Le jour pointait difficilement le bout de son nez. Les toits des bâtiments couverts de givres se dévoilaient lentement. Un faible soleil se levait sur Séoul et venait illuminer la ville de sa lumière blanchâtre. La pénombre tardait à partir.
Pourtant, la ville, elle, était déjà bien éveillée. Le bruit des transports, la fumée des véhicules et les lumières agressives des néons publicitaires venaient perturber ce qui aurait pu être une douce matinée silencieuse. Mais les gens n'avaient pas le temps. Il fallait se lever tôt pour aller au travail et se frayer un chemin à travers la foule. Batailler pour obtenir sa place dans métro, composter son ticket, marcher vite pour arriver à l'heure.
Loin de cette agitation, seules deux âmes avaient pris le temps d'apprécier cette matinée hivernale. Deux adolescents étaient assis en tailleur sur leur lit, les yeux rivés sur le miracle qu'était le soleil qui se levait chaque jour. Leurs mains étaient entrelacées tendrement.
Ils ne parlaient pas. Ils respectaient le silence plein d'histoire de la pièce. Ils voyaient tout. C'était comme s'ils s'étaient réveillés après avoir été aveugles pendant des années. Les nuages rosés qui perçaient le ciel. La lumière qui réchauffait doucement les immeubles. L'oiseau qui quittait le toit d'un des buildings pour passer devant la porte d'un appartement . La porte ouverte qui laissait voir la mère qui embrassait son enfant avant l'école. La petite-fille qui en partant aidait une vieille dame à traverser. Le conducteur arrêté qui attendait patiemment. La voiture ronronnante dont la fumée s'élevait dans la ville. Les bâtiments dont certains volets étaient encore fermés. Les rideaux de leur propre fenêtre qui pendaient immobiles. La buée de leur respiration sur la vitre. La sensation de froid sur leurs visages sereins. La chaleur émanant de la proximité de leurs corps. L'amour inconditionnel qu'ils se portaient.
Oui, ils étaient désormais capables de voir tout ça. Ça leur avait pris du temps. Ils s'étaient déchirés. Mais les deux jeunes hommes étaient à présent réunis et plus rien ne saurait les séparer. Ces derniers mois l'avaient bien prouvé, et ça n'était que le début. Le brun détourna son regard de la ville en mouvement et le posa sur l'homme à ses côtés. L'homme qu'il aimait.
Il avait l'air apaisé. Il fixa sans retenu son visage aux recoins emplis de perfection. Ses cheveux châtains qui retombaient doucement sur son front. Sa peau lisse et encore légèrement hâlée de l'été dernier. Ses yeux tendres emplis de sentiments. Sa bouche délicate aux airs de cerise. Il l'aimait si fort !
Se sentant observé, l'apollon posa ses pupilles sombres sur lui. Après un instant, ses yeux se plissèrent et ses lèvres s'étirèrent en un sourire amoureux. Le coeur du plus âgé rata un battement. À l'instar de ce qu'il venait de voir à la fenêtre, le jour se levait sur le visage de son âme-soeur. Tous les nuages du ciel s'écartèrent et le temps se figea. Les bruits aux alentours cessèrent, tout leur environnement disparu, ne laissant de trace que la délicate lumière rosée qui illuminait la peau fine de son vis-à-vis. Leurs regards s'accrochèrent, comme on vient enlacer les gens qu'on aime.
Leurs lèvres se réunirent dans un baiser délicat aux accents timides. Elles se cherchaient, se retrouvaient et revenaient toujours l'une contre l'autre, dans un besoin de contact imminent. Enfin, les deux jeunes hommes se séparèrent. Il était temps de commencer leur journée de travail. Ils se levèrent ensemble et se rendirent jusqu'à la cuisine de l'appartement. Le plus jeune fit s'assoir son ainé sur une des chaises hautes. Il se dirigea ensuite vers les placard pleins et en sorti un pot de miel. D'un mouvement de menton et d'un regard, il interrogea son petit-ami. Le voyant hocher vivement la tête en guise de réponse il prépara deux tasses de lait chaud avec du miel. Une fois cela fait, il vint prendre place aux côtés de son amoureux et lui tendit sa boisson chaude.
- Merci !
Il lui répondit d'un sourire éclatant. La discussion se lança naturellement. Qu'allaient-ils faire de la journée ? Avaient-il autant apprécié le film d'hier soir l'un que l'autre ? Les sujets changeaient rapidement avec aisance et filaient bon train, jusqu'à ce que le regard du cadet ne soit attiré par un objet posé sur la table.
- C'est le téléphone de qui ?
- Je ne sais pas. Le jeu de mot est mignon !
- C'est vrai, le petit dessin aussi ! La baleine est très mignonne.
-J'aime bien les jeux de mots comme ça, c'est chou.
Le plus jeune hocha la tête, approuvant ses dires. Il fixa sa tasse un instant, regardant le liquide blanc osciller légèrement dans le récipient. Il semblait dans la lune. Après quelques secondes, un sourire presque imperceptible se forma sur son visage. Le voyant perdu dans ses pensées, son petit-ami lui caressa tendrement la joue pour attirer son attention. Qu'est ce qui pouvait bien le faire sourire comme ça ? Alors qu'il s'apprêtait à lui poser la question, le concerné le devança. Son sourire s'agrandit, les yeux toujours fixé sur sa boisson réconfortante.
- I love uyu.
Le brun ne répondit pas, surpris. Il n'avait pas compris ce qu'il venait de dire. Ses lèvres retracèrent silencieusement les mots précédents. Soudain, son regard s'éclaira et son visage s'illumina d'un grand sourire chaleureux. Rougissant, il vint cueillir du bout de ses lèvres celles de son amoureux, qui les scella avec plaisir. Le baiser avait un doux goût de lait sucré.
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Et voilà que marque la fin de cette histoire !
J'ai remodifié pratiquement tous les chapitres parce qu'il était clairement hors de question de laisser Woojin dans l'histoire. Je me placerai toujours du côté des victimes car quitte à me tromper, je préfère soutenir par erreur un potentiel menteur plutôt qu'un potentiel violeur.
Ça m'a permit de modifier par la même occasion des parties qui me gênait éthiquement (genre tout le chapitre dans la voiture) et au niveau de l'écriture.
Pour ceux/celles qui n'ont pas compris, je fais référence aux coques de téléphones que Félix, Jeongin et Seugmin avaient, avec des jeux de mots plutôt mignons en coréen. Voici la coque avec la baleine :
Et voici celle qui a inspiré l'histoire :
Merci d'avoir lu cette histoire jusqu'au bout, j'espère que vous aurez passé de bons moments à la lire !
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Minsung - I love uyu
RomanceLes sentiments de Minho et Jisung s'entremêlent et s'éloignent, se cognent et se rejoignent. Arriveront-ils à trouver leur équilibre ?