Enneigé

1.4K 183 13
                                    

4 décembre

Du haut de la tour d'astronomie, Drago contemplait le paysage enneigé. Il aimait se retrouver à cet endroit, malgré les souvenirs douloureux. A cet endroit, sa vie avait failli basculer. Mais finalement, il n'avait pas pu tuer Dumbledore. Son parrain s'en était chargé, sous son regard horrifié. Pourtant, c'était là où il se sentait le mieux. Presque libre.

Depuis la fin de la guerre, il savait que Severus n'avait pas vraiment eu le choix. Le vieux Directeur était déjà mourant, et le camp de la lumière avait besoin d'un espion irréprochable pour espérer vaincre le Seigneur des ténèbres. Et heureusement, Potter avait accompli des miracles.

En pensant à Harry Potter, Drago se crispa. Ce fichu Gryffondor le perturbait.

Lorsqu'il avait accepté la proposition de Severus de revenir à Poudlard, il avait pensé qu'il serait à l'abri. Il avait subi les regards mauvais et écœurés des sorciers sur le chemin de Traverse, et il avait rapidement compris qu'il ne trouverait pas d'emploi à cause de ce qu'il avait été. Un Malefoy. Un Mangemort. Il lui restait suffisamment d'argent encore, bien que sa richesse d'autrefois ait fondu comme neige au soleil. Voldemort avait sévèrement ponctionné les coffres des Malefoy et après la victoire de la lumière, le Ministère s'était allègrement servi dans les coffres des familles proches de Voldemort pour la reconstruction de Poudlard et du monde magique.

Les affaires de son père avaient périclité et tout était à recommencer. Mais Drago pouvait parfaitement vivre des rentes de sa famille, sans se soucier de l'avenir, terré dans son Manoir immense et lugubre. Ses parents avaient eu le choix entre Azkaban et l'exil, et sans surprise, ils étaient parti en France, à la recherche de leurs ancêtres. Drago pour sa part avait refusé de quitter l'Angleterre.

Avec le recul, il savait que si Severus n'était pas venu le chercher, il aurait fini par devenir fou. Rester seul, à l'endroit où Voldemort avait vécu était loin d'être une bonne idée. En plus du cauchemar qu'il avait vécu dans son propre Manoir, il y avait les regrets et la culpabilité qui ne le laissaient jamais en paix.

Quitter le Manoir l'avait aidé, mais sa culpabilité le suivait en permanence. Elle ne le laissait jamais en paix. Et il n'était pas stupide : il voyait parfaitement le regard des autres sur lui.

C'était un mélange d'accusations, de haine et de peur. Peur de lui parce qu'il portait la marque et qu'il avait été un ennemi. Accusation pour ses erreurs. Haine parce qu'il était assimilé à tous les autres Mangemorts. Ceux qui avaient torturé et tué.

Il était heureux pour sa part de n'avoir pas réussi à aller jusqu'au bout face à Dumbledore. Sa conscience était chargée de beaucoup de choses, mais au moins, il n'avait pas à expier un éventuel meurtre.

Il avait pris place près de Severus, dans les cachots. Lorsque Minerva lui avait appris qu'il ne partagerait pas les appartements de son parrain mais qu'il devrait partager un dortoir avec les autres "apprentis", il avait hésité.

Severus avait semblé comprendre puisqu'il lui avait dit de ne pas s'occuper des autres. Il était en sécurité à Poudlard, et personne ne s'aviserait de l'attaquer.

Drago s'était mis de lui-même à l'écart. Il ne voulait pas lire la pitié pour un ancien Mangemort débutant, il ne voulait pas être regardé avec méfiance, ou même avec colère. Il soupira et s'accouda au garde-fou.

Une voix grave venant de derrière lui le fit sursauter.

- Un problème Drago ?

Drago sourit et répondit à son parrain sans se retourner.

Les douze jours de NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant