Chapitre 8

48 6 0
                                    

Déjà le taxi s'arrête en bas d'un immeuble tout en verre... je dois me pencher pour essayer d'en discerner le sommet...

Benjamin est devant, il me sourit, une fois encore, il ne dit rien mais ses yeux me disent leur joie de me voir là... leur impatience aussi... Il fait signe au chauffeur de baisser la vitre et d'une voix étrangement blasée, il lui demande d'être là, au même endroit, demain à 8h précises pour me raccompagner où je le souhaiterai... le gars accepte et reçoit encore un billet de 100 dollars. Je frémis et intercepte le billet.

- merci, d'être là, à l'heure dite mais je réglerai ma course moi même... juste ma course... alors si cela ne vous convient pas, je prendrai un autre transport.

- mais non, madame se sera parfait... me sort le type avec du respect dans la voix, à demain 8h pile, alors?

- merci à demain.

Je sors et respire un bon coup avant de tendre le bras, le billet à la main, au gars, à présent gêné, devant moi.

- tu es vraiment susceptible, toi...

- OK.

Je lâche le billet qui finit par terre et je fais demi tour, comment j'ai pu croire qu'un homme se comporterai gentiment avec moi? Le problème doit venir de moi, je dois dégager un truc de serpillière... genre "allez y les gars vous pouvez vous essuyer les pieds sur moi, c'est gratuit"...

Je pars le long de la rue, il faut maintenant que je me trouve un autre taxi, c'est dangereux de traîner seule dans New York, la nuit... Mon angoisse,ma compagne de tous les jours, revient me serrer la gorge, j'ai froid... mais j'ai surtout peur, je ne survivrai pas à une nouvelle agression...

- attends!

Benjamin est devant moi, en trois bonds, il m'a rattrapée. Je cherche un moyen de fuir, comment lui échapper... mais il plante son regard dans le mien... une fois de plus, ses yeux me disent autre chose que sa voix blasée... et quand il articule «je t'en supplie, pardonne moi» en me prenant doucement les deux mains, sa voix est rauque comme s'il ne trouvait plus son souffle. Je remarque qu'il a le billet dans la main, il suit mon regard et pâlit avant de le fourrer dans la poche arrière de son jeans.

- pour 200 dollars, tu peux te payer quelqu'un de beaucoup plus expérimenté que moi...

Son regard me fuit et bizarrement, j'ai de nouveau froid.

- pardon. Répète t il en retirant son blouson en cuir pour me le poser doucement sur les épaules, je ... ne voulais pas t'insulter... juste m'assurer que tu... n'aurais pas de soucis demain... pardonne moi...

Bon, c'est sur, ils sont au moins deux dans sa boite crânienne... le gentil, celui qui me parle d'une voix grave mal assurée et un connard arrogant à la voix tranchante... je décide de mépriser 'connard' et de nouer mes bras autour du cou de 'gentil'... Il répond à mon baiser tendrement, en prenant le temps de déposer des petits bisous jusque qu'à mon oreille pour y murmurer encore qu'il est désolé... qu'est ce que je suis bien dans ses bras... là, si quelqu'un nous photographiait, on pourrait être dans ma galerie de photos réconfortantes...

- tu veux rentrer chez toi ou je peux t'emmener faire une ballade... me demande 'gentil' le front appuyé sur le mien.

- une ballade? À Manhattan? La nuit? Où as tu garé la bat mobile?

Il se marre et me tire par la main... juste derrière son immeuble, il y a une haute grille en fer. Il me lâche et saute souplement. Il l'escalade comme un ado qui fugue et dix secondes plus tard, il entrouvre la porte qui grince. Je m'y faufile, il referme derrière nous et passe le bras autour de ma taille pour me guider, il y a là un jardin... j'en reviens pas, il y a des herbes folles, des arbres... même une fontaine... on s'y promène enlacés... je suis sure que 'connard' doit s'ennuyer, mais 'gentil' me sourit, se moque de moi quand une chauve souris me fait crier de peur comme une petite fille. Il a resserré ses bras autour de moi. Comme les filles sur mes images, je dois sourire bêtement et je me sens bien... On marche encore un peu, jusqu'à un banc, il s'y laisse tomber et m'attire devant lui, debout. Ses bras enserrent ma taille, son beau visage est levé vers moi.

- j'ai envie de toi... souffle t il.

J'ai le cœur qui s'arrête, mon cerveau à la trouille, mais mon ventre est rempli de papillons, et plus bas, c'est Hiroshima... il se méprend sur mon silence.

- mais, je comprends que...

- non, non, je murmure en passant la main dans ses cheveux châtains, non, moi aussi... j'ai envie...

« enfin, je crois »

Et je me laisse aller, je plonge mes lèvres sur les siennes, pour recevoir un vrai baiser de cinéma qui me laisse pantelante.

- viens... me demande t il, du feu dans le regard.

Il m'emmène dans l'autre coin du jardin, m'aide à escalader un muret et nous entrons dans son immeuble par le garage.

SURVIVRE APRÈS MON ENLEVEMENT  Spin off M.A.P.L.V.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant