Tragedy

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Nell.

J'ai toujours eu une vie de petite fille relativement facile. Je vivais avec mon père et ma mère dans la capitale du Royaume, Pencil.
Puis, à mes six ans, ma mère a donné vie à Lucy, ma petite sœur. Lucy qui, à partir du jour où ses petits yeux bleus se sont posés sur moi, a été ma raison de me lever chaque matin avec le sourire et une envie de progresser, devenir meilleure, plus forte, plus jolie que le jours précédent pour que jamais Lucy ne regrette que moi, Nell, soit sa grande sœur.

Je ne pensais pas faire partie de ces enfants qui se plaignent de leurs parents car ils leur demandent de faire ceci ou cela, je ne pense pas non plus avoir été une enfant modèle sinon ma vie ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui.
Comme tous les gamins j'ai fais des bêtises, j'ai menti à mes parents pour ne pas me faire punir, j'ai eu des mauvaises notes à l'école en mathématiques ou en langues vivantes, bien sûr, comme tous les enfants.
J'étais une enfant normale, avec une vie normale, une famille normale.

Enfin, c'est ce que je croyais.
Toute ma vie a été bâti sur des fondations instables, faîtes de mensonges, de véritées cachées ou de manipulation. Un peu comme ces séries qui passent à la télé, ces fictions qui nous font dire "Mais, c'est absolument pas réalistes, qui peut avoir ce genre de vie ? Enfin, c'est pas logique excusez moi de voir la vérité des choses". Ces fictions qui ne semblent pas avoir de sens, où les cliffhanger s'enchaînent sans véritables raisons. Ces histoires représentent ma vie.

Je pense que tout ce bordel sans nom à commencer précisément au moment où ma mère m'a donné naissance. Non, je pense que dès leur rencontre, le sort de mes parents été scellé. Rien ne pouvait plus les arrêter, la roue du destin avait été mise en marche et son but été de tous nous rendre plus malheureux les uns que les autres pour que l'on vienne, chacun notre tour, embrasser La Mort.

Ma mère a été la première à nous quitter. Cette pauvre jeune femme, qui avait encore toute sa vie devant elle, a été tuée, massacrée, charcutée alors que d'autres le méritaient bien plus qu'elle.
Certains me diront "Nell, personne ne mérite de mourir". Dans ce cas pourquoi mourrons-nous ? Tout est orchestré par des Dieux tout puissants qui ne montrent jamais leur véritable forme. Ils se cachent derrières des devoirs qu'ils se sont imposés à eux-mêmes. Qui oserait donner des ordres à un Dieu ? Personne ! Alors s'ils le voulaient, ils balaieraient ces soit-disant "devoirs" d'un coup de la main et ils pourraient faire ce qu'ils souhaitent.
Mais, lâches, ils se cachent derrière des prétextes, prétextes qui nous consument, nous les Vivants. Des prétextes qui nous tuent, qui rendent le monde injuste, qui donnent toujours plus d'argent aux riches et qui volent toujours plus d'argent aux pauvres.
C'est ainsi que la Déesse de La Mort possède le droit de juger qui doit mourir ou non. Tout comme la Déesse de La Vie décide qui peut mettre au monde ou non, pour faire des bébés toujours plus beaux, toujours plus mignons.
Alors, si cette Déesse peut juger, moi aussi. Mais moi je ne tue pas, en tout cas, j'essaie.
Mais je suis maudite, condamnée à devoir tuer tout ceux dont j'aurais décider que leur vie importe peu ou dérange la mienne. C'est ainsi que je suis faite, et c'est ainsi que je serai toujours.

Alors, ma mère est morte. Quelques minutes à peine c'était au tour de mon père. Si je peux vraiment l'appeler ainsi, cela fait plusieurs années que je ne le considère plus comme tel. Mais son prénom est si laid, il ne m'inspire que du dégoût alors je l'appelle encore "père" car se sera forcément plus beau que son prénom.
Ma mère se nommait Maria Green, c'est un beau prénom non ? Moi je le trouve magnifique. Instinctivement, les femmes qui se font appeler Maria me paraîtront toutes si gentilles, calmes, bienveillantes et douces. Tout comme l'était Maria Green. Elle n'est pas morte de la manière des plus douces, elle qui voulait mourir dans son sommeil, le sourire aux lèvres, ce ne fut pas son cas. Ayant tout vu de mes propres yeux, je peux dire avec certitude que son décès a été la pire expérience de toute ma vie et je ne crois pas me trompé en disant qu'elle le restera à jamais.
Rien ne pourrait me traumatiser plus que ça.

The SkullsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant