Monster

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Nell.

Ma tête est si lourde. J'ai l'impression qu'elle va exploser. Je peine à ouvrir les yeux ou à bouger.
J'arrive juste à entendre deux personnes parler entre elles. On dirait un homme et une femme.
"-Elle devrait être contente, un vrai massacre.
-Oui, ça faisait longtemps que je n'avais pas vu autant de sang couler.
Du sang ? De quoi parlent-ils ? J'arrive pas à ouvrir les yeux merde !
-En tout cas, tu m'as offert le plus beau mariage qu'une femme puisse rêver mon amour.
Ce sont les mariés ! Je dois appeler Snake... il pourra m'aider... si seulement j'avais assez de force pour bouger un membre.
-Oui, et on a trouvé de nouveaux jouets. Espérons que ceux là s'épuisent moins vite que les précédents.
-Tu sais comment sont les humains, si fragiles.
-Oh regarde ça. Quand on parle du loup.
J'entends des pas se rapprocher de moi, puis quelqu'un pose sa main sur le haut de ma tête comme pour caresser mes cheveux.
J'ouvre doucement les yeux, je le reconnais. C'est Snake, il me regarde avec bienveillance. Mais il est tâché de partout, du rouge des pieds à la tête décore son beau costume.
-Snake ? Que... se passe... il..?
-Chut Nell. Rendors toi, ça va aller.
Il sourit.
-Mais... Lucy... Ashe...
-Elles vont bien. Dors maintenant, tu as joué ton rôle à merveille.
Sur ces mots, je sens mes paupières se fermer toutes seules. J'ai mal, si mal à la tête. Je n'arrive même plus à réfléchir.

Tout ira mieux demain...

[Une durée de temps indéterminée plus tard]

J

e me réveille en sursaut, à moitié nue, dans un lit double au draps immaculés. Ce n'est pas mon lit... ni mes meubles, ni ma chambre. Où suis-je ?
Ma tête tourne encore un peu et je me lève en titubant. Je cherche de quoi me vêtir, mais je ne trouve rien. Pas un vêtement ne traîne par terre.
Sur ma gauche se trouve une porte que j'ouvre sans savoir si l'on m'attend derrière.
Heureusement, la pièce est vide. C'est une salle de bain. J'y trouve une panière remplie de vêtements sales, des vêtements féminins qui ne semblent pas m'appartenir.
Tant pis pour l'odeur, je préfère être habillée qu'être en culotte.

En sortant de la chambre, je me retrouve dans un long couloir dont la tapisserie ressemble à celle du manoir de Snake.
Je me rappelle du mariage maintenant... mon esprit me joue encore des tours mais... Lucy et Ashe ! Merde ! Je dois les retrouver ! Elles étaient avec moi ! Elles vont bien ?

Je marche un peu aléatoirement dans le manoir, ouvrant des portes, et criant le nom des petites, je déambule sans savoir où aller. Je ne connais pas cette partie du manoir, il est si grand que Snake ne m'a pas tout fait visiter.
Je dois le retrouver, il aura des réponses à mes questions. Je dois trouver le salon, son bureau ou même la salle du mariage. Il ne doit pas être loin.

Je descends de longs escaliers blancs et dorés quand soudain quelqu'un m'interpelle.
"-Nell, tu es réveillée.
-Snake ! Que se passe-t-il ? Le mariage... Ashe et Lucy... et puis d'un coup...
Je n'arrive pas à parler, je bafouille. Mes mots sont tout aussi confus que moi. Snake m'attrape par les épaules me secouant un peu.
-Nell. Nell ! Calme toi, tout va bien. Tu t'es juste endormie pendant la cérémonie.
-Endormie ? Et la fête !?
-C'est passé maintenant. C'était hier.
-J'ai dormi toute une journée !!
C'est quand même pas normal de dormir autant. Je fais attention à mon sommeil pourtant...
-Tu n'as pas été la seule, ceux qui n'étaient pas habitués à l'alcool ont mal supporté le vin du bonheur. C'est un alcool bien plus fort qu'on ne le croit.
-Alors tout va bien ?
-Oui Nell. Tout va parfaitement bien. Tu veux sûrement retrouver Ashe et Lucy ?
-Bien sûr ! Où sont-elles ?
-Ma femme leur a passé une chambre. Elles doivent y jouer en ce moment même avec elle.
-Je vois. Merci beaucoup Snake.
-Ce n'est pas grand chose Nell. Que ne ferions-nous pas pour la petite dernière de la famille ?
Je ris nerveusement à sa question, ne sachant pas quoi répondre.

Mais je suis maintenant soulagée de savoir que tout ira pour le mieux. Je me suis simplement fait des films. Je vais retrouver les deux petites, puis nous rentrerons à la maison et je leur préparerai un bon petit plat car moi aussi j'en ai bien besoin.

-J'y pense mais, au final je ne connais toujours pas le nom de votre femme.
-Oui c'est vrai. Tu t'es endormie très vite.
-Et donc...
-Elle se nomme Mena.
-Très beau prénom !
Dis-je enjouée. Je suis cependant sûre de l'avoir déjà entendu quelque part.
-Merci pour elle."
Me répond-il en souriant. C'est alors que l'on arrive devant la fameuse chambre. J'entends des cris de joie au travers de la porte.
Ces rires réchauffent mon cœur au plus au point, c'est indescriptible.

Puis, Snake a ouvert la porte.
Ça a été l'effondrement d'un rêve. L'effondrement d'une vie toute entière.
Je venais enfin de comprendre qu'ici tout n'était que manipulation et mensonge.
En voyant ce qui se trouvait dans cette pièce, j'ai immédiatement fait volte-face, me préparant à fuir, loin et vite.
Mais Snake m'arrête d'un grand coup dans l'abdomen. J'en crû vomir.
Je me suis effondrée par terre, à quatre pattes, les larmes aux yeux.
Snake me prend sur son épaule, comme un sac à patates, j'avais beau me débattre, son étreinte est trop forte. Il me porte comme si je ne pesais presque rien.
Il entre dans la pièces où les rires d'enfant pré-enregistrés s'étaient tus pour laisser parler la véritable ambiance de cette pièce glauque.
Au centre de la pièce, une jeune femme, habillée en rouge, aux yeux rouges, aux cheveux rouges nous attend. Je la reconnais maintenant. N'importe qui à sa place aurait caché son propre visage a son mariage quand on est un monstre comme elle !

Snake me plaque contre un mur où il attache mes poignets. Je hurle, je me débats, je pleure. Je tente tout pour me défaire de ces liens.
Je hurlais, je hurlais à la mort, je hurlais aux Dieux qui laissaient un tel acte se produire, comment était-ce possible ?
"-Pourquoiiiiiii ? Pourquoi Snake ? Qu'ai-je fais ? Dis le moi !
Il m'ignore, il ne me regarde même pas. Il sourit, encore. Il sourit tout le temps.
-Nell. La famille se doit de donner une bonne éducation aux petits derniers. Et ton éducation est ratée. Mais nous sommes là pour s'en charger. Le grand frère, et la grande sœur. Je  te présente Mena, mais tu dois la connaître. On parle souvent d'elle à la télévision, à la radio ou même dans les journaux.
-C'est elle votre épouse ? C'est une blague ?
-Bien sûr que non Nell. Mena est merveilleuse. Nous nous sommes mariés afin de te faire venir ici, sans que tu ne te doute de rien. On devait absolument refaire ton éducation. Au passage, nous avons éliminés tous ceux qui étaient désobéissants.
-Lucy et Ashe ! Où sont-elles ? Vous n'avez pas intérêt à leur fai...
-Sinon quoi ?
La jeune femme me coupe. Elle est si intimidante. Elle n'avait rien prononcé jusqu'à maintenant. Les monstres choisissent bien leurs mots apparemment.
-Que comptes-tu faire gamine ? Que se passera-t-il quand je répondrai à ta question ? Tu vas appeler les flics ?
Elle éclate de rire. Tandis que moi, je ne sais pas quoi répondre.

Cette jeune femme qui se tient devant moi, se fait appeler Mena. Elle est une tueuse en série, la plus grande tueuse en série que le monde n'ait jamais connue. Elle répand la peur dans chaque royaume.
Et la voilà qui se tient à un mètre de moi. Prête à me faire subir toute sorte de choses horribles, et bien évidemment, j'ai peur. Je sais ce qu'il va se passer. Je serai un jouet, un jouet qu'on utilise puis dont on se lasse. Une fois souillée, rouillée, abîmée, cassée, je serai jetée à la poubelle. Ils se débarrasseront de moi, elle me tuera sans aucun sang froid. Puis ils trouveront un autre jouet.

Je sais, je le comprends maintenant, mes jours ici sont comptés. Mais je ne peux pas l'accepter, je dois survivre pour Lucy. Si je reste en vie assez longtemps, peut-être qu'ils ne s'occuperont pas de Lucy et Ashe.

-Qu'allez-vous faire de moi ?
Demandais-je tout bas.
-Mena aimerait tester toute sorte d'outils sur toi. Et moi ? Disons que Mena est... stérile. Et j'aimerais beaucoup avoir un enfant.".
Il a son éternel sourire sur le visage. Sourire qui me donne envie de vomir, ce sourire infecte me dégoûte jusqu'au plus profond de mon âme.
Ni lui ni elle ne me voit comme une humaine, je suis un objet. Un objet qui occupe. Un objet qui permet de se reproduire.

Je ne suis plus Nell Green.


Corrigé par: Hiddenkard16

The SkullsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant