La nuit tombe sur Manhattan quand Chace rejoint Jude dans sa chambre. Elle est assise en tailleur, devant la baie vitrée, une tasse de café à ses pieds. Il est enfin parvenu à la convaincre de rester chez lui. Elle se retourne vers lui, à la seconde où il franchit le seuil de la pièce. Un silence réconfortant flotte dans l'air. Paul est endormit, de l'autre côté du salon; dans la chambre d'ami. Il est évident que le petit garçon raffole d'ores et déjà de la compagnie de Jude. Chace se sent rassurer qu'un obstacle tel que celui-ci ne se présente plus sur leur chemin. Il vient s'installer à même le parquet, à ses côtés pour passer un bras autour de ses épaules et l'attirer avec douceur contre lui.
- Il m'arrivait de m'asseoir devant la fenêtre de ma chambre, à Bristol et de nous imaginer dans une belle maison dans les hauteurs de la ville. On s'allongerait au coin d'un feu de cheminée et on écouterait les Rolling Stones jusqu'à ce que le soleil se lève.
Il joue avec ses cheveux, maintenant à longueur d'épaules, comme il aimait tant le faire par le passé. Chace ne sait pas quoi ajouter à cela. Lui aussi s'était souvent perdu à envisager un avenir à New York dans les bras de Jude où aucun malheur de pourrait lui arriver.
- Je me disais que si je te voyais, tout serait facile, on s'enlacerait et, comme dans les films tous nos problèmes s'envoleraient. Mais, en réalité nous n'avons fait qu'empirer les choses: sauter à pieds joints dans les ennuis.
Une vague lumineuse remplace les imposantes silhouettes des immeubles. Jude se met alors à genoux, face à Chace qui l'observe.
- Peut être qu'en s'accrochant une fois de plus l'un à l'autre on espérait juste essayer de sentir ce que c'était d'avoir à nouveau dix-sept ans...
Elle passe une main dans ses cheveux ou se mélange le châtain et des reflets blonds. Chace sent à travers ses mots qu'elle commence à lui filer entre les doigts. Il encadre son visage aux traits torturés et plante son regard dans le sien.
- Entre toi et moi ça n'a jamais été une question d'âge ou de compte en banque, Jude. Tu le sais aussi bien que moi, un amour comme le notre est aussi passionnel que fragile. A la moindre étincelle tout ce que l'on s'atèle à reconstituer peut partir en fumée. Et, ça, je ne le permettrai pas. Je t'aime, Jude, comme un fou et, je perds le nord sans toi.
Pendant le monologue du jeune homme il gagne le lit défait. Jude dépose sa tête sur les genoux de Chace qui poursuit les mouvements lents entre ses mèches de cheveux. Pour la première fois en cinq ans, Jude sent ses membres se relâcher sous les caresses et le regard tendre du châtain. Le monde s'arrête entre ses doigts.
- Te laisser prendre ton envol a été la chose la plus difficile à faire de toute ma vie, souffle-t-elle.
- Tu sais que je suis incapable de déployer mes ailes si tu n'es pas là pour dire comment faire, réplique-t-il.
- J'aime ce qu'on est, ce duo si atypique et fusionnel. Un peu comme Mick Jagger et Keith Richards, sourit-elle.
- Eux ne se sont jamais séparés, preuve est faite que nous dépendons l'un de l'autre.
Jude ferme les yeux. D'abord pour éviter d'avoir à soutenir le regard hypnotique de Chace. Puis, pour savourer pleinement cette quiétude qui s'éprend de chaque partie de son corps. Elle laisse les paroles du jeune homme s'insuffler en elle telle une prière que l'on se répète mentalement et à laquelle on se raccroche désespérément.
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Quand arrivent les Rolling Stones | t.2
RomanceEn cinq ans, les décors changent, les personnes également. Mais, on ne modifie pas une histoire. Alors, Chace et Jude seront-ils capable de rattraper le temps perdu ? Ceci est le tome 2 de 'Quand chantent les Beatles'.