Arc

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6 décembre

Après la désastreuse histoire des branches de gui ensorcelées de la veille qui avaient manqué mettre Poudlard à feu et à sang, Harry avait profité de l'aube pour s'échapper du château. Il n'avait pas l'habitude de se lever aussitôt le dimanche, mais l'inaction de la veille, coincé dans son dortoir, lui avait donné envie de grand air et d'exercice.

Il faisait encore sombre, ce qui lui permit de traverser le parc sans être vu. Il jeta un coup d'œil nostalgique à la cabane de Hagrid, laissée à l'abandon. Le demi-géant, après la guerre, était parti avec son demi-frère rejoindre une colonie de géants. Il aurait dû revenir rapidement, mais il semblait décider à créer des liens avec Graup.

Le jeune homme soupira, en pensant à tous les souvenirs qu'il avait à cet endroit, puis avança résolument, en direction de la forêt interdite.

Il s'y engouffra sans la moindre hésitation, sa baguette brandie devant lui après avoir murmuré un Lumos. Il connaissait le chemin pourtant, mais il venait toujours en marchant lentement, et en regardant autour de lui, comme pour fixer chaque détail dans sa mémoire.

Enfin, il arriva dans la clairière. Celle où il était mort.

S'il devait vivre des centaines d'années, il ne serait jamais capable d'oublier ce qui s'était produit à cet endroit. Quand il s'était livré de son plein gré, pour faire face à Voldemort.

Il pensait Severus Rogue mort malgré ses efforts pour le sauver. Puis, l'instant d'après, il découvrait que Dumbledore l'avait élevé comme un cochon mené à l'abattoir.

Il avait eu une partie de son pire ennemi en lui toutes ces années, un fragment de son âme corrompue, pleine de haine. Et il ne pourrait pas tuer Voldemort tant que ce fragment d'âme persisterait. Il devait mourir. Purement et simplement.

Son rôle n'était pas de tuer le Seigneur des ténèbres comme il l'avait cru. Son rôle était de mourir pour qu'un autre ne finisse par lancer le sort fatal.

Rogue l'avait su et malgré son comportement envers lui, malgré sa haine de James Potter, il s'était violemment emporté. Il avait parlé pour lui. C'était probablement pour cette raison qu'il l'avait sincèrement pleuré, alors qu'il se rendait vers cette clairière pour y mourir.

Il aurait aimé lui dire à quel point il lui était reconnaissant de l'avoir protégé toutes ces années en mémoire de sa mère. Lui dire qu'il était venu à l'admirer pour le rôle qu'il tenait, envers et contre tout, avec courage. Il ne pouvait pas l'apprécier - pas avec leurs relations - mais il aurait aimé le découvrir de façon plus apaisée. Parler de sa mère. Parler à quelqu'un qui comprendrait le sens des sacrifices.

Harry resta à l'entrée de la clairière, les yeux fixés à l'endroit où il était tombé. Il était mort - l'Avada l'avait touché - et il s'était retrouvé un moment hors de son corps. Ailleurs.

Il était revenu, sans vraiment savoir pourquoi. Il avait rejeté une éternité de paix pour revenir se battre.

Le jeune homme soupira, et baissa sa baguette, se retrouvant presque plongé dans l'obscurité. Une branche craqua derrière lui. Il pensa un instant que c'était Firenze qui parcourait la forêt arc en main, et il attendit les salutations du Centaure. Cependant, la voix qui s'éleva n'appartenait pas à la créature.

- Monsieur Potter.

Harry sourit, conscient que ces deux mots signifiaient bien plus. C'était à la fois une salutation et une vague menace teintée de regrets. L'homme aurait adoré pouvoir lui retirer des points et l'envoyer en retenue, en le surprenant à faire quelque chose d'interdit.

Les douze jours de NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant