Chapitre 224 : Retour à la réalité

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 Cela faisait déjà plusieurs minutes que l'orbe lumineux, l'âme d'Anela, avait pénétré dans le corps de Syara. Pendant tout ce temps, la beast était restée inconsciente. Du côté d'Elyazra, l'impatience et l'énervement se faisaient ressentir. Elle essayait de plus en plus de se débattre et de lutter contre le poids des chaînes sous les regards noirs des anges.

Par sa faute, leur maîtresse avait souffert et, même si elle avait changé de corps l'instant d'après, savoir qu'il lui avait été fait du mal était, pour eux, quelque chose d'inadmissible. Les hommes et femmes en toge blanche, eux, continuaient leur incantation, ce qui agrandissait le portail derrière les partitions.

Pour l'instant, il était totalement impossible d'entrevoir quoi que ce soit de l'autre côté, mais les nuances de bleu commençaient peu à peu à s'organiser. Au départ dispersées un peu partout sans réelle construction structurée, les couleurs foncées s'étaient peu à peu rassemblées sur le bord de la spirale tandis que celles claires s'étaient rapproché du centre. Malgré tout, il restait tout de même des zones qui n'étaient pas uniformes, signe que le portail n'était pas totalement formé.

Il restait donc du temps avant que l'ouverture ne soit irréversible, mais le plus tôt serait le mieux. Bien qu'énervée par ce qui venait de se passer, la demi-dragonne en était consciente. De ce fait, lorsqu'elle trouva enfin la force de soulever ses chaînes, elle ne se jeta pas sur l'un des anges, mais plutôt sur l'incantateur le plus proche. Si elle arrivait à le perturber, cela pouvait empêcher la formation du portail !

Elle était presque sur lui, un simple coup d'épaule suffirait à le faire tomber et stopper son incantation. Cependant, avant qu'elle n'arrive à le toucher, l'un des anges s'interposa et, d'un violent coup de pied, la renvoya au sol, au centre de la pièce.

Si elle avait eu le contrôle de toutes ses facultés, elle aurait très bien pu l'esquiver ou lui rentrer dedans sans s'en soucier, mais le collier qu'elle avait autour du cou la réduisait à une condition de simple humaine.

— Reste tranquille, tout sera bientôt terminé, annonça-t-il.

— Que je reste tranquille alors que vous allez envahir mon monde ? Et puis quoi encore ?

— Si tu as peur d'assister à la victoire du bien suprême, nous pouvons très bien faire en sorte d'abréger tes souffrances maintenant, proposa l'ange qui avait été le deuxième démon mâle en invoquant deux masses dans ses mains.

— Non ! intervint l'une des femmes. Dame Anela a des projets pour elle. Elle finira par rejoindre nos rangs.

— Vous pouvez toujours courir, cracha Elyazra. Si vous me trouvez dans vos rangs un jour, ce sera uniquement pour vous décimer jusqu'au dernier.

Tandis que la demie-dragonne jetait un regard noir vers les anges, elle essayait de recouvrer ses forces pour une seconde tentative. Elle était d'ailleurs prête à bondir de nouveau lorsque la situation sembla bouger du côté de Syara.

La beast bougea légèrement, puis se cambra. Une sphère lumineuse sortit alors de sa poitrine et rejoignit à toute vitesse le corps d'Anela qui, de nouveau, fut plaquée contre le dossier de son trône. La violoniste se recroquevilla alors, haletante et sa mère retint un cri de douleur.

Visiblement, sa possession n'avait pas marché et retourné dans un corps brûlé par les flammes d'un dragon n'était pas des plus agréables.

— Dame Anela, tout va bien ? interrogea l'une des femmes ange, inquiète.

— Non ! hurla-t-elle avec rage en frappant du poing sur son accoudoir. Même mort, ce connard d'humain continue à m'emmerder... Où en est le rituel ?!

— Il sera bientôt achevé, indiqua un autre ange.

— Bien. Une fois ouvert, conduisez mes filles de l'autre côté. Je veux que Syara soit reconditionnée pour m'obéir et qu'Elyazra finisse par accepter que son destin est de se sacrifier pour me laisser son corps.

— Essai un peu ! provoqua la demi-dragonne. Essai et je te crame la gueule une nouvelle fois.

Une fois de plus énervée que sa fille lui réponde, Anela se leva de son trône et tendit la main pour la gifler. Cependant, elle interrompit son geste lorsque la lumière qui provenait du vortex s'intensifia. Les couleurs de ce dernier étaient à présent parfaitement ordonnées.

Avec un large sourire, Anela baissa son bras et retourna s'asseoir. Elle avait beau avoir souffert, sa mission allait bientôt se solder par une réussite. L'invasion allait pouvoir avoir lieu.

— Nous y sommes presque, jubila Anela.

Alors qu'un large sourire étirait son visage à moitié brûlé, un son de flûte se mit à retentir dans la pièce. Même pour Elyazra qui se trouvait au centre de la salle, il était impossible de déterminer d'où venait ce son. Sa mère avait perdu son sourire et regardait tout autour d'elle pour déterminer qui jouait et les anges, sachant que les autres races utilisaient la musique pour utiliser la magie, avaient tous sortis leurs armes.

Alors que la mélodie s'accentuait et devenait de plus en plus pressente, le bruit d'une percussion retentit deux fois. Il n'était pas là par hasard et collait parfaitement avec la mélodie de la flûte qui continuait à s'accélérer.

Les anges se repartirent alors dans la salle circulaire et guettèrent le moindre recoin de la pièce. Qui pouvait les attaquer ? Qui osait les interrompre dans leur rituel sacré ?

Les percussions se faisaient à leur tour de plus en plus présente et s'accordaient au rythme de la flûte pour unifier leur mélodie. À cet instant, une basse vint s'ajouter à la musique et intensifia les graves, contrastant avec l'instrument à vent qui, lui, était dans les aigus.

Le rythme continua à monter crescendo et les anges chargés de défendre Anela commençaient à s'inquiéter. Soudain, alors que la mélodie semblait avoir atteint son paroxysme, celle-ci se stoppa net.

— Qu'est-ce que c'était ? s'inquiéta l'une des femmes ange.

À peine avait-elle posé cette question que, de nouveau, deux puissants coups de percussions la fit sursauter.

— Combien sont-ils ? Et où sont-ils ? s'interrogea un autre ange.

Prise d'un doute, Anela arrêta de chercher autour d'elle et fixa Syara alors que deux coups retentissaient encore. À cet instant, la beast releva sa tête vers sa mère, lui jetant un regard noir. Lorsqu'elle eut achevé ce lent mouvement, le même son retentit encore.

— Toi ?

Cette fois-ci, deux fois plus fort que précédemment, les percussions firent presque trembler la pièce. Un autre bruit, un déclic, se fit soudain entendre. Celui des chaînes de la beast qui venaient de se déverrouiller et de tomber à terre.

Le violon de cristal : les partitions perdues (suite)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant