Chapitre 2

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C'est la boule au ventre qu'Astal range proprement ses affaires dans une sacoche en cuir. Malgré l'immense excitation qui l'envahit, elle a des remords d'abandonner l'église, après que cette dernière l'est recueillie enfant. Ce lieu sacré lui a tant appris et apporté, il a fait d'elle ce qu'elle est aujourd'hui : une chamane dévouée à aider son prochain. Seulement, n'est-il pas temps qu'elle mette ses connaissances au profit des plus démunies ? Astal est convaincue qu'il en est de son ressort. C'est un moyen de faire ses preuves qui se présentent à elle et compte bien y répondre.

Elle ferme les sangles de son sac et offre un dernier au revoir à son jardin secret. Cette pièce va beaucoup lui manquer, ainsi que Sœur Laurelin. Malgré leurs différents, elle est la personne la plus chère à son cœur. Elle a été comme une seconde mère pour Astal, jamais elle ne pourra oublier ce qu'elle a fait pour elle.

Enfant, elle était toujours très têtue et capricieuse. C'est grâce à la protection et la confiance que Sœur Laurelin avait pour elle, qu'elle n'a jamais été exclu de l'église.
— Alors... Tu nous quittes réellement ? S'exclame Sœur Laurelin en entrant dans la pièce.
— Hii ! Astal est prise d'un sursaut ne s'attendant point à une visite, Ma Soeur... Oui, je suis navrée de partir ainsi...
— Ne le sois pas mon enfant, une occasion pareille ne se présentera pas une nouvelle fois. Prise d'un élan d'affection, elle la serre dans ses bras. Je suis extrêmement fière de toi, de celle que tu es aujourd'hui. Cette opportunité va te permettre de mûrir davantage et de découvrir de nouveaux horizons. Profites-en bien.
— Merci... Merci pour tout... Les larmes coulent toutes seules sur les joues des deux femmes. Vous avez été tel une mère pour moi, je ne pourrais jamais assez vous remercier.
— Tu n'as aucunement besoin de me remercier, tout ce que j'ai fait c'est parce que je le voulais. Elle dépose un tendre baiser sur le front d'Astal avant d'ajouter : Tu es également comme ma fille pour moi.

C'est sur une longue étreinte que se terminent ces adieux. Astal se sent plus légère, prête à partir et accueillir à bras ouverts sa nouvelle vie. Elle sort de l'église sans même un regard pour cette dernière. Il ne faut pas qu'elle se retourne, ce n'est pas le moment de douter.

À présent, elle doit rejoindre la place du marché où l'attend un membre de l'équipage. Le capitaine lui avait expliqué qu'il devait rapidement retourner à Riversol, car les bateaux ne peuvent rester qu'un certain temps au port à cause de sa petite taille. Par conséquent, il lui avait proposé de directement partir, mais Astal ne pouvait pas prendre la poudre d'escampette aussi rapidement. Elle est donc restée un jour de plus pour prévenir l'évêque de son départ et dire adieu au peu d'amis qu'elle avait. Ciryandil n'y a vu aucune objection et l'a informé qu'une personne de l'équipe resterait sur place pour la conduire jusqu'à Riversol dès le lendemain.

La place du marché est bondée de divers artisans et marchands. De sa petite taille, elle a du mal à se déplacer et à distinguer les différentes personnes dans la foule. Soudain, une forte emprise se fait sentir sur son épaule et la tire vers l'arrière. Son dos heurte violemment ce qui semble être un homme et elle voit un chariot passait à toute allure devant elle : elle a failli passer sous ses roues.
— Au nom d'Atanatar, mais quelle imbécile tu es ! Astal sursaute et se retourne vivement pour découvrir l'elfe qui accompagnait l'équipage. Les yeux, c'est en face des orbites qu'il faut les mettre la naine !
— Hé ! Il roulait comme un fou, comment aurais-je pu le voir ? Elle sent ses joues roussir de colère.
— C'est vrai que de ton un mètre cinquante tu dois pas y voir grand chose. Réplique-t-il d'un ton sarcastique. Tss, j'arrive pas à croire que c'est à moi de te ramener ! Il aurait pu envoyer Daeron sérieusement. Il se plaint, seul, ignorant totalement la présence d'Astal.
— Peut-être parce qu'il est blessé ?
— Je ne t'ai pas demandé ton avis demi-portion.

Elle soupire et tente de l'ignorer. Dire qu'elle aura sa charmante compagnie pendant une journée entière de marche : un réel supplice. L'elfe commence à partir sans attendre Astal. Cette dernière est outrée d'autant de négligence. Est-il toujours ainsi ? Elle ne l'espère pas, sinon il est certain qu'elle ne le supportera point.

Eveild [TERMINÉE] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant