Chapitre 15

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  Il pleuvait des cordes, ce jour là, un orage tumultueux ayant élu domicile au-dessus de la capitale d'Irlande. 
Ariane avait décidé de prendre le chemin le plus court afin de rentrer chez elle sans tomber plus malade qu'elle ne l'était déjà. Elle ne voulait pas que son rhume se transforme en une grosse grippe. Et surtout, ne pas contaminer les jumeaux
La jeune fille n'aimait pas beaucoup ce raccourci qui n'était jamais emprunté : bien qu'elle n'aimait pas la foule, elle préférait lorsqu'il y avait de la circulation et d'autres piétons, cela lui donnait une impression de sécurité.
Mais le temps était vraiment catastrophique, et elle préférait rentrer chez elle plus vite, pour une fois.
Elle marchait rapidement dans les ruelles sombres et à l'odeur pour le moins désagréable.
Enfin, le plus vite que lui permettait sa jambe boiteuse.
Exceptionnellement, ses cours s'étaient terminés plus tôt et elle n'avait pas prévenus Soan, qui était à la maison. Elle souhaitait lui faire une sorte de surprise en lui disant : je vais t'aider avec les jumeaux ! C'était le meilleur qu'elle pouvait lui apporter.
Alors elle marchait à l'allure qu'elle estimait la meilleure pour tenir sur plusieurs kilomètres. Soucieuse, l'irlandaise regardait souvent autour d'elle, par précaution

-Regardez qui voilà, lança une voix mesquine derrière elle.

Ariane se tourna brusquement, tendue. Une bande de filles du lycée, qui était dans sa classe il y avait une ou deux années de cela. Elle ne se rappelait pas de leurs noms, à peine de leurs visages, c'était pour dire ! 

-C'est l'handicapée, répondit une autre en riant, accompagnée des autres. 

La brune leva les yeux au ciel et reprit sa route, se répétant à quel point ces filles faisaient pitié. 

-Oh, qu'est-ce que tu fais, là ? brailla l'une des pimbêches. 

La brune ne répondit toujours pas et continua sa route, suivit de près par les intruses. 

-En plus d'être handicapée, cette conne n'a aucun instinct de survie. Quand on te parle, tu réponds et tu attends qu'on te dise de partir ! 

Ces mots furent accompagnés d'une violente bousculade, qui propulsa Ariane sur le sol trempé. Sa besace en cuir dans un flaque d'eau à côté d'elle, Ariane prit quelques secondes pour analyser la situation.
Cinq filles, dont la moitié était plus grande qu'elle, la regardait comme si elle n'était qu'une chienne. Et encore, on regardait un canidé avec plus de considération. 

-C'est dingue ça, faut vraiment être stupide pour contraindre les autres à nous blesser. 

Ariane ne répondit rien, et amorça un geste pour se relever. 

-Pas bougé, le chien ! 

Un coup de pied atteignit ses côtes. Un coup qui la fit rouler sur le sol. Un gémissement étouffé franchit la barrière de ses lèvres, alors qu'elle mena une main à son ventre. 

-Enfin une réaction ! Bravo, félicita l'une des filles, celle qui venait de la renvoyer au tapis. 

-Regarde toi, ma pauvre fille. Tu ne sers à rien, tu n'es rien, asséna l'une d'elles. 

-Je me demande pourquoi tu n'es pas morte en même temps que tes parents, et que ta petite sœur. C'est peut-être toi qui les a tués, d'ailleurs. 

-Dieu t'as montré le chemin à suivre : il t'a mené vers la mort, mais tu l'as défié. Il a dû se dire que vivre dans le remord et sans ta famille devrait être pire. Mais il a pimenté les choses en te retirant ta jambe. Tu ne vois pas les signaux qu'il t'envoie ?!

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