Colombe

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2 décembre

A la table du petit déjeuner, Harry était perdu dans ses pensées, alors qu'il repensait au repas qu'il avait partagé la veille au soir avec Drago Malefoy. Passé la première surprise, ce dernier était entré prudemment dans les cuisines poussé par Harry. Il avait rapidement tenté de dire qu'il n'avait pas faim, mais Harry avait demandé aux elfes d'apporter du chocolat.

Il savait que le blondinet avait un faible pour les douceurs, et il comptait bien le tenter pour qu'il se nourrisse un minimum.

Sans surprise, face au saladier de mousse au chocolat, Drago avait craqué et commencé à manger avec un plaisir évident.

Ils n'avaient pas échangé le moindre mot bien sûr. C'était déjà miraculeux que sa première approche ait eu des résultats concrets, il n'allait pas se plaindre...

En ce deuxième jour de décembre, Harry se demandait donc ce qu'il allait pouvoir faire pour attirer l'attention de Malefoy.

Il sursauta malgré lui en voyant les hiboux entrer pour la distribution du courrier. Cependant, en voyant un groupe d'oiseaux blancs plus petit, il fronça les sourcils, perplexe.

Puis, les oiseaux en questions se posèrent devant lui, attendant visiblement qu'il s'empare du parchemin transporté par l'un d'entre eux.

Avec un soupir agacé, il rompit brutalement le sceau et grogna en voyant le papier officiel.

- C'est une plaisanterie ? Le Ministère m'envoie un putain de groupe de colombes ?

Neville ricana tandis que Lavande s'émerveillait des oiseaux délicats. Avec une grimace écœurée, Harry lâcha la lettre sur la table sans la lire et dispersa les colombes d'un geste impatient de la main. S'il tenait la personne qui avait eu une idée aussi... stupide, il se chargerait de lui faire passer l'envie des innovations en matière de transport de courrier.

Son regard croisa la silhouette de Drago avant de revenir observer le rouleau de parchemin ministériel. Il fronça les sourcils, avant de se lever brusquement. Il s'empara de son courrier et marmonna un mot d'excuse à l'intention de Neville, avant de partir à toute vitesse de la Grande Salle.

Désormais habitué - malgré lui - il ignora les regards fixés sur lui.

De retour dans son dortoir, il commença par prendre connaissance de la missive. Sans surprise, le Ministre voulait le nommer "Ambassadeur de la paix" - d'où les colombes - et souhaitait l'inviter au grand bal de Noël. En temps normal, il aurait immédiatement refusé.

Mais Hermione lui avait appris à réfléchir avant d'agir et à se méfier de ne vexer personne en refusant trop brutalement des invitations telles que celle qu'il tenait dans sa main. Aussi, il laissa le parchemin de côté sur son bureau. Il se renseignerait auprès de Hermione sur les enjeux de ce fameux bal, puis il déclinerait avec toute la politesse dont il était capable.

Sortant le Ministère de son esprit, il réfléchit à l'idée qu'il avait eue à table. Il avait un Serpentard - ancien Serpentard - à ramener à la vie.

Il avait pensé que passer par une demande écrite serait plus simple pour demander quelque chose à Malefoy. N'importe quoi pourvu que ce soit une excuse pour le forcer à communiquer.

Tapotant de sa plume ses lèvres, il soupira. Si l'idée était bonne, son application était problématique. En faisant le tour du dortoir des yeux, il bloqua sur son éclair de feu. Avec un sourire, il écrivit quelques mots, et signa en haussant les épaules.

"Malefoy,

Tu es le seul de notre petit groupe à avoir joué au Quidditch en tant qu'Attrapeur. Puisque nous ne sommes plus autorisés à prendre part aux compétitions officielles de Poudlard, il pourrait être intéressant de nous entraîner à attraper le Vif ?

Si tu es intéressé, je t'attendrai sur le terrain demain soir après le repas : nous serons tranquilles sans spectateurs indésirables.

Potter"

Il relut la courte note, puis décida que c'était suffisant. Il attendrait Malefoy comme il l'avait dit après le repas. Si le blond ne se présentait pas, il volerait seul, il y avait bien trop longtemps qu'il n'avait pas utilisé son balai. S'il venait... Et bien il verrait le moment venu. Il serait toujours temps de s'inquiéter de son prochain mouvement.

Un rapide tempus lui apprit qu'il devait se dépêcher s'il ne voulait pas manquer le début des cours. Minerva lui répétait à l'envi que les élèves pouvaient être en retard - et ainsi perdre des points - contrairement aux professeurs et assistants.

Il repartit au pas de course, fit un crochet par la volière pour charger un des hiboux de l'école de remettre au plus vite sa lettre à Drago, puis se précipita vers la salle de classe de métamorphose.

Il entra les joues rouges et le souffle court en même temps que sa Directrice et collègue. A son regard soupçonneux, il lui offrit un sourire qu'il espérait innocent.

Puis, il se força à oublier le mot que Drago devait avoir entre les mains pour passer entre les tables vérifier les devoirs des élèves.

La matinée ayant été intense - c'était le jour de cours de la classe de Ginny et la jeune fille essayait de le séduire - il se laissa lourdement tomber sur son siège en arrivant dans la Grande Salle.

Neville gloussa et lui demanda ce qu'il avait fait pour être dans cet état. Harry leva les yeux prêt à lui répondre, mais il resta silencieux un peu trop longtemps en croisant le regard mercure qu'il connaissait si bien et qui lui avait tant manqué. Un regard curieux, visiblement.

Harry déglutit au coup de coude de Neville qui le rappelait à l'ordre et il haussa les épaules.

- Ginny. Elle semble décidée à me pourrir la vie.

Neville ricana bruyamment et répondit immédiatement.

- Elle est dingue de toi et elle est certaine que tu vas lui tomber dans les bras.

Malgré lui, Harry dirigea son regard vers la table des Gryffondor avec un grimace. Effectivement, Ginny le fixait. Il détourna le regard et serra les mâchoires.

- Elle va attendre longtemps.

- Harry... Elle imaginait que tu reviendrais pour elle, et... Et bien je suppose que te voir seul lui donne l'espoir que tu l'aimes ? Pendant ton absence de Poudlard l'an dernier, elle n'a pas cessé de parler de toi, tu sais.

- Neville. Je vais te répondre la même chose que j'ai dite à Ron : Ginny est plus une sœur qu'autre chose. J'ai passé tellement de temps dans sa famille que... ça serait vraiment trop étrange. Beaucoup de choses ont changé et j'ai été clair avec elle, en lui disant qu'il n'y aurait rien entre nous.

Le jeune homme dévisagea Harry avec attention, puis pinça les lèvres.

- Quand lui as tu parlé ?

- Juste après la bataille.

Neville cligna des yeux avant de soupirer.

- Tu devrais... lui en reparler. Parce qu'elle peut penser que tu étais bouleversé et que tu n'en pensais pas un mot.

Harry grogna et détourna le regard. Une fois de plus, il croisa le regard gris familier et se rendit compte que Drago avait écouté toute la conversation attentivement. Son expression était neutre, ne laissant pas deviner ce qu'il pouvait penser des problèmes... sentimentaux de son ancien rival.

Le Sauveur soutint son regard, assez longtemps pour qu'il comprenne que son indiscrétion avait été remarquée mais que ça ne le gênait pas. Puis, il fit un signe de tête imperceptible et tendit la main pour prendre son dessert. Il restait une dernière part de tarte à la mélasse, et il comptait bien en profiter.

Drago fut plus rapide cependant : il prit l'assiette avec un léger rictus et la lui tendit en silence. Harry sourit largement tout en le remerciant. Apparemment, Drago Malefoy tentait de lui faire comprendre que lui aussi connaissait ses goûts, ce qui allait rendre les jours à venir particulièrement intéressants.

Les douze jours de NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant