Chapitre 226 : La bataille du portail

1K 181 32
                                    

 La bataille mentale entre Syara et Anela avait commencé. D'un côté, l'ange essayait d'ouvrir le portail en psalmodiant dans une langue inconnue une longue formule qu'elle avait créée à partir des partitions et, de l'autre, la violoniste et ses doubles tentaient de le refermer en usant directement des parchemins.

Si la magie par instrument avait semblé plus efficace au départ, le rapport de force s'était équilibré peu de temps après. Le travail de la beast n'était pas aussi facile que prévu vu que les partitions d'Athéa permettaient l'ouverture d'un portail et non la fermeture. Même si elle avait l'impression de déjà connaître les modifications à apporter pour inverser l'effet, cela restait une épreuve de concentration de chaque instant. Une seule fausse note et elle aiderait sa mère à ouvrir le passage plutôt que de le refermer.

— Mais qu'est-ce que vous attendez pour la mettre hors d'état de nuire ! s'emporta Anela, faisant par ce geste reculer l'ouverture du portail.

L'instant d'après, quatre de ses protecteurs sortirent de l'abri qu'offrait le bouclier du cinquième et sortirent leurs armes, prêts à se battre pour leur maîtresse. Face à eux, Elyazra arborait un large sourire. Elle n'avait pas avec elle sa rapière, mais de toute façon, cette arme ne servait qu'à brider sa puissance. Écartant les bras, elle invoqua un mur de feu noir derrière elle pour diviser la salle en deux et éviter qu'ils n'atteignent sa sœur. Dans ce même mouvement, deux lames apparurent dans ses mains.

— Pourquoi ne pas se réfugier derrière tes flammes ? rit l'ange à la hache.

— Et manquer l'occasion de vous casser la gueule ? Et puis quoi encore ?

Sans attendre de subir le premier assaut, Elyazra se jeta dans la mêlée et donna de large coups pour toucher tous ses ennemis. Deux d'entre eux, celui à la hache et à l'épée longue, bloquèrent les lames de feu avec difficulté, mais réussirent à protéger les anges à la masse et aux dagues. À l'impact, les lames noires produisirent de nouvelles flammes qui vinrent lécher les bras de ceux qui avaient parés l'attaque. D'après leur visage crispé lorsque cela arriva, ils n'étaient pas aussi insensible à ce genre d'attaque qu'elle l'aurait cru.

La contre-attaque ne se fit pas attendre. L'ange à la masse, voyant une ouverture, donna un coup de bas en haut et tenta de frapper la demi-dragonne au ventre. Ses lames n'étant que des flammes tangibles, Elyazra n'hésita pas à les lâcher et à croiser ses mains devant elle pour invoquer, cette fois-ci, un bouclier pour se protéger de l'attaque. Malgré sa force sur-humaine, Elyazra fut projetée dans la pièce et traversa le mur de feu pour atterrir lourdement à seulement quelques centimètres de Syara.

— Tout va bien ? s'inquiéta sa sœur.

— Concentre-toi sur ce foutu portail, moi, je m'occupe d'eux. J'ai enfin trouvé des adversaires qui me résistent, c'est génial !

Avec un large sourire, Elyazra se releva et, avant de retraverser le mur, se servit de la couverture qu'il offrait pour inonder l'autre côté de flammes sans qu'ils ne le voient arriver. La demi-dragonne passa ensuite la barrière et constata qu'elle avait en partie réussi son attaque surprise. L'un des anges, celui qui l'avait propulsée avec sa masse, était à terre, son corps rongé par le feu.

Il ne lui restait que deux ennemis à vaincre avant de pouvoir s'attaquer au dernier ange au bouclier et à sa mère, bien protégée derrière sa barrière. Deux ? Pourtant, il devait lui rester encore trois ennemis ! Où était le dernier, celui à la hache ?

Si le mur de feu avait été une parfaite couverture pour lancer son attaque surprise, il avait aussi comme inconvénient qu'elle non plus n'avait pas pu voir de l'autre côté. L'ange né de la transformation de Telak avait profité d'une brève protection octroyée par la magie de celui au bouclier pour passer de l'autre côté en même temps qu'Elyazra revenait.

Seul avec Syara et ses doubles, il n'hésita pas une seule seconde et chargea la violoniste, la lame au-dessus de sa tête et prêt à frapper.

— Syara attention ! Hurla Elyazra, aux prises avec les autres anges qui l'empêchaient de la rejoindre.

Trop concentrée sur son propre travail, Syara ne bougea pas d'un centimètre lorsque la lame s'abattit sur elle. Avec la force des anges, le coup aurait dû la tuer sur le coup, mais la lame de son assaillant s'était heurté à une paroi lumineuse qui entourait la beast.

— Qu'est-ce que... s'étonna l'ange.

Avant qu'il ne trouve la source de cette protection, quelque chose percuta violemment et l'envoya s'écraser contre le mur.

— Syara ! appela Elyazra depuis l'autre côté.

— Elle va bien ! répondit Guard en prenant position entre la beast et l'ange.

Entouré d'une barrière dorée, Rael traversa le mur de flammes et rejoignit la demi-dragonne. Tout comme elle, il avait dans ses mains des lames de l'élément qu'il maîtrisait. Celles-ci, faites de vent, étaient presque invisible et il était impossible de savoir quel était sa véritable allonge.

— Mais qu'est-ce que vous faites là ?

— On est venu vous sauver, sourit l'elfe noir. Si tu es blessée, passe de l'autre côté, Phi se chargera de toi.

Avec leur arrivée, les forces venaient de parfaitement s'équilibrer. Elyazra s'était débarrassé d'un ange qui, d'ailleurs, s'était retransformé en enfant démon. Malheureusement pour lui, il avait connu le même sort que la chose qui avait pris sa place. Il restait donc trois assaillants, un protecteur et une incantatrice. Du côté de Syara, Guard, Rael et Elyazra avaient chacun un adversaire, Syara contrait le sort de sa mère et Phi se chargeait de la protéger avec ses boucliers et soigner les blessures des autres.

Pour la beast, ce renversement de situation arrivait à point nommé. Maintenir une symphonie des âmes était quelque chose d'extrêmement éprouvant et le moindre de ses mouvements la faisait souffrir. Elle tenait uniquement en se disant que son rôle était capitale et que l'avenir du monde reposait sur ses épaules. Heureusement, elle, elle pouvait se reposer sur ses amis.

Le violon de cristal : les partitions perdues (suite)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant