Chapitre 5

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Malgré ses yeux lourds, Astal fait de son mieux pour rester éveillée. Elle ne saurait dire depuis combien de temps le carrosse est en route, mais elle est sûre d'une chose : elle est terrifiée. Ne voulant pas se l'avouer au début, elle faisait mine de rien. Seulement, maintenant face au fait accompli, elle tremble et regrette amèrement son choix. Son cœur bat à vive allure et quelques gouttes suent sur son front. Elle ne comprend pas comment les autres femmes font pour être aussi calme et détendue. Peut-être qu'elles ont l'habitude après tout. C'est une bien triste routine se dit-elle.

Perdue dans ses pensées et dans ses peurs, elle ne remarque pas que l'une des filles de joie l'interpelle.
— Psst... Hé... Astal relève la tête s'apercevant qu'on s'adresse à elle. Tout va bien ?
— Je... Oui... Un mensonge et certainement pas le dernier.

La femme blonde ne répond pas sur le coup. Astal se décide finalement à les observer. Elles sont toutes différentes. En face d'elle, la demoiselle qui l'a interpellé est une jeune elfe blonde aux yeux bleus, rien d'anormal. À sa gauche se trouve une femme hybride, mais féline contrairement à Carafinwë. Cette dernière aborde un pelage marron et dorée avec des yeux verts perçants. Ensuite à la droite de l'elfe, une seconde hybride qui semble être la jumelle de l'autre. Enfin, à la gauche d'Astal est assise une orque. Les ragots rapportent régulièrement que les orques sont réputés pour leur laideur, mais elle, c'est une nymphe. Sa peau est d'une teinte bleue ravissant, ses longs cheveux bruns lui dessinent un très beau visage ovale sertie de deux rubis.

Astal est peinée de voir que d'aussi jolies jeunes femmes servent d'objet sexuelle à un porc comme Dorg. La vie est bien cruelle lorsque l'argent ne coule pas à flot dans les poches. Elle soupire et décide d'entamer la discussion pour apaiser l'atmosphère.
— Comment vous appelez-vous ? Les filles de joie sont surprises au premier abord, mais elles lui répondent avec beaucoup de gentillesse.
— Je suis Baliena, répond la jeune blonde.
— Moi c'est Elwë, et elle, c'est ma sœur Elenwë.
— Oromë, et toi ?
— Astal. Ravie de faire votre connaissance.
— De même, réagit l'orque. Je ne t'avais jamais rencontré auparavant, alors que les autres filles aussi.
— C'est normal, je suis arrivée tôt dans la matinée par bateau.
— Oh, je vois...

Le reste du voyage se fait très silencieux. L'air ambiant est moins tendu  et cela rassure un peu Astal. Il faut qu'elle reste positive pour réussir la quête.

Le carrosse finit enfin par s'arrêter. Astal ne sait absolument pas où est-ce qu'elle se trouve et cela la perturbe. Les vitres sont absentes sur ce carrosse et ce n'est pas pour faire jolie songe-t-elle. Un garde vient leurs ouvrir et avant même qu'elles puissent entrevoir l'extérieur, il leurs met un sac sur la tête. Il les fait ensuite toutes sortir.

Astal ne comprend pas pourquoi elle reste immobile, mais elle ne sent pas non plus de mouvement autour d'elle. Soudain, une main fait pression sur son épaule et une seconde sur ses mains ligotées à l'arrière de son dos. Elle sursaute apeurée, mais son cœur n'a point le temps de s'emballer lorsqu'elle entend ces mots :
— C'est moi Astal, n'ai crainte. Lui susurre Daeron à son oreille.

Sa tensions redescend doucement et se laisse guider à l'aveugle par son camarade. Elle perçoit des voix, mais n'arrive point à les déchiffrer. Persuadée qu'il s'agit de Dorg et l'un de ses gardes elle tente de tendre l'oreille, mais rien n'y fait.

Ils passent ce qui semble être une porte, car elle ressent une douce chaleur caresser sa peau et la sensation est très agréable pour elle. Daeron, d'après elle, lui enlève le sac et elle peut enfin y voir de nouveau.

Elle se trouve dans une grande pièce qui paraît être une salle de fête. Une estrade dédiée au chef, puis de longues tables au pied de celle-ci. Le reste de la pièce est consacrée à la danse si le sol est bien du bouleau. Malheureusement, les fenêtres sont barricadées, impossible de percevoir l'extérieur.
— Bien mesdemoiselles, je suppose que ma réputation me précède donc, il n'est pas nécessaire que je me présente. Débute Dorg. Vous serez mes filles de joie, mais pas que. Il faut également que vous me divertissier ! Donc je vous écoute, avez-vous un talent particulier ? Astal hésite un instant, puis lève timidement la main. Je t'en prie, exprime toi.
— Je sais danser... Astal essaye de rentrer au maximum dans le jeu de ce psychopathe pour ne rien laisser paraître.
— Très bien ! Il te faudrait donc un partenaire, danser seule c'est bien triste.
— Mon chef, si possible... À cette réponse, elle entend Daeron grincer des dents.
— Ça me cocvient, ensuite les autres ? J'ai besoin d'être satisfait, sinon c'est l'exécution assurée.

Eveild [TERMINÉE] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant