Chapitre 10 - Révélation ✔️

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Réveillon du 24 Décembre 2018

Adrien Rabiot

Ce soir c'est le réveillon de Noël. Cette année, nous le passerons chez les parents de ma fiancée. En temps normal, il se déroule chez ma mère mais je suis toujours contrarié par son comportement. Je regrette de ne pas voir mes frères mais assister au repas de famille sans dispute ne va pas être possible. En plus, le réveillon ressemble plus à une soirée de la haute société où chacun dévisage l'autre, où les gens disent bonjour mais une fois le dos tourné, c'est les commérages qui fusent. Ma mère ne se gêne pas pour lancer des piques à ma fiancée devant les invités et ainsi alimenter les potins.

Je regrette d'avoir fait subir ce genre de soirée à Amélie. Elle ne s'est jamais sentie à l'aise. Elle se cachait en cuisine ou dans un coin reculé de la salle, là où la lumière ne brille pas. La plupart des invités ne faisait même pas attention à elle. Et lorsque je cherchais à fuir moi aussi la soirée, ma mère décidait de m'exhiber tel un trophée, son cher fils adoré, joueur de football international.

Mais ce soir ce sera nouveau, ce sera une soirée où personne ne juge l'autre, une soirée sans froufrous et de "Moi, je". La simplicité d'un réveillon de Noël en famille comme j'ai toujours voulu en offrir un à ma future femme.

Nous sommes sur la route, nous quittons la foule parisienne, pour rejoindre l'Est Parisien. Amélie est dans ses pensées. Je pose une main sur sa cuisse, elle tourne la tête et me sourit. Cette année, elle n'est pas anxieuse, elle est heureuse et impatiente d'y être.

Nous sommes arrivés rapidement, il y a peu de monde sur la route ce matin. Je me gare devant chez Marie et Bernard. La mère d'Amelie nous attend déjà sur le pas de la porte.

- Bonjour, les jeunes !, nous lance-t-elle. Vous allez bien ? Et mes futures petits-enfants ?

- Tout le monde va bien, répond Amélie. Et toi, maman ?

Je me dirige vers le coffre récupérer les affaires et les cadeaux de Noël. J'ai les bras chargés.

- Ça va. Tu sais très bien que dès que je te vois, je vais bien. Elle enlace sa fille. Ne rester pas là, vous allez attraper froid. Et ce n'est pas le moment pour toi, ma fille. Elle m'enlace à mon tour pour me dire bonjour avant de nous pousser à l'intérieur. Bernard, les enfants sont arrivés. Tu connais ton père, toujours dans son atelier à bricoler, ajoute-t-elle en se tournant vers sa fille.

- J'arrive !, entendons nous Bernard de son atelier. Bonjour les amoureux, comment allez-vous ?

- Ça va bien, répondîmes en même temps, avant qu'il enlace chacun de nous.

- Et toi Papa, tu vas bien ?

- Oui, très bien comme à chaque fois que je vois ma petite fille préférée.

- En même temps je suis ta seule fille.

Amélie et son père rient tous les deux. Une larme perle dans le coin de mon œil mais je l'enlève rapidement. J'aimerais tellement que mon père soit là, qu'il puisse me parler, mais ce n'est pas possible. Il est vivant, j'ai la chance de pouvoir le voir mais je ne peux plus avoir une relation père-fils comme n'importe quel enfant, et cela me pèse depuis des années, même si je n'ose pas l'avouer.

- Allons-y tout le monde direction le salon !, s'exclame Marie.

Elle me lance un regard compatissant et je la remercie d'un faible sourire. Nous enlevons nos manteaux et nous installons sur le canapé. La mère d'Amélie nous apporte de quoi boire.

De Paris à Turin - A. Rabiot ✔️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant