Reaper

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Sally.

Sur les cartes, dans les livres d'histoires, les lieux de culte, ni même gravé sur le Mur du Passé, jamais cette ville avait été évoquée.
Une ville dont le nom reflète ce qu'elle est: une ville créée de la poussière, faite de poussière, dont le sable s'incruste dans vos yeux comme de la poussière et qui retournera à la poussière.
Les cendres dû au aux guerres et règlement de comptes faisait rêver un poète ou un dessinateur qui y a vu du graphite, peut-être que celui de son crayon s'échappait-il réellement à ce moment là.

Quoi qu'il en est. Ce rêveur nomma cette ville, trouvée par hasard, "Dust-Pen".
Malheureusement les seuls stylos que l'on peut trouver sont dans l'école de Dust-Pen. Mon école.
On m'a demander de la diriger. J'ai accepté.
Ça fait quatre ans que l'on m'appelle "M'sieur le dirlo", "Directeur", "Monsieur le Directeur" j'ai même eu le droit à un "Monsieur Sally" car seuls les humains ont des noms de famille ici.
C'est comme ça qu'on nous distingue.
Se serait malheureux d'apprendre que votre mari doit vous égorger dans votre sommeil.
Ainsi, cette règle toute bête a été décidée il y a quelques années, c'est tout récent.
Je me souviens encore de l'époque où nous pouvions s'inventer un nom de famille, les futés et les menteurs prétextaient faire partie d'une grande famille respectée. Les plus simplets ne savait même pas comment se nommer.

C'est grâce à (ou à cause de) nous que Dust-Pen à vu le jour: nous devions survivre et nous cacher. Si les humains nous découvrait, qu'adviendrait-il de nous ?
Ainsi les plus forts, les plus courageux, les plus solides sont partis en direction du désert. Dans cet endroit peu chaleureux, les humains survivaient difficilement, on en trouvait alors peu souvent. Et les rares curieux se faisaient tuer et servaient à nourrir les charognards.
Notre espèce qui mange peu ou pas, boit peu ou pas du tout, a pût survivre dans cet enfer pour bâtir la première ville entièrement composée de gens comme moi.

Dust-Pen était né.

Nous avions placé des barrière en cercle pour délimiter la ville, puis on construisait des maisons en taules, certains partaient plusieurs jours pour voler des matériaux, des caravanes, des voitures ou mêmes des animaux résistants à la chaleur et au manque d'eau pour les élever et trouver une occupation.
C'est ainsi que l'on a découvert que nous étions vraiment mauvais quand l'on devait s'occuper de quelqu'un d'autre que nous.

Les autres on les tue.
Point.
Fini.
C'était notre credo.
Celui de la Déesse qui nous a mis au monde: La Mort elle-même.

Nous sommes des êtres créés de toute pièce par son éternelle faux.
Le nombre d'êtres vivant ne faisant que s'accroître en ce monde, La Mort ne pouvait plus choisir qui devait mourir et qui vivre, en plus de devoir faucher son âme et l'amener dans les Lymbes.

Alors, parmi toutes ces âmes errantes, elle en a trouvé trois qui se distinguaient des autres. Ils brûlaient d'une rage de vivre, être mort n'était pas une option. Il restait tant de choses à découvrir, toucher, aimer... vivre...
Non ces trois là voulaient vivre quel qu'en soit le prix à payer.

La Mort, dans toute sa ruse et sa malice, leur proposa un marché:
"Vous vivrez mes enfants, dans une chair que j'ai moi-même façonné. Elle est bien plus résistante que celle que vous aviez avant, et au moment de renaître vous choisirez votre âge, vos yeux, votre couleur de peau, votre taille, votre prénom, tout. Vous aurez le même contrôle que moi sur ce morceau de chair qui vous gardera en vie aussi longtemps que vous le souhaitez.
Mais pour cela, j'ai besoin que vous fassiez quelque chose pour moi mes enfants.
Les âmes, naturellement curieuses, demanda qu'elle était leur mission. Ce marché était alléchant.
Je veux que vous tuez ceux qu'ils le méritent ! Je vous dirai qui, quand et où. Le reste des autres êtres vivants, vous aurez le même droit de vie ou de mort sur eux que le miens. Si telle personne mérite de mourir et bien soit, qui en soit ainsi, tuez le et je l'emmènerai ici. Mais vous devez obligatoirement tuez ceux que je vous demande d'éliminer !
En échange, vous aurez tous les avantages et dons que je vous ai proposé et bien plus encore si vous êtes obéissants."

Évidemment, les âmes ont accepté. Ainsi sont nés les premiers Faucheurs d'âmes.
Dieux parmi les vivants, mais de simples laquais pour les Dieux.
Cependant il y avait énormément de contrainte à la vie de Faucheur:
On doit apprendre très vite comment tuer, quand tuer, mais surtout ne jamais demander pourquoi. On tue. Ni plus ni moins.
Il est fortement déconseillé de former une famille avec d'autres vivants que des Faucheurs, nombreux sont ceux qui ont dû tuer leur femme ou leurs enfants.
Il était conseillé de ne former aucun lien avec les autres vivants. Les autres ne vivent qu'une centaine d'années, ils sont fragiles, ils sont stupides, ils sont vils et se trahissent, ils discriminent ceux qui sont différents, ils obéissent tous à des codes sociaux différents selon les Royaumes, des codes stupides qui doivent être mis en œuvre sans pour autant avoir été voté ou choisi. Les autres essaient de ressembler le plus possible à la norme. On dirait qu'ils veulent ne former qu'un.

Nous on est différent. Le Faucheur ne s'occupe que de lui et de son nombril. Si son nombril va mal c'est la fautes des autres, pas des Faucheurs. C'est comme ça et pas autrement. Le Faucheur ne discriminent pas les autres, ils s'en éloignent volontairement. Le Faucheur ne leur fait aucun mal, il les tue. C'est différent. Mais le Faucheur ne tue pas d'autres Faucheurs.

Certains le font, mais pour s'amuser.
Quand cela fait un moment que La Mort ne nous donne pas de mission il faut bien s'occuper.
Alors on va trouver le Faucheur le plus fort, celui qui a le sang de milliers de vivants sur les mains et on le tue. Alors on devient le plus fort. Et si on essaie de nous tuer et tue les autres.
Un cercle vertueux simple à comprendre, voir des Faucheurs essayer de se tuer est beau a voir. 

Chaque Faucheur à sa méthode:
Certains tuent et c'est tout. Ça, c'est pas beau à regarder.
D'autres manient qu'une arme jusqu'à la connaître dans ses moindre détails. Ça, c'est déjà plus joli à voir.
D'autres encore sont dans la démesure et aiment les explosifs, les armes à feu, les canons ou les armes ridiculement gigantesques. Ces Faucheurs sont souvent des gars marrants, des têtes de mules sans cervelle qui foncent dans le tas. Évidemment c'est assez drôle de regarder un combat entre deux Faucheurs fous comme eux.
Et enfin, il y a des Faucheurs qui surpassent tous les autres, ceux qui défient les lois du temps et de l'espace, ceux qui tuent avant même d'avoir dégainé. Des maîtres assassins qui ne font qu'un avec leur arme.
Certains, pour se rendre intéressant ou amuser la galerie, disaient que ces Faucheurs pouvaient parler à leur arme comme à un être vivant.

De ces étranges mensonges, La Mort eut une idée. Elle allait enfin offrir un cadeau aux Faucheurs, qui faisaient si bien leur travail depuis presque cinquante ans maintenant: ainsi chaque Faucheur mais aussi les prochains se verraient offrir une arme. Une arme que le Faucheur devra garder et s'en occuper. une arme capable de communiquer avec le Faucheur et de l'aider pendant un assassinat. Ces armes seront uniques et posséderont même des noms.

Ces armes uniques change la vie des Faucheurs depuis plus de cent ans ! Notre travail c'est facilité et avoir un compagnon avec soit qu'on ne doit pas nourrir, faire dormir ou forcement laver, c'est l'idéal. 
Ces véritables compagnons d'armes ont poussé les Faucheurs à penser un peu moins à leur nombril, à penser aussi à celui de son voisin. 

A peine quelques semaines plus tard, des humains en masse arrivèrent à Dust-Pen. Ils étaient des chercheurs, scientifiques, ou des nomades par nature. Pour la première fois, nous ne tuions pas ces vivants. On les regardait arriver, agrandir la ville, nous présenter leurs coutumes alors... on en fit de même. On leur présenta notre Déesse. On leur montra nos armes si singulières. Ils virent aussi nos capacités de régénération bien plus supérieur à la leur. Ils assistèrent à des combats épiques entre Faucheurs pour passer le temps. 

Les scientifiques alors, nous demandèrent s'ils pouvaient rester pour nous étudier. En échange, ils n'en parleraient à personne. Étonnement ils ont respecté leur part du marché. Bon de temps en temps il nous arrivait d'être obliger de tuer l'un d'entre eux car La Mort l'avait décidé. Mais il n'y eut aucune révolte ou scandale. Même que les scientifiques bâtirent une école pour que les plus jeunes Faucheurs apprennent auprès d'autres comment se battre, et auprès des scientifiques, ils apprennent notre histoire afin qu'elle ne soit jamais oubliée.

Ainsi, mon école est née, le Dust-Pen dans lequel j'ai toujours vécu, lui, venait de renaître. 

L'histoire de cette ville est la notre. A nous les Faucheurs.  

The SkullsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant