2.

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- Tu as quand même claqué la porte au nez de ton futur mari, mon cœur.

- Tu étais un abruti fini.

- Tu m'as jugé dès notre première rencontre.

- Et je ne me suis pas trompée, tu me l'as parfaitement démontré après.

Les semaines suivantes, elle fut tellement occupée qu'elle en oublia presque le visage de cet homme. Presque, car il lui semblait l'apercevoir parfois, au coin de la rue. Et puis, avouons-le, son charme et cette sensualité qu'il dégageait ne pouvaient s'oublier si facilement. Heureusement que son travail dans ce si réputé cabinet d'avocats la tenait assez occupée pour empêcher à ses pensées de tergiverser vers cette bouche si tentatrice. D'ailleurs, elle avait déménagé dans ce quartier, quittant le domicile familial après maintes négociations avec son paternel pour se rapprocher de son lieu de travail, d'autant plus que ses heures de descente s'avéraient de plus en plus tardives. C'était d'ailleurs la seule condition qui avait fait pencher la balance vers cette liberté face à un père inquiet de voir sa fille prendre seule le chemin qui reliait le quartier des Maristes à son bureau au milieu de la nuit.

A ce rythme, le week-end était le moment qu'elle attendait le plus en ce moment, et il était enfin là. Elle avait commandé un carton de pizza sur le chemin, et ne pensait qu'à se mettre en pyjama, devant un bon film. Le carton de pizza sous le bras dégageant une odeur plus qu'alléchante, elle se dirigea vers l'ascenseur. La porte s'apprêtait à se fermer lorsqu'elle la vit être bloquée par un pied, dont le propriétaire prit place à ses côtés la seconde suivante, un sourire collé sur ses lèvres.

- Comme l'on se retrouve !

Elle l'ignora, se contentant juste d'appuyer sur le bouton 5.

- Vous êtes toujours aussi ravissante, dit-il, en la scrutant de haut en bas, toujours en souriant.

Elle ne répondit toujours pas. A la place, elle se mit à réciter tous les versets qui lui passaient en tête. Le regard que posait cet homme sur son corps était plus qu'explicite. Elle crut même à un moment qu'il était revenu dans l'immeuble pour elle.

- Vous ne voulez toujours pas me donner votre numéro ?

L'ascenseur s'arrêta, et elle sortit précipitamment de cette cage. Sans surprise, il la suivit, ce qui accéléra les battements de son cœur.

- Qu'est-ce que vous voulez ?

- Rien du tout.

- Pourquoi vous me suivez ?

- Je ne vous suis pas, j'ai raté mon étage à cause de vous.

Elle ne bougea pas, attendant de le voir reprendre l'ascenseur. Elle n'allait même pas prendre le risque d'ouvrir son appartement. Au pire, elle pouvait crier s'il tentait quelque chose, et les voisins l'entendraient sûrement.

- Je peux au moins connaître votre prénom ?

Elle ne bougea pas d'un millimètre. Il s'approcha d'elle, tout doucement, la paralysant sur place. Son parfum lui titilla les narines, mais elle ne fit pas attention. Elle voulait juste rentrer chez elle. Il la regarda pendant quelques secondes, puis se dirigea vers les escaliers comme ça, sans prononcer ne serait-ce qu'un seul mot. Elle expira profondément tout l'air qu'elle avait retenu, avant de rentrer chez elle.

A la dernière minute, elle décida de prendre soin d'elle ce soir. Ainsi, elle remplit sa baignoire d'eau chaude qu'elle parfuma à la lavande, attacha ses extensions dans un chignon haut et plongea dans ce délice qui détendit immédiatement ses os. Elle ferma les yeux et laissa son imagination l'emporter vers des contrées qu'elle n'avait jamais visitées, des lieux insoupçonnés, des endroits très éloignés où elle pouvait réaliser ses fantasmes les plus honteux, les plus enfouis. Et ce n'est pas la sensation de l'eau qui s'était refroidie qui l'avait extirpée de ses pensées, mais plutôt celle de cette bouche qui se promenait sur les recoins les plus secrets de son corps. Elle ouvrit les yeux toute chamboulée, et s'attela à se gommer le corps avec son mélange de miel, sucre et café dont elle s'enduisit tout le corps et qu'elle laissa reposer pendant une bonne vingtaine de minutes. Sa peau était douce, et elle sentait incroyablement bon. Elle enroula sa tête dans une serviette et son corps dans une autre. Elle posait un masque d'argile verte sur son visage lorsque son portable se mit à sonner, affichant le numéro de sa cousine Diarra.

Soraya.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant