Chapitre 1

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Astal regarde sa montre à gousset en sachant pertinemment que l'heure de la prière a sonné. Malheureusement, elle n'a pas le choix. Elle va devoir se plier aux mœurs inflexibles de ce lieu sacré. Elle est consciente qu'il en est de son devoir, mais elle ne croit point en ces fabulations, comme elle aime les appeler. Dans les récits elfiques Atanatar, dieu de la guérison et de la vie, est décrit comme bon, juste et droit, mais Astal n'en pense pas un mot. Bien évidemment, elle sait qu'il est libre à quiconque de croire en dieu. Seulement, elle n'arrive pas à imaginer que si cet homme invisible est aussi bon qu'on le dit, il abandonnerait tout ceux qui ont confiance en lui.

Comme une habitude, qui ne se perdra jamais, Astal est immédiatement rappelée à l'ordre :
— Astal ! Tout le monde t'attend en salle de prière, la réprimande Sœur Laurelin, Tu es toujours celle que l'on attend. Si tu souhaites devenir une véritable chamane, il faut te plier aux exigences !
— Je l'entends bien ma Sœur, mais en rien cela m'oblige de croire à ces sottises ! S'agace Astal.
— Tant que tu seras sous ce toit jeune fille, tu as pour obligation de respecter le règlement. Les Sœurs et moi-même ne t'avons pas recueilli pour souffrir d'un tel manque de respect !
— Il est toujours question du même refrain ! Je veux pouvoir vivre selon mes choix !

Sœur Laurelin s'apprête à rétorquer de manière cinglante, mais des haussements de voix, venant d'une pièce voisine, les interpellent. Astal s'y rend sans plus attendre et y trouve une autre Sœur, dont le nom lui échappe toujours, ainsi qu'un groupe inconnu à ses yeux et souvenirs.
— Sœur Daenara, que se passe-t-il ? Intervient sa semblable piquée d'une terrible curiosité.
— Cet équipage réclame des soins pour l'un des leurs, mais je ne peux point... répondit-elle en désignant le blessé du menton.

Astal s'attarde donc sur les voyageurs, bien trop curieuse pour passer à côtés de ce qu'il se passe. Le petit groupe est composé de quatre personnes. Un nain aux cheveux roux et plutôt avancé dans l'âge. Ses lèvres abordent un air inquiet, cachées sous une énorme barbe. Une hybride lézard et un elfe l'accompagne. Astal ne saurait reconnaître s'il s'agit d'un haut ou bas-elfe, mais cela lui est bien égal. Pour elle, il n'y a aucune différence. Leur dernier acolyte, celui qui est blessé, ne ressemblait en rien à ce qu'elle avait déjà vu auparavant. Ses oreilles rondes, visibles sous son épaisse chevelure, laissaient prétendre qu'il s'agissait d'un être humain. Elle n'en avait jamais vu, ce sont ses oreilles rondes qu'ils l'ont mit sur cette hypothèse. Dans les livres et histoires, les humains étaient décrits comme des monstres assoiffés de sang. Seulement, cet homme ne ressemble en rien à un monstre.
— Je suis navrée, intervient Sœur Laurelin, mais nous ne pouvons point nous permettre d'aider votre ami.
— Et pour quelles raisons ? Parce qu'il est un humain ? S'énerve l'hybride en s'avançant de quelques pas.
— Carafinwë, calme toi... l'intercepte le nain. Partons, nous trouverons bien un endroit qui ne fera point de différence. En disant cela, il se retourne avec ses camarades pour partir.
— Attendez ! Les appelle Astal outrée du comportement des Sœurs. Je vais soigner votre ami.
— Astal ! Il en est hors de question, ne te mêle pas de cela. Lui ordonne Sœur Daenara.
— Je fais ce qu'il me plaira de faire. Puis, la devise de cette église n'est pas censée être :
«Toute personne dans le besoin sera accueillie et aidée»?
— Astal, ce n'est pas le moment !
Astal souffle devant aussi peu de bon sens. Elle se rapproche du petit groupe et leur propose de la suivre. Le nain, qui semble être le chef, lui en est reconnaissant.

Elle les conduit dans une salle qui se trouve à l'arrière de l'église. L'établissement n'est pas très grand, alors il est assez difficile de s'y perdre. Astal connaît chaque recoin comme sa poche depuis le temps qu'elle y vit. La salle où elle les emmène est comme son jardin secret. À son arrivée dans l'église, cette pièce avait plus l'aspect d'un débarras qu'autre chose. Personne ne l'utilisait alors, avec la permission de Soeur Laurelin, Astal en a fait un endroit apaisant. Elle l'a nettoyée, aménagée et transformée en petit bureau. Elle les fait entrer et aide le blessé à s'allonger sur le lit en bois dans le fond de la pièce.

Eveild [TERMINÉE] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant