NARCISSE

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J'étais en train d'installer les enfants dans leur siège auto quand ils m'interpellèrent. Un me fit sa moue adorable avant de me demander :

- On est où ?

- A Paris, il faut que vous appreniez à lire, leur dis-je.

Bae me lança un regard surpris, elle se disait sûrement que les enfants étaient beaucoup trop jeunes pour apprendre à lire mais je sentais que leur cerveau de génie avait besoin d'être stimulés. Ils ne dirent rien mais je sentis que ma remarque les avait faits réfléchir.

Ils sautillèrent de joie lorsque Bae leur expliqua que nous allions à leur crèche. Je la découvris pour la première fois, c'était une école privée mais la sécurité laissait à désirer.

- Majesté...

- Merci de nous accueillir, répondit papa en voyant que je n'étais enclin à parler.

Je les laissai échanger des politesses, ce n'était pas que je n'aimais pas forcément parler mais quand je me retrouvai face à des inconnus, il me fallait toujours un temps d'adaptation.

- Les enfants tenaient vraiment à venir à l'école pour participer à l'atelier cuisine...

- Vous auriez dû nous prévenir, nous l'aurions annulé pour vous !

- Pouvons-nous rester pour assister au cours ? proposai-je.

- Bien sûr majesté, c'est une journée parent-enfant.

Son annonce jeta un froid sur Bae et moi, elle n'était pas au courant. Elle demanda au proviseur pourquoi elle n'en avait pas été informé, je baissai les yeux vers Sept et Un qui regardaient leurs pieds, gênés.

- J'ai pourtant bien vérifié que la feuille ait été mise dans le carnet de Sept et de Un, nous assura la maîtresse.

- Les enfants, où est passé cette feuille ? demandai-je bien que je connusse la réponse.

Sept se mordilla la lèvre tandis que des larmes s'étaient mis à couler sur les joues de Un. J'attendis qu'ils s'expriment, je voulais qu'ils se forcent à le faire sinon ils allaient finir comme moi.

- Maman...

- Sept, qu'est-ce que j'ai dit sur le fait de parler une langue que l'on ne comprend pas ? le réprimanda sa maîtresse.

- Mais ce sont les règles, protesta Un pour défendre son frère.

- Ils ont des règles, dis-je à la maîtresse, leur éducation princière leur impose d'être polyglotte, ils doivent donc chaque jour parler une langue différente...Sept, exprime-toi en français !

- Maman ne pouvait pas venir !

- Je viens toujours aux réunions d'école, répliqua Bae en fronçant les sourcils, pourquoi ne m'avez-vous rien dit ?

- Maman ne pouvait pas venir, insista-t-il d'un air frustré.

Un lui tendit sa tétine, il avait la sienne autour du cou mais leur côté fusionnel la poussait à le consoler du mieux qu'elle pouvait. La maîtresse sourit avant de nous expliquer :

- Je pense avoir compris...nous devions cuisiner et offrir le gâteau à la maman, c'était sa semaine car la semaine dernière, ça avait été la semaine du papa !

Je me raidis, cela expliquait tout. Ma relation avec Bae n'était déjà pas claire pour le monde alors je n'imaginais même pas ce qui se passait dans leur tête à eux. Je soupirai avant de demander :

- Papa, tu peux les accompagner se changer ? Un, arrêtes de pleurer, Sept, calme-toi, papa va rester !

Mon fils cadet leva les yeux vers moi, une version miniature de ma personne avec les yeux de Bae. Un, une version adorable de celui que j'aimais plus que tout, renifla avant d'accepter la main de mon père. Bae n'avait rien dit mais elle avait compris aussi. Je me tournai vers la maîtresse et lui demanda :

- Est-ce possible de vous parler après l'atelier ?

- Bien sûr, si vous voulez, nous parlerons pendant que les enfants déjeuneront !

Je la remerciai, elle s'en alla. Bae ne dit rien mais je savais que voir les enfants pleurer comme ça, cela lui avait fait mal. Je lui pris la main et on se dirigea vers les vestiaires.

Je savais que quelque chose s'était passé et que c'était sûrement la raison de la crise des enfants. Bae sourit en embrassant les enfants puis on se dirigea vers la classe.

Évidemment, on attira l'attention. Je savais que j'étais surtout le coupable. Je mis un tablier et m'installa pour commencer à cuisiner.

Une petite fille à notre droite salua mes enfants, Sept sourit fièrement avant de dire :

- C'est notre papa ! A Un et moi !

- Il est beau, s'extasia la fillette. On dirait une prince...

- Mélissa, protesta son père en rougissant, pardonnez-la majesté...

- Pas de soucis, dis-je en posant Sept sur une de mes cuisses, bonjour Mélissa !

Elle rougit. Ce qui m'amusa. La recette était simple et fut rapide à faire mais je fis traîner les choses car Sept comme Un étaient super heureux de cuisiner avec moi. Puis on décora le gâteau avec papa qui eût comme cadeau un cookie de la part des enfants.

- Avo est gentil, dit Sept.

- Très gentil, ajouta Un en l'embrassant.

On rangea ensuite, j'insistai pour le faire avec les enfants car tout le monde insistait pour le faire à ma place. Puis nous nous dirigeâmes vers la cafétéria, je vis Sept parler avec un groupe de petits garçons, il vint me tirer par la main pour m'emmener vers eux.

- C'est mon papa, dit-il avec fierté. Et c'est un prince impérial...

- Empereur mondial, le corrigeai-je exprès.

- Empereur mondial, papa est déjà devenu empereur ? s'étonna-t-il.

- Sais-tu ce qu'est un empereur mondial ? lui demandai-je.

- Quelqu'un qui dirige beaucoup de gens.

- Un Empire.

Il écarquilla les yeux surpris en même temps que le groupe d'enfants, je retirai mon anneau impérial et le lui mit au doigt, il rétrécit et s'adapta à lui, sous leurs regards émerveillés.

- Il est magique !

- En quelque sorte, si Bae est d'accord, c'est toi qui le portera !

Sept avait les yeux qui pétillaient de bonheur, cela m'émut. Il se tourna vers ses camarades et dit une chose qui me fit mal :

- Tu vois, je vous avais dit que j'avais un papa !

Je me raidis. Mon absence leur causait des problèmes. J'imaginai bien le mal qu'ils avaient dû ressentir de voir leurs camarades avec leurs pères tandis que pour eux, on était tous papa et maman, donc pas facile à comprendre.

Je soupirai, mais je ne voulais pas que mon statut ajoute encore plus d'animosité entre eux, je décidai donc d'aider Sept à s'intégrer.

- Papa va ouvrir son château, tu pourras venir le week-end et pourquoi pas inviter tes amis ?

- Un château ? Un vrai ?

- Oui. Il y a même un parc d'attraction que papa a fait construire pour Bae et moi quand nous étions enfants !

- Vous voulez venir ? proposa Sept. Je vais dire à Un aussi d'inviter des amis...

Le groupe hocha la tête, la réaction de leurs parents fut plus amusante, ils étaient sous le choc, je savais déjà qu'ils allaient tout faire pour que leurs enfants soient amis avec Sept. Je pris sa main et on se dirigea vers la cafétéria, je lui demandai :

- Pourquoi as-tu parlé de ton frère ?

- Ils aiment bien Un, me confia Sept en souriant, les garçons comme les filles deviennent tout bizarres et sages quand il est là, et puis ils portent son plateau, son sac, lui offrent des choses...

- Ah oui, ils ont l'air de beaucoup aimer Un...

- Je trouve ça drôle, se moqua-t-il en riant. Moi je leur fais peur, c'est encore plus amusant...

Je ris. Et donc mon adorable qui n'avait que trois ans attirait déjà enfants plus âgés ? Je sentais que j'allais avoir du travail dans les années à venir...

KEMET [T2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant