Joyeux

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22 décembre

Harry laissa échapper un éclat de rire joyeux alors qu'il virevoltait dans le ciel, profitant du soleil hivernal. Il croisa Drago et lui sourit de toutes ses dents. Ce dernier paraissait heureux, prenant plaisir à leur petit jeu maniant son balai avec dextérité.

Soudain, Harry piqua vers le sol, entamant une descente vertigineuse sous le regard amusé de son camarade, habitué à ses facéties. Il se posa brièvement, le temps de libérer un vif d'or, avant de rejoindre Drago.

La petite balle ailée avait disparu pour l'instant, et ils en profitèrent pour voler lentement côte à côte, respirant à pleins poumons l'air sec mais glacial de décembre.

Harry soupira, le regard dans le vague, un léger sourire nostalgique sur les lèvres.

- Je crois que je ne pourrais jamais me passer de ces moments avec toi, Malefoy.

Drago s'empourpra brusquement, fixant Harry estomaqué. Voyant que le brun ne semblait pas s'être rendu compte de ce qu'il disait, il ne répondit pas, mais s'éloigna un peu de lui, troublé.

Il aurait pu dire la même chose, parce que lui aussi appréciait ces moments avec le Sauveur du monde magique. Il en venait à regretter sa stupidité et la constance qu'il avait mis à insulter le Gryffondor toutes ces années. S'il avait su comment était Potter... Après une seconde de réflexion, il reconnut intérieurement qu'il était trop borné et prétentieux avant pour accepter d'enterrer la hache de guerre.

Il se pencha légèrement sur son balai pour prendre un peu de vitesse et décrivit un grand cercle. Cependant, il ne cherchait pas réellement le vif, trop pris par ses pensées.

Harry était distrait lui aussi, et il allait et venait paresseusement, quadrillant le terrain. Il afficha un rictus agacé en voyant une silhouette approcher, devinant qu'ils auraient un public. Le jeune homme aurait préféré rester seul avec Drago, parce que son camarade était bien plus détendu quand ils étaient uniquement tous les deux. Comme si Harry était le seul privilégié à pouvoir accéder à sa véritable personnalité.

Avec un soupir, il jeta un coup d'œil à Drago, à l'opposé du terrain. Le blond était totalement perdu dans ses pensées à première vue, et il n'avait pas fait attention au fait qu'ils n'étaient plus seuls.

Harry grogna agacé en voyant une chevelure rousse familière, et en se rendant compte que leur public n'était autre que Ginny Weasley.

Il cria à destination de Drago en voyant la silhouette de Ginny brandir sa baguette, mais son camarade ne réagit pas immédiatement, se contentant de lever les yeux vers lui, sourcils froncés. Le sort fusa sous l'œil horrifié du jeune homme. Il se pencha en avant, presque allongé sur le manche de son balai, les muscles tendus par l'effort, essayant d'accélérer encore et encore.

Malgré toute sa bonne volonté, malgré son cœur qui battait la chamade, c'était perdu d'avance. Ils étaient trop loin l'un de l'autre pour qu'il puisse arriver avant le sort. Pour autant, il ne voulait pas abandonner.

Le rayon lumineux frappa Drago de plein fouet. Un bref instant, Harry crut que le sort n'avait eu aucun effet. Que Ginny - aussi douée soit elle en sortilèges - ait échoué. Mais lentement, Drago glissa de son balai, et commença à tomber, immobile et silencieux.

Le brun crut que son cœur s'était arrêté sous le choc. Compte tenu de la hauteur à laquelle ils étaient, Drago n'avait aucune chance.

A cette simple idée, l'adrénaline se déversa dans ses veines, et il piqua vers le sol, en direction de Drago.

Jusqu'au dernier instant, il crut qu'il n'y arrivait pas. Son cœur pulsait désespérément et il se jura d'écorcher vive Ginny si Drago avait la moindre égratignure.

Puis, contre toute attente, sa main se referma sur le poignet pâle de son compagnon. Dans un effort désespéré, il le hissa contre lui, le serrant de toutes ses forces. Puis, haletant, il prit la direction du château, ignorant la silhouette de Ginny, persuadé qu'elle ne ferait rien contre lui.

Il se posa sur les marches du perron, et soupira en voyant que Drago n'était que stupéfixé. Les mains tremblantes, il attrapa sa baguette et lança un Finite Incantatem, permettant à Drago de retrouver le contrôle de son corps.

Harry aida Drago à se tenir debout, mais refusa de le lâcher, son bras fermement enroulé autour de sa taille. Tremblant, Drago ne chercha pas à se dégager, visiblement sous le choc de ce qui venait juste de se passer.

Ils entrèrent dans leur salle commune, toujours en silence. Harry ignora les questions de leurs camarades, et lâcha son balai au passage, sans plus s'en préoccuper.

Neville se redressa, mais voyant Harry entraîner Drago dans le dortoir, avec une expression qu'il n'avait vu sur son visage que le jour où il avait fait face à Voldemort pour la dernière fois, il se laissa retomber sur son siège et soupira. Il connaissait suffisamment Harry pour savoir qu'il valait mieux le laisser se reprendre avant de lui poser des questions.

Hannah ramassa l'éclair de feu de Harry pour le poser avec soin le long du mur, et vint s'installer près de Neville. Il lui offrit un sourire de remerciement et passa son bras sur ses épaules, reprenant le livre qu'il était en train de lire avant l'entrée fracassante de ses camarades.

Dans le dortoir, Harry avait poussé Drago sur son lit, puis il s'était installé à ses côtés avant de fermer les rideaux. Ensuite, il l'avait attiré dans ses bras, le tenant contre lui comme si sa vie en dépendait.

Drago cligna des yeux doucement et enlaça Harry en retour.

- Merci Potter.

Voyant que le brun ne réagissait pas, il le serra un peu plus fort, et soupira.

- Hey. Je vais bien. Grâce à toi.

- Elle allait te tuer. Si... Si je n'avais pas réussi à te rattraper...

- Tu es le meilleur attrapeur, bien sûr que tu allais réussir.

Harry le servit un peu plus contre lui, et Drago grogna.

- Potter. Tu m'as empêché de finir comme une crêpe mais ne te sens pas obligé de m'étouffer.

L'étreinte se fit moins brutale, plus douce. Drago embrassa la joue de Harry, doucement. Ce dernier soupira et tourna légèrement la tête pour dévisager Drago avec intensité. L'instant d'après, leurs lèvres se rejoignirent délicatement.

C'était juste un effleurement, une douce caresse. Elle apaisa leurs cœurs battant la chamade, calma la peur qu'ils avaient ressenti juste avant. Ils restèrent collés l'un contre l'autre, en silence, se détendant peu à peu jusqu'à s'endormir ensemble.

Ils allaient bien, et tout le reste pouvait attendre. Le monde ne s'arrêterait pas de tourner sans eux.

Les douze jours de NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant