Chapitre 11

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  Ariane était arrivée devant un immeuble, de l'autre côté de la Tamise, vers le Tabernacle Métropolitain.
Elle se trouvait devant un institut de danse, et les pièces du puzzle s'assemblait dans sa tête à très grande vitesse.
Alex n'était pas en train de travailler, ni en train de se balader, mais elle était à la danse. Sa passion, son intimité.
Et Ariane avait l'impression d'empiéter sur un territoire interdit.
Elle ne comprenait pas pourquoi la plus vieille l'avait conviée à la rejoindre dans sa sphère privée.
Lorsqu'elle pratiquait encore la musique, Ariane détestait lorsque l'on la dérangeait pendant qu'elle s'entraînait. C'était comme une sorte d'intrusion.
Sa présence devant l'institue de danse était alors une forme d'intrusion envers Alex ? Même si c'était cette dernière qui l'avait conviée ?
Ariane sentit son coeur défaillir. Alex voulait-elle qu'Ariane la rejoigne par pitié ou par amitié ? 

-Ariane, ne reste pas plantée là ! 

La voix de la jeune femme venait de retentir devant elle, puis une main s'empressa de l'attirer à l'intérieur du grand bâtiment.
Leurs yeux s'affrontèrent, et l'angoisse de la cadette s'estompa aussitôt.
L'air narquois de son vis à vis était parvenu à la calmer en quelques secondes, en un regard. Ariane descendit alors son regard : Alex était habillée d'un jogging près du corps ainsi que d'un gilet fermé jusqu'en haut.  

-Tu ressembles à un cadavre, déclara Alex en scrutant le visage pale d'Ariane qu'elle tenait entre ses deux mains. 

La seule note de couleur était ses lèvres bleuies. Ses dents jouaient toujours des castagnettes, et son corps tremblait de partout.
Les gestes d'Alex étaient tendres sur les joues d'Ariane. Ce contact, source de chaleur, soutira un soupire de bien être à la cadette, qui appuya légèrement sa joue contre la paume caleuse mais agréablement brûlante d'Alex.  

-Tu es gelée ! T'es complètement givrée, ma parole, Spy ! ricana l'adulte. T'as vu le jeu de mot ? 

Ariane gratifia son aînée d'un regard noir, tandis qu'elle avait plaqué sa main glacée par-dessus celle de la danseuse.
La brune avait l'envie folle de se blottir contre Alex, afin de se réchauffer le plus possible. Et ce même si elle détestait les contacts physique.
Alex se tourna vers la secrétaire, qui couvait les deux jeunes-filles d'un regard tendre. Ariane fronça les sourcils, et se demanda ce que pensait la dame derrière son bureau. 

-Karine, je fais monter mon amie avec moi à l'étage. A tout à l'heure ! 

-Pas de problèmes, répondit la femme âgée d'une cinquantaine aux cheveux grisonnants. 

Alex glissa un bras d'Ariane sur son épaule, et faufila le siens autour des hanches de la brune.
Ainsi, elles se dirigèrent vers l'escalier en colimaçon qu'il y avait juste à côté du bureau de l'accueille.
Au fur et à mesure qu'elles montaient, elles croisaient tout types de danseuses et danseurs. Petites et minces, ou alors trapues, des danseurs fins et musclés... 

-Il est où, mon chocolat chaud ? murmura alors Ariane, tandis qu'elle se concentrait pour monter les escaliers correctement, essayant de ne pas montrer ses difficultés à lever sa jambe droite. 

-Tu l'auras quand on sera dans mon studio. 

Alors Alex avait une pièce de danse dédiait à son usage personnel ?
Les deux filles montèrent jusqu'au dernier étage, et Alex expliqua que les deux derniers niveaux étaient composés de studios réservés aux élèves qui souhaitaient s'entraîner seul. 

-Comme je danse ici depuis dix-neuf ans, j'ai ma salle privée. Elle n'est pas bien grande mais il y a une barre et ça me va amplement. 

Elles s'arrêtèrent devant une porte en bois, au fond du long couloir.
Pendant qu'Alex déverrouillait la porte, Ariane analysa les alentours : le bâtiment était vraiment très vieux.
Les murs étaient blanc cassés et recouvert de photos de danse en tout genre, ainsi que d'articles de journaux encadrés. Les portes, les escaliers, les contours de fenêtres et le plancher étaient en bois brun foncé et verni. C'était tout à fait au gout de la jeune fille, qui adorait cette esprit épuré et boisé. 

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