Chapitre 12

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Astal, s'aidant d'un bout de bois pour marcher, cherche avec Lest les plantes qui lui permettront de mourir moins vite. Dit ainsi, elle trouve vraiment cela horrible, mais c'est la triste réalité. Si il n'arrive pas à temps aux Terres Désolées, elle y laissera sa peau à coup sûr. La jeune femme ne se sent pas vraiment prête à quitter ce monde, mais est-ce que quelqu'un l'est réellement un jour ? Peut-être qu'en se sentant mourir à petit feu, elle se fera une raison.
— Dis moi ma fille, quand est-ce que tu comptes te jeter dans les bras de ton géant ? Lui demande Lest sans aucune gêne.
— Par... Pardon ?
— Joue pas à celle qui n'a pas compris ! Je vois très bien ce qu'il y a entre vous deux. Rien ne passe inaperçu aux yeux de Lest !
— C'est vrai qu'il me plaît un peu... Voir beaucoup. Répond-elle en cueillant des plantes. Mais ce n'est pas réciproque, il a autre chose à faire qu'être avec une gamine.
— Dis pas de sottises, vous avez à peine cinq ans d'écart. C'est certain que ton visage fait encore très enfantin ma grande, mais cela fait tout charme. Puis, penses-tu qu'il aurait abandonné son père de cette manière juste pour une « camarade »?
— C'est possible... Non ?
— Non. Arrête de te voiler la face et fonce. Ne t'attends pas à ce qu'il vienne, il est clair qu'il est bien trop fier pour venir de lui-même te déclarer sa flamme.
— Mais si tu te trompes ? Je vais passer pour une imbécile...
— Vaut mieux que ce soit le cas plutôt que vous vous tourniez autour le reste de votre vie sans jamais vous avouez vos sentiments. Affirme-t-elle en rangeant les plantes dans sa sacoche. Crois-moi, tu finiras par le regretter.
— À qui tu n'as jamais osé dire tes sentiments ?
— Un ami qui l'était très proche, le jour où je m'étais enfin décidée à lui avouer... J'ai appris qu'il était mort au combat. Elle essuie discrètement quelques larmes. C'est pour cela que je te conseille de foncer avant d'amèrement t'en vouloir...
— Je suis désolée pour toi Lest...
— Ce n'est rien, c'est derrière moi maintenant ! Retournons auprès de Daeron, voir si il a fini de découper ce pauvre animal.

Elles rentrent en silence au feu de camp. Astal distingue beaucoup de tristesse sur le visage Lest, malgré ses tentatives pour la dissimuler sous de faux sourires. Elle n'a vraiment pas du avoir une vie facile, et cela Astal en est certaine. Elle ressent énormément de peine pour son amie. Peut-être qu'elle est un peu trop sentimentale, mais elle ne peut s'en empêcher. Les personnes qu'elle aime passe avant tout.
— Ah, vous revoilà. Vous avez trouvé ce qu'il fallait ?
— Oui, et en grand quantité ! Je pense qu'on en aura assez pour la route jusqu'aux Terres Désolées. Répond Lest comme si de rien.
— J'espère que tu as raison.
— C'est toi normalement l'experte en plante, je suis étonné de te voir aussi stressée. S'intrigue Daeron.
— Ce... C'est rien...

Astal sent une boule d'angoisse se former dans le bas de son ventre. Après sa discussion avec Lest, elle est complètement pétrifiée à l'idée d'adresser la parole à son ami. D'habitude, elle lui parle avec une telle aisance, il va forcément trouver cela louche.
— Tant fait pas le géant, le poison doit lui monter à la tête c'est tout. Intervient Lest pour la protéger.
— Si tu le dis. Il s'assoit sur un rondin cassé à côté du feu au-dessus du quel cuit de la viande. Ce sera bientôt prêt.

Lest aide Astal à s'asseoir et prend place à son tour. Cette dernière essaye d'animer les discussions et Daeron se prend au jeu. La chamane n'arrête pas de le fixer. Le voir sourire, lui procure toujours des petits papillons. Elle a tellement l'habitude de le voir neutre que lorsqu'il sourit, elle a l'impression qu'il change complètement de personnalité. Comme si il n'était plus la même personne.

Ils finissent de manger tranquillement en écoutant les petites anecdotes de Lest. Elle n'est pas bien plus âgée qu'eux, mais elle a vécu énormément de choses et c'est toujours un plaisir pour Astal de l'entendre parler. Elle a une telle aisance pour raconter ses histoires qu'elle en est presque admirative.
— Bien les amis, notre priorité à présent c'est de un : trouver un bateau. De deux : rallier des personnes à notre cause.
— J'espère sincèrement pour toi qu'on ne fait pas fausse route... Parce que sinon, je ne sais pas comment on va s'en sortir. S'exclame Daeron très peu serein.
— De toute façon, il fait garder à l'esprit qu'on peut mourir à tout moment. La vie n'est qu'une chienne et elle ne nous fera jamais de cadeau. C'est à nous même de les trouver ou donner. Répond-elle en se levant et rejoignant le chariot. On devrait y aller avant que la nuit ne tombe.

Eveild [TERMINÉE] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant