Quand arrivent les Rolling Stones | t.2

That's How Strong My Love Is

Alors que les yeux de Chace sont encore clos, Jude fait courir son fusain sur la surface du papier. Elle est assise sur la commode de la chambre du jeune homme, uniquement vêtue de la chemise de ce dernier. C'est la première fois depuis sa rencontre avec Chace qu'elle dessine. Pourtant, ses doigts assimilent avec aisance la même technique que dans le passé. L'esquisse du châtain se profile sur le papier blanc avec une extrême précision et un coup de main expert. La radio de la cuisine récite les paroles de That's How Strong My Love Is des Rolling Stones avec une once de friture dans sa retranscription. Les pieds de Jude viennent taper en rythme le premier tiroir de la commode dans un léger bruit sourd qui parvient à éveiller Chace. 

Il plisse légèrement les yeux, accueillit par les rayons du soleil puis sourit à la vue de Jude. Ses cheveux bruns sont attachés en un chignon désordonné dont s'échappe quelques boucles rebelles. Elle signe son oeuvre à la va-vite et le dépose à ses côtés afin de rejoindre Chace entre les draps défaits du lit. Ce dernier s'empresse d'enfouir son nez dans le cou vanillé de la petite brune.

- Je pourrais m'habituer rapidement à ce genre de réveil, ronronne-t-il.

Alors que les Rolling Stones continuent leur concert dans la cuisine, Jude fait courir ses doigts froids le long du torse dénudé de Chace, immédiatement saisit d'une vague de frissons. Le sourire en coin de la jeune femme s'étire, satisfaite de l'effet qu'elle produit. 

- Je me demande tous les jours comment j'ai fais pour supporter cinq ans de ma vie sans toi, soupire-t-il.

- N'y penses plus, je suis là pour rester jusqu'à la fin de tes jours.

Le grille pain émet une furtive sonnerie et Jude se défait à contrecoeur de l'étreinte chaude et réconfortante de Chace. Elle se faufile dans la cuisine pour finir en toute hâte de préparer le petit-déjeuner. Pendant ce temps, il repousse les draps froissés pour venir étudier le dessin qui traîne sur la commode. Ainsi, il se découvre assoupit dans une esquisse en noir et blanc qui gonfle son coeur d'un nouveau sentiment. 

- Tu as repris le dessin pendant ces cinq ans ?, lui demande-t-il encore plongé dans l'observation du dessin.

- Non, je suis contente de constater qu'apparemment la technique ne se perd pas au fil du temps, sourit-elle.

Jude lui confisque le dessin pour le ranger dans sa pochette puis, elle tend une assiette de pains grillés à Chace qui vient embrasser son front avec tendresse. 

- Emmènage ici, avec moi après le mariage, réclame-t-il la bouche pleine.

Elle se fige alors qu'elle range les multiples DVDs qui traînent au pied du canapé. 

- On en a déjà parlé, Chace, je ne peux pas quitter ma famille ou même mon poste à la maison d'édition, j'ai eu énormément de mal à déccrocher ce travail, je ne tiens pas à recommencer.

- Pourtant on serait tellement bien ici. Paul resterait avec nous une semaine sur deux, on irait le conduire à l'école tous les deux puis je te déposerai au travail. New York fourmille de maisons d'éditions à la recherche de nouveaux employés aux idées novatrices !

Jude range avec précaution les disques dans la bibliothèque et adresse un sourire contrit à Chace qui ne le quitte pas du regard.

- A mon tour de te faire rêver. Imagine-nous dans un petit cottage dans la campagne anglaise. On parviendrait à obtenir la garde de Paul. Tous les matins il viendrait nous réveiller dans notre nid d'amour alors que le soleil se lèverait sur la vallée. Je vous préparerai votre petit-déjeuner puis nous nous rendrions au travail tous ensemble en chantant des vieux tubes des Rolling Stones dans notre voiture bruyante mais si confortable.

Jude se tient à présent face à Chace qui semble perdu dans l'imagination de cette vie presque parfaite. Une fois de retour sur terre, il attire Jude contre son torse, avec douceur et une lueur d'espoir au coin de l'oeil.

- Et comment tu comptes obtenir la garde de Paul ?

- Noah est avocat. Je ne suis pas une experte mais il me semble que Sasha est loin d'être la mère parfaite. J'ai vu le regard de Paul lorsque nous l'avons déposé chez elle et, même si je ne suis pas pleinement consciente des responsabilité que cela implique, j'ai envie d'offrir une enfance emplit d'amour et de sécurité à ton fils. 

- Bon dieu ce que je peux t'aimer.

Chace positionne Jude sur la commode de la chambre, comme précédemment et la gratifie d'un baiser passionné.