La lumière filtre doucement dans la pièce, me tirant de mon sommeil tranquillement mais en m'agressant tout de même les prunelles. Je suis dans le gaz... je tente de me lever de mon lit et glisse sur le sol. Ah, j'étais pas dans mon lit mais sur le bord du canapé manifestement. Je me rappelle vaguement la soirée de la veille.Ah. J'avais finis la bouteille de vin à moi toute seule, je réalise en contemplant le cadavre vide et gisant sur le tapis beige sous les pieds. J'avise ensuite le téléphone abandonné sur la table basse ainsi que l'album photo ouvert sur le parquet.
Je me souviens alors avoir eu ma mère au téléphone dans la soirée, me suppliant presque de venir passer les fêtes chez elle. Je me rappelle aussi avoir commencé à boire mon vin blanc à peine avais-je raccroché après avoir, bien évidement, refusé sa proposition.
Mon regard accroche l'horloge sur le mur principal et je bondis sur mes pieds. Je suis pire qu'en retard. Je file sous la douche que j'expédie en quelques minutes puis m'habille prestement d'un tailleur de couleur bleu nuit avant de me précipiter vers la sortie.
Je frissonne dès que j'ai le nez dehors, il fait plus froid que la veille même si la pluie n'est plus présente. Comme la veille, j'enfonce ma tête dans le col de mon manteau pour me protéger de la fraîcheur du matin cette fois et presse le pas pour me rendre à la bouche de métro la plus proche sous les bruits des voitures, des passants qui râlent et l'odeur du café qui m'accompagne.
Soudain, je glisse.
Je bats des bras comme une idiote pour essayer en vain de retrouver mon équilibre en vociférant un tas d'injures puis m'étale lamentablement en poussant un cri de stupeur.
Lorsque j'ouvre les yeux, un mal de crâne lancinant est présent, tellement douloureux que je les refermais aussitôt. Lentement, j'ouvre à nouveau les yeux et observe autour de moi. Du blanc. Partout du blanc cotonneux et des petits points blancs qui voltigeaient autour de moi. Merde, il neige ? Quand j'ai glissé sur la plaque de verglas je suis sûre et certaine qu'il ne neigeait pas ! Il pleuvait certes mais c'est tout... comment en l'espace de quelques minutes le sol a pu être recouvert d'au moins quinze centimètres de neige ?
- Hey, ça va ?
Je relève la tête et rencontre deux prunelles bleues qui me regardent avec inquiétude. J'hoche la tête, incapable de répondre tant je suis absorbée par le regard de cet homme au teint mate. Putain, ce sont les yeux les plus bleus et les plus beaux que j'ai jamais vu ! Je déglutis et il hausse un sourcil qui part se cacher sous son bonnet noir qui lui couvre les cheveux, je baisse les yeux et remarque une main gantée tendue dans ma direction. Je m'en saisis et il me relève en deux secondes, comme si je ne pesais rien. Je suis violemment projetée contre lui et je me mis à ronchonner le nez collé contre la fermeture éclair de son blouson. Je m'écarte vivement et le remercie avant de me baisser afin de récupérer mon sac et d'amorcer un demi-tour.
- Attendez, vous avez oublié votre cadeau.
- Hein ? Quel cadeau ?
L'homme me tendis un paquet enveloppé d'un papier vert et rouge avec un joli noeud qui l'entourait. Je le contemple sans un mot, ce truc n'était pas à moi.
- Vous êtes bien Sally ? insista le type avec un regard inquiet.
- Oui mais...
- Alors c'est à vous.
Sur ces mots, il me fourre le paquet dans les bras et c'est seulement à cet instant que je remarque mon prénom inscrit sur une petite carte coincée entre l'emballage et le noeud du cadeau. Je soupire, ça n'allait tout de même pas recommencer ? Un inconnu avait déjà voulu que j'ouvre une enveloppe et maintenant ce foutu présent ?
Je regarde autour de moi, le type était toujours à quelques pas de moi et il me fixait avec l'air inquiet ou de me prendre pour une folle. La rue était recouverte de neige blanche et immaculée, comme dans les films et pas un peu sale comme dans l'ordinaire. Les gens riaient en marchant tout en buvant ce qui me semblait être des boissons chaudes, les enfants étaient bien emmitouflés dans des gros manteaux, des bonnets sur le crâne et une grosse écharpe moelleuse autour du cou. Il n'y avait presque pas de voiture qui circulaient malgré le fait que la route était dégagée, une odeur de cannelle s'échappait d'une petite roulotte non loin de là et une chanson de Noël résonnait dans la rue.
Mais je suis où ?
Où était passé la bouche du métro, qu'avait-on fait du Starbucks à l'angle de la rue ? Pourquoi il neigeait ? Pourquoi tout le monde semblait heureux alors qu'au moment où j'avais glissée, les gens autour de moi bougeaient ? Et ce fichu cadeau, d'où venait-il ?
- Ça va ? Vous semblez perdue.
Je le regarde, toujours perturbée puis agite mon regard sur tout ce qui nous entourait. Je ne reconnais rien de ce qui se trouve sous mes yeux.
- On est où là ?
- Euh... vous êtes sûre que ça va ? insiste le type en me regardant d'un air ahuri.
- On est où futain ?!
Futain ? Depuis quand je n'arrive pas à sortir une insulte correctement ?!
Mes pensées s'arrêtèrent à l'instant même où le gars me dit le nom du patelin où l'on se trouvait :- SnowCreek pourquoi ?
SnowCreek? Une ville dont je ne savais même pas qu'elle existait ? Une ville n'était pas New York où je m'étais réveillée ce matin ? Une ville qui ne grouillait pas de vie, de buildings, de classe ? Une ville qui était insignifiante, petite, où les gens semblaient heureux et où manifestement il neigeait dès le deux décembre. Ou peut-être même le premier novembre vu la hauteur de la poudre blanche. Une ville qui était tout sauf New York. Tout sauf chez moi.
- SnowCreek ? je répète, incrédule. Comment j'ai atterris ici ? J'ai glissé sur une plaque de verglas en plein cœur de Manhattan et voilà que je me retrouve dans ce trou perdu !
Le gars me regardai toujours, cette fois la lueur dans ses yeux tendait plus vers le fait que j'étais probablement folle. Ce que j'étais sûrement...
VOUS LISEZ
Merry F*cking Christmas - Terminée [en correction]
ChickLitSi on m'avait dit ce matin en me réveillant que j'allais m'étaler sur une plaque de verglas en vociférant comme un gros phacochère et me cogner si fort la tête que j'ai atterris dans un putain de monde parallèle digne des téléfilms de Noël, je l'aur...