Chapitre 8 - Cours mouvementé ✔️

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Lundi 19 décembre 2018

Amélie Renau

Après la lecture du journal, il est l'heure pour moi de partir à la fac. Adrien m'accompagne en voiture, soit disant pour l'occuper mais je sais très bien qu'il n'apprécie pas que je prenne les transports depuis l'annonce de ma grossesse. Je ne sais pas de quoi il a peur, mais je ne vais pas m'en plaindre non plus, la voiture est quand même mieux que le métro.

Le trajet se fait dans le silence. Perdue dans mes pensées, j'essaye de ne pas trop cogiter sur ce que j'ai lu ce matin dans Le Parisien concernant Adrien. Si lui même me dit que pour le Barça, un transfert n'est pas possible en janvier, je n'ai pas à m'inquiéter de me retrouver seule dans les prochains mois. Le suivre en Espagne, la tout de suite sera trop difficile à organiser entre les études et la grossesse. Des clubs anglais seraient également intéressés par lui mais comme pour l'Espagne, le transfert s'il y a, sera pour le mois de Juillet. Je compte sur Adrien pour ne pas se décider à la dernière minute concernant son choix. Cet avenir incertain ne m'aide pas à me projeter dans ma grossesse. Alors qu'il serait temps de commencer à prévoir l'arrivée des jumeaux, les meubles ne sont même pas déballer des cartons et la peinture toujours pas choisie. 

- Ça va ? Me demande-t-il, en posant une main sur ma cuisse.

- Oui, réponds-je.

Je continue à regarder par la fenêtre la ville de Paris défiler. Le silence est de nouveau maître de l'habitacle. Les paroles prononcées hier sont toujours présentes dans ma tête. Même si cela a été dit sur le coup de la colère, elles ont été pensées.

Adrien garde sa main sur ma cuisse. Je pose la mienne par dessus. Nos doigts s'entrelacent. Le contact de sa peau contre la mienne me fait du bien. Je suis attirée vers lui comme un aimant. J'ai besoin de ses bras, de sa présence à mes côtés, encore plus depuis l'annonce de ma grossesse.

Je pose ma main libre sur mon ventre. Les deux petits poussins bougent depuis mon réveil. Je crois que la journée va être mouvementée. La voiture est arrêtée au feu rouge. Je profite de ces quelques secondes pour placer la main d'Adrien encore dans la mienne, à l'endroit où un des jumeaux n'arrête pas de donner des coups de pieds. La surprise se lit sur le visage de mon fiancé, avant qu'il ne se reconcentre sur la route.

Le chemin jusqu'à la fac continue, la main de mon homme au contact de mon ventre, toujours sans un mot.

Arrivée devant le bâtiment, je sors de la voiture, sans même un regard. Je me dirige vers la porte où se trouve mes amis mais au dernier moment je fais demi-tour. Adrien est sortie de la voiture. Je m'arrête devant lui, nos regards ne se quittent pas. Nos lèvres se rencontrent tout naturellement.

- Je t'aime, me dit mon amant. N'oublie jamais.

- Je t'aime aussi.

La vie est trop courte pour que je ne lui pardonne pas ses paroles. Nous nous embrassons une dernière fois, avant que chacun ne se dirige dans une direction opposée. 

Le premier cours du matin portant sur les nanotechnologies dans la santé est très captivant, le prof est passionné par ce qu'il nous racontent, mais je ne peux m'empêcher de laisser mon esprit vagabondé, imaginant quel futur incertain s'offre à moi. Et pour couronner le tout, un des deux jumeaux continue de signaler sa présence. Je pose ma main sur mon ventre et je fais des petits cercles. Au bouts de quelques minutes, je ne sens plus aucune agitation, "Petit Poussin n°2" s'est calmé, enfin.

J'envoie un SMS à Adrien pour l'encourager comme avant chaque entrainement et match. C'est notre rituel depuis ses débuts, devenu un grigri. 

De Schtroumpfette ❤️

Sois fort, aie confiance en toi. Tu es une personne de qualité. N'oublie jamais la patience et la persévérance récompensent toujours ceux qui on su ne pas abandonner...
PS : tes petits poussins te passent le bonjour, surtout un, qui n'arrête pas de bouger 🐥

Je profite de ce moment de répit pour me raccrocher au wagon et prendre le cours en note mais je suis complètement perdue. J'écris sans savoir ce que signifie les mots. Heureusement que j'ai des amis en or à qui je pourrais demander de me passer leurs prises de notes. 

Après deux heures de cours, une pause est la bienvenue. Je demande à mes amis, si je peux avoir leurs notes du cours. Je profite de ces quinze minutes pour recopier les informations importantes et je prends en photo le reste. Je complèterais cet soir en rentrant de la faculté. 

- Tu avais l'air distraite pendant le cours. Ça va ?, me demande Lola.

- Oui, ça va. Je suis juste un peu fatiguée, mens-je à moitié.

Il est vrai que je suis fatiguée mais ce n'est pas la seule raison de ma distraction. Mes amis ne sont pas au courant pour ma grossesse. Et avec Adrien on a convenu de ne rien dire avant que cela ne se remarque vraiment. Je ne pensais pas réussi à la cacher aussi. J'ai l'impression qu'on ne voit que mon ventre. 

- Tout va bien avec Adrien ?, me questionne Louis. La presse ne cesse de parler de sa situation avec Paris.

- Oui, tout va très bien. Si vous saviez ce que les journalistes peuvent raconter comme bêtise, vous n'y ferez même pas attention, clôturée-je le sujet.

Mes amis connaissent Adrien. Mais je ne parle pas de ma relation avec lui par discrétion. Très peu de gens savent que nous sommes ensemble. Notre histoire c'est notre cocon. Je n'aime pas non plus parler de la situation contractuel d'Adrien. Ça m'énerve plus qu'autre chose.

Le second cours de la matinée commence : l'économie des biotechnologies. Le sujet ne m'intéresse pas autant que le premier cours. J'essaye de me concentrer pour ne pas perdre le fil pendant cette heure et demi de cours. J'écris au maximum ce que je peux, même ce qui peut paraitre inutile pour ne pas décrocher. Je suis en mode robot. 

La fin du cours est annoncé. Je ne me fais pas prier pour quitter l'amphithéâtre avec mes amis. On se dirige vers la cafétéria de la fac.

- Et, sinon ça vous dit de passer à l'appartement après l'ED d'économie ?, demande-je. Ce sera l'occasion de bosser un peu tous ensemble pour le partiel de Janvier.

- Je ne suis pas sûre qu'on va beaucoup travailler mais pourquoi pas, répond Louis.

- Nan c'est sûr, renchérit Emma. Mais bon c'est notre dernier jour de cours. On peut bien prendre un peu de temps ce soir sans avoir le nez dans les bouquins.

Le reste de la pause déjeuner consiste à s'organiser pour la soirée et à discuter de tout et de rien avant de se rendre en salle d'ED.

L'ED n'est définitivement pas passionnant. Qui peut aimer l'économie. Que des chiffres et des formules. Tout ce que je déteste. Mais je suis obligée de la valider. J'écoute d'une oreille et pianote sur mon clavier les mots clés et les résultats. Je ne comprends même pas où le prof a trouvé les chiffres. J'ai préparé l'exercice et je n'ai rien de correcte. Un calvaire cette matière.

Le temps est long mais l'ED se termine enfin. Je quitte la salle avec mes amis prête à rentrer chez moi pour une soirée entre amis.  

De Paris à Turin - A. Rabiot ✔️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant