Ornemental

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8 décembre

Drago Malefoy, pour la première fois depuis qu'il avait accepté d'être marqué, se sentait heureux. Cependant, ce n'était pas le mot qu'il cherchait. Il avait l'impression que le bonheur n'était pas vraiment pour lui.

Il était moins malheureux que ces derniers temps, que depuis l'instant où il avait compris qu'il avait fait une terrible erreur.

Il ne l'avait dit à personne. Il ne s'en était jamais vanté.

Comme il l'avait avoué à son parrain, il avait voulu la marque. Il l'avait désiré. C'était un mélange de stupidité et d'envie de vengeance à l'époque. Son père avait été envoyé à Azkaban à cause de Potter, et il avait imaginé qu'il pourrait faire mieux que le balafré en étant marqué.

Il rêvait de puissance. De gloire.

Il avait ignoré les larmes de sa mère, et son inquiétude. Il était si arrogant...

Et son monde s'était effondré quand il avait reçu l'ordre de tuer Dumbledore. C'était la seule façon de sauver son père, et il avait compris qu'il s'était fourvoyé. Il avait tenté de faire bonne figure, mais s'attaquer à Dumbledore lui-même... il était certain qu'il n'y survivrait pas.

Il avait fallu que Potter ne manque de le tuer pour qu'il se rende compte à quel point ils étaient différents. Il se vidait de son sang, et il avait senti son rival s'effondrer sur lui, regrettant son geste, priant pour qu'il puisse être sauvé. Il était certain que cet idiot de survivant aurait accepté de se sacrifier pour le sauver, lui le Mangemort.

Suite à ça, sa mission était devenue... un vrai calvaire. Tuer Dumbledore et faire entrer les Mangemorts à Poudlard. La nuit, entre deux cauchemars, il pleurait désespérément en regrettant d'être un lâche. Il avait trop peur d'être tué, et il obéissait... Stupidement. Il avait vécu dans la peur, sursautant à chaque bruit, persuadé qu'il ne vivrait pas longtemps.

Il avait fait entrer les Mangemorts, mais face à Dumbledore, il avait été sur le point d'abandonner. Le vieux fou lui avait proposé son aide. Drago avait longtemps pensé que si c'était Potter qui avait été là ce jour là, et qui lui avait proposé de l'aider, il l'aurait suivi jusqu'en enfer.

Son parrain était arrivé, et il avait tué Dumbledore à sa place, sans sourciller. Puis, ils avaient fui. L'année suivante, Drago était revenu puisque son parrain avait pris le contrôle de Poudlard. Et il avait découvert que Potter n'était plus là.

Pendant des semaines, il avait cherché à savoir où était ce fichu balafré. Il prétendait que c'était pour son Maître, mais il n'était même pas certain d'aller jusqu'à le dénoncer s'il venait à avoir des informations. Il avait juste besoin de savoir où était son rival... S'il allait bien.

Il avait eu la réponse à ses questions lorsque Potter était arrivé encadré par deux rafleurs, menés par Greyback. Il l'avait reconnu immédiatement, bien qu'il eut été défiguré, et il n'avait pas pu quitter ses yeux verts du regard. Il l'avait reconnu et Potter le savait. Pourtant, ce fichu héros n'avait pas baissé les yeux, il avait attendu en silence.

Il avait été le premier surpris lorsqu'il avait fait en sorte de gagner du temps, et lorsqu'il l'avait laissé fuir après s'être fait désarmer stupidement. En le voyant fuir, il avait murmuré un "Bonne chance" que Potter n'avait probablement pas entendu.

Il était clair que Potter n'était pas en fuite contrairement aux rumeurs. Il le connaissait suffisamment pour savoir qu'il était en plein dans une de ses aventures dangereuses. Et ce dernier était arrivé peu après à Poudlard, tête haute, et sourire insolent.

Il lui avait sauvé la vie - encore - alors qu'il aurait dû l'abandonner au milieu de ce fichu Feudeymon.

La guerre était derrière eux, mais elle n'était jamais bien loin dans l'esprit de Drago. Il regrettait ses décisions, ses choix du passé, et il ne pouvait pas cesser de culpabiliser.

Leurs camarades l'avaient mis à l'écart, et il n'avait pas protesté : c'était un faible prix à payer, et il estimait que c'était le juste retour des choses. Les élèves - en particulier les plus âgés - ne le respectaient pas. Il entendait régulièrement des insultes et il savait qu'à la moindre occasion il risquait de se faire agresser - certains avaient perdu de la famille pendant la guerre, et il était le Mangemort le plus accessible après tout.

Il ne se plaignait pas, et serrait les dents tout en continuant de faire ce que son parrain attendait lui.

Jusqu'à ce que Potter ne se décide à lui tendre la main. Encore et encore.

Longdubas avait été le seul à ne pas sembler surpris de la situation. Et il n'avait pas l'air d'être en désaccord avec son ami. Mais Drago ne voulait pas de la pitié du Sauveur, il ne voulait pas être la nouvelle lubie de Potter.

Il reconnaissait ses erreurs, et il les regrettait. Il était prêt à faire face aux conséquences de ce qu'il avait été, de la marque qu'il portait sur son bras.

Lorsque Potter débarqua dans les cachots avec un sac, un large sourire sur le visage et les cheveux en bataille - plus qu'à son habitude - il soupira et s'approcha pendant que son parrain gérait les élèves. Certains se tordaient le cou pour admirer leur héros. A une époque, Drago se serait moqué, mais il avait compris finalement que le balafré détestait toute cette attention.

Fier de lui, l'ancien Gryffondor lui tendit un branche pleine de feuilles.

- Je crois que ça peut être utile ça non ?

Incrédule, Drago laissa ses yeux naviguer du végétal au visage ravi de son ancien rival.

- Sérieux Potter ? Il te manque des neurones ou tu es juste stupide ? Parce que ça, c'est juste une misérable plante ornementale !

Potter haussa les épaules avec une petite grimace, mais ses yeux verts - trop verts - pétillaient, comme s'il appréciait sa façon de lui parler. Comme autrefois.

Avant qu'il ne puisse répondre cependant, ils entendirent un hurlement enragé, et Drago n'eut le temps de comprendre que "Sale Mangemort" avant de se sentir être bousculé. Il s'écrasa au sol, sa tête frappa la pierre des cachots, et un poids tomba sur lui, lui coupant le souffle.

Il y eut des cris, des mouvements autour de lui. Puis, le poids l'écrasant disparut, et il sentit quelqu'un le relever.

- Malefoy ?

Potter. Potter s'était jeté sur lui, et s'il en croyait le désordre ambiant, lui avait évité d'être touché par un sort particulièrement vicieux.

Il cligna des yeux, un peu perdu, jusqu'à ce que deux grands yeux couleurs d'absinthe ne se placent dans son champ de vision.

- Malefoy ?

Il grogna et leva une main tremblante pour se frotter le crâne, grimaçant sous la bosse qui apparaissait.

- Tu pèses une tonne Potter !

L'ancien Gryffondor gloussa, visiblement soulagé.

- Allez, viens. Je t'emmène à l'infirmerie.

- Qu'est-ce-qui s'est passé ?

Alors que Potter l'entraînait à sa suite, ce dernier lui répondit.

- Ginny Weasley t'a attaqué.

Les douze jours de NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant