Vilain(e)

1.2K 170 33
                                    

20 décembre

En rentrant de leur soirée au Ministère, Harry et Drago s'étaient faufilés dans le dortoir en silence. Après être passés l'un après l'autre à la salle de bains, ils s'étaient installés dans le lit de Harry sans même se concerter. Ils étaient exténués, et ils avaient compris qu'ils ne pourraient passer une nuit paisible que l'un près de l'autre.

Contrairement à leurs habitudes respectives, ils s'endormirent à peine installés, à peine blottis l'un contre l'autre.

Le lendemain matin, Drago fut le premier réveillé. Harry semblait profiter du dimanche pour rattraper tout son sommeil en retard. Le jeune homme était collé contre lui, la tête sur son épaule, ses mèches de cheveux lui chatouillant la joue. Le blond ne bougea pas, même si sa première intention avait été de se glisser rapidement hors du lit.

Sauf qu'il avait repensé à la soirée de la veille, et à quel point Potter s'était montré prévenant envers lui. Ce fichu lion avait fait en sorte qu'il se sente bien, alors il pouvait bien rester un peu contre lui pour lui permettre de dormir en paix un peu plus longtemps. Il devinait qu'il se réveillerait aussitôt qu'il se serait éloigné.

Il ne pouvait pas se plaindre : la situation n'était pas désagréable. Juste étrange.

Drago se laissa dériver dans une douce rêverie, vidant son esprit, profitant du confort et de la chaleur. De temps en temps, il entendait vaguement les mouvements d'un de leur compagnon de chambrée qui se levait - Neville ou Terry, aucun moyen de savoir. Mais les rideaux du lit étant tirés, ils respectaient le sommeil de Harry...

Il soupira en sentant le brun s'agiter, et ouvrit les yeux pour tomber sur deux émeraudes brillantes encore voilées par le sommeil.

- Sérieux Malefoy, faut qu'on arrête de se servir mutuellement d'ours en peluche.

Drago ricana.

- Te plains pas, Potter. Tu as dormi comme un bébé. Pas de cauchemar, n'est-ce-pas ?

Harry s'étira et bailla, avant d'acquiescer. Passant la main sous l'oreiller, il tira sa baguette et lança un rapide tempus.

- On a encore le temps de prendre un petit déjeuner.

Cependant, Drago ne regardait pas le résultat du sort. Il fixait la main de Harry, les yeux ronds.

- Potter ? Tu tiens ma baguette là. Comment peux-tu l'utiliser sans problème ?

Harry haussa les épaules, apparemment inconscient qu'un sorcier ne devrait pas pouvoir utiliser la baguette d'un autre sans en être devenu le Maître auparavant. Or Drago était certain que Harry ne l'avait jamais désarmé depuis qu'il possédait cette baguette...

Rangeant l'information dans un coin de son esprit, il repoussa la conversation à plus tard et s'employa à se préparer pour aller prendre le petit déjeuner.

Lorsqu'ils entrèrent dans la Grande Salle, la plupart des élèves avaient déjà quitté les lieux, leur assurant une tranquillité toute relative. Ils étaient les derniers à leur table, et parmi les professeurs, il ne restait que Minerva qui touillait son thé d'un air rêveur.

Ils mangèrent rapidement puis se séparèrent sur un regard entendu.

Drago marcha à grands pas dans les couloirs, en direction des cachots. Severus brassait une potion, et ne s'interrompit pas en le voyant entrer. Il se contenta d'un vague signe de tête.

Le jeune homme se laissa tomber sur une chaise et observa l'homme en plein travail, admirant ses gestes assurés.

D'un coup de baguette, Severus coupa le feu sous son chaudron et s'étira légèrement avant d'examiner son filleul.

- Et bien Drago. Tu sembles en pleine forme.

- La soirée était... étonnement agréable.

Severus laissa échapper un ricanement en secouant la tête. Il s'employa à sortir des flacons d'une armoire, pour les déposer à côtés du chaudron en train de refroidir.

- C'est le principal.

- Je dois te parler de quelque chose.

- C'est ce que nous sommes en train de faire non ? Parler.

- Il s'est passé quelque chose d'étrange ce matin.

En remplissant les flacons de la potion qu'il venait de terminer, Severus leva un sourcil amusé.

- De quel style ? Tu as encore dormi avec Potter ?

En voyant son filleul s'empourprer violemment, la main de Severus trembla et il échappa une louche de potion. Il reposa ce qu'il tenait dans les mains et s'essuya calmement les mains avant de se passer une main légèrement tremblante sur le front.

- Drago ?

Le blondinet grogna vaguement et il eut un geste de la main pouvant signifier tout et n'importe quoi.

- Tu voulais que j'arrête les potions de sommeil sans rêve, Severus ?

- Quel est...

- Le rapport ? Avec Potter, je ne fais plus de cauchemars. Et lui non plus n'en fait pas.

Severus soupira et d'un coup de baguette nettoya ce qui était tombé sur sa table de travail.

- Je suppose que ce n'était pas la chose étrange dont tu voulais parler ?

- Effectivement. Ce matin, il... Il a prit ma baguette par erreur et elle lui a répondu.

- Drago, il n'est pas rare que certains sorciers aient des affinités avec les baguettes d'autres personnes. Ça n'a rien de mystérieux.

- Ma baguette lui a répondu parfaitement. Il ne s'est même pas rendu compte qu'il s'était trompé.

Le Maître des potions se figea, et fronça les sourcils. Puis il grogna doucement.

- Fichu Potter. Pas moyen de faire comme les autres n'est-ce-pas ?

Drago soupira et attendit la suite. Il connaissait suffisamment son parrain pour savoir que celui-ci réfléchissait. Finalement, le Maître des potions souffla.

- Et toi ? Tu peux utiliser la sienne ?

Le blond haussa les épaules.

- Je n'ai pas essayé, mais je le ferais.

L'homme en noir s'étrangla à moitié au ton de son filleul.

- Il te fait assez confiance pour te laisser sa baguette ?

- Severus. Potter m'a emmené au Ministère où il a montré à tout le monde que... que nous étions proches, nous avons partagé plusieurs fois le même lit. Et je ne compte pas le trahir ou le blesser.

Severus se laissa tomber dans son fauteuil et ricana en levant les yeux au ciel.

- Je n'aurais jamais imaginé ça venant de vous deux. Toutes ces... disputes, ces bagarres, ces vilaines choses... Toutes ces retenues pour en arriver à une telle proximité.

Drago rougit de nouveau et se leva d'un bond, prétendant avoir quelque chose à faire. Alors qu'il allait passer la porte, son parrain le rappela.

- Drago ? J'ai hâte de lire la Gazette demain matin.

Les douze jours de NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant