Chapitre 6 - Retour aux sources ✔️

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Dimanche 2 décembre 2018

Adrien Rabiot

Aujourd'hui, c'est jour de match contre Bordeaux, mais je ne suis pas sur la feuille de match. C'est interprété dans la presse comme punition du coach suite à mon comportement de diva. Mais je sais au fond de moi pourquoi je ne serais pas sur le terrain. J'ai décidé de prendre du recul avec le club, préférant me concentrer sur ma famille.

Mon père ne va pas très bien ces derniers temps, son état de santé s'aggrave. Je veux lui rendre visite au centre à Auxerre. De plus, ma mère n'accepte pas sa mise à l'écart dans son rôle d'agent et c'est donc la guerre entre nous. Je ne regrette pas d'avoir coupé les ponts avec elle. Je me sens enfin libre de faire mes propres choix de carrière. La situation empire avec le club, les médias et les supporters n'aident pas non plus, chacun va de son commentaire sans connaitre la situation.

Depuis l'été 2018, ma carrière m'échappe complètement tout comme ma vie. J'enchaine les "mauvais" choix. Je peine à trouver un nouvel agent et je le conçois. Qui voudrait gérer le cas Rabiot, après l'ouragan Véronique ?

La seule chose que je demande est de pouvoir quitter le club à la fin de mon contrat. Pour beaucoup, partir libre du club est un acte lâche. Cependant, j'en ai le droit et c'est tout ce que je veux, pouvoir partir en juin. Il est vrai que depuis l'annonce de la grossesse d'Amélie, la décision de quitter le club est plus difficile. Pourtant je ne peux pas imaginer rester alors que la situation est devenu invivable avec les dirigeants. Pour me punir, les dirigeants me mènent la vie dure : mise sur le banc de touche, relégation dans l'équipe de réserve, tout y passe.

La grossesse d'Amélie se poursuit, elle en est à sa seizième semaine. Son ventre s'arrondit de semaine en semaine. Elle commence à sentir bouger les bébés même si leurs mouvements sont imperceptibles au toucher. D'après elle, on dirait des "papillons dans le ventre". J'ai hâte de percevoir leurs mouvements à travers sa peau mais je dois attendre encore quelques semaines.

Nous réfléchissons à l'aménagement de notre appartement. Quand nous l'avons acheté lors de notre installation ensemble, nous avions prévu la possibilité d'avoir des enfants. L'achat les meubles et autres accessoires nécessaires entamé, une des chambres d'amis débute sa métamorphose. Concernant le sexe des enfants, il est inconnu alors la couleur de la peinture reste à déterminer. Amélie souhaite une chambre bicolore tel que le jaune et gris tandis que je préfère une couleur unie. Chacun y va de son argumentation pour faire céder l'autre, mais nous sommes tous les deux très têtus et aimons avoir le dernier mots.

Mes coéquipiers ne sont toujours pas au courant de la grossesse. J'ai du mal à cacher ma joie. Certains se doutent que quelque chose à changer dans notre couple mais j'ai promis de ne rien dire donc je tiens ma langue.

Nous avons apporté une échographie aux parents d'Amélie. Marie a de suite remarqué qu'il y avait deux "tâches". Le bonheur ne disparait pas de leur visage. Nos enfants auront des grands parents merveilleux.

***

Je conduis direction Auxerre. Le stress m'envahit à l'approche de la maison de santé où il se trouve. Amélie pose sa main sur la mienne.

Mon père a eu un accident vasculaire cérébral en 2007. Il est resté paralysé à la suite de cet accident et souffre du syndrome "locked-in". Seuls ses yeux bouges. Plus jeune, c'est lui qui m'amenait au foot. Ne plus partager autant de moments ensemble a été très difficile dans ma jeunesse. Je n'avais que 11 ans lorsque cela s'est produit. Bernard m'a beaucoup aidé dans cette période de ma vie. Il m'accompagnait aux matchs, m'aidait à m'entrainer, tout comme mon père le faisait.

De Paris à Turin - A. Rabiot ✔️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant