la mort. Aujourd'hui aurait du être un jour où la vie venait au monde mais c'est la mort qui est née, la fin au lieu du commencement.
Je ne réalise pas qu'il est parti après quelques heures à se battre pour vivre. Je n'ai pas pu le voir, ce petit prince que j'attendais. Je me suis pris la porte du bonheur en pleine tête. Elle a claqué de plein fouet m'interdisant d'accéder à la joie de rencontrer mon fils.
Je n'arrive pas à rester dans la chambre d'hôpital. J'ai besoin de courir, de me défouler. Je sors sans un mot ni un regard pour ma femme.
Les portes de l'hôpital franchis, je cours sans but précis, juste courir, sentir le vent froid de l'hiver sur mon visage me brûler. J'ai mal mais pas à cause de la course, la douleur vient de mes entrailles. Mon cœur a reçu un coup de poignard. Je souffre le martyre.
Je suis un corps sans âme qui divague entre la vie qui me tient et la mort qui attrape ma famille.
Je continue de courir. Je ne sais plus où je suis. Mes pieds me font mal, mes muscles souffrent mais j'avance encore et encore.
Mon petit prince, né à seulement vingt-cinq semaines, est partit trop tôt malgré son combat pour la vie. Il s'est battu comme un guerrier mais sa place ne devait peut être pas être sur cette Terre, parmi nous.
J'erre dans les rues italiennes. Les panneaux défilent sous mes yeux mais je ne vois rien. Les larmes brouillent ma vue. Une voiture s'arrête à mes côtés. Je continue à traîner des pieds.
- Adrien, monte dans la voiture. Il pleut en plus, reconnais-je la voix de ma mère. Tu vas attraper froid.
Je hausse les épaules et poursuit mon chemin à pied. Il pleut et je ne m'en suis même pas rendu compte. De toute façon à quoi bon faire attention à ce qui m'entoure, la vie mérite-t-elle d'être vécue quand elle a côtoyé la mort ? Cette question, je me la pose encore et encore. La réponse a frôlé le non. Mais je n'avais pas le droit de quitter le monde d'en bas pour rejoindre celui d'en haut. L'appel de mon fils est puissant, mais l'amour de femme et mes enfants est encore plus fort.
Ma mère insiste pour que je monte dans la voiture. J'obtempère et m'assois dans le véhicule. Je dégouline mais je m'en fiche, je m'en fiche de tout. Plus rien n'a d'importance.
- Il faut que tu sois fort pour ta femme et tes enfants, Adrien, lance ma mère.
Si seulement j'avais réussi à être fort pour ma famille, à ne pas laisser la peine m'envahir.
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De Paris à Turin - A. Rabiot ✔️
FanfictionAmélie et Adrien sont amis depuis la maternelle et ne se sont jamais quittés. Leur amitié fusionnelle s'est transformée en une histoire d'amour passionnée et passionnelle alors qu'ils n'étaient que des adolescents. Mais du jour au lendemain, Amélie...