6.

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La vie avait repris son cours. D'ailleurs, je n'ai jamais compris cette expression. Son cours s'était-il arrêté un jour ? S'est-il suspendu ? J'ai lu quelque part que la vie ne s'arrête que pour celui qui meurt. Cela voudrait-il dire que, dans la mesure où une personne meurt chaque minute et qu'une autre naît à la même minute, la vie recommence et interrompt son cours à chaque minute ?

Temps yi yi mey dieul mo khawa fort.

Il était presque six heures lorsque le réveil sonna, annonçant le début d'une nouvelle semaine. Yéwou bala mouy nekh nak, nga fanane akh kiy doundeul seu khol. Abdel le désactiva sur le portable de sa femme et la serra encore plus contre lui, son torse contre son dos, ses bras enroulés autour de sa taille.

- Ne bouge pas s'il te plaît !

- Lève-toi, il y a boulot aujourd'hui.

- Non, reste encore un peu comme ça !

Elle n'essaya même pas de s'y opposer. Qui est fou ? Le choix est vite fait entre la fraîcheur matinale de ce mois de janvier et la chaleur enivrante de ces bras qui la réchauffaient, cette douce température qui se dégageait de son corps musclé. Elle se releva et se coucha sur lui, sa tête enfouie dans le cou de son mari. Il la serra tellement fort qu'elle eut l'impression de s'être imbriquée en lui. Son corps en frissonna. Il se mit à lui caresser les fesses, à les malaxer d'une si douce façon qu'elle en soupira d'aise, en gémit inconsciemment. Elle ressentit sur sa jambe qu'il commençait à s'exciter.

- Tu vas vite te calmer ! N'y pense même pas. Et puis sakh, mayma ma diouk, dit-elle en essayant de se relever. (Laisse-moi me lever. )

- Wah ? Lane la def ? (Qu'ai-je fait ?)

- Khamoko ? Escroc. Enlève tes mains de mon corps.

- Moh, ce corps ne t'appartient plus di.

- Waw lolou nga fokk. Abdel Sall téguil fofou sey lokho la wakh, na gaw. (C'est ce que tu penses. Abdel Sall enlève vite tes mains de là-bas. )

- Wah ? Okay, comme tu le souhaites.

Il enleva ses mains et les posa sur son dos, mais bougea de telle sorte que son sexe se positionna juste à l'entrée de celui de sa femme.

- Yaw ngani da nga mounoul gueum Yalla ? (Tu ne peux pas croire en Dieu?)

- Gueum ko motakh meu beugue yaatal ndiabotou yonente bou tedd bi. En plus da nga ma lew. (C'est parce que je crois en Lui que je veux élargir la communauté de notre bien aimé Prophète. En plus, tu m'es licite. )

- Idiot.

- Regarde-moi.

Elle releva la tête et leurs yeux se croisèrent. Ce regard était synonyme de soleil, d'air, d'ombre et de lumière. Il était plein de sens, plein d'échanges.

- Wa légui Soraya mane rey meu, beugue na. (Tues moi, je le souhaite.)

- Nganima ? (Répète?)

- Bébé, mange-moi. Boulma yeureum. (N'aie pas pitié de moi. )

Elle éclata de rires, avant de se lever. Elle déposa un tendre baiser sur ses lèvres avant de se diriger vers la salle de bains. Elle y prit sa douche et fit ses ablutions avant de sortir pour être remplacé par son mari. Elle s'habilla d'un jellaba, mit un voile et se mit à prier Fajr. Elle remercia Allah pour tout le bonheur qu'Il lui permettait de vivre, pria pour son mari et son fils, pria pour sa famille. Puis, ensemble, ils prièrent Sobh.

Ensuite, pendant qu'elle se maquillait et s'habillait, Abdel s'en alla réveiller leur enfant de deux ans qu'il devait plus tard déposer à la crèche. C'était un pur moment de bonheur qu'il aimait particulièrement passer avec son petit garçon. Khachim était tout son monde. Il se tuait à la tâche pour lui offrir la meilleure éducation possible. Il ne lésinait pas sur les moyens pour lui faire plaisir, au grand dam de Soraya qui lui reprochait souvent d'en faire un enfant gâté. Son fils ne méritait-il pas d'être traité comme le petit prince qu'il était ?

Soraya.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant