Chapitre 15

50 6 0
                                    


Des bras m'enserrent et me calent contre un torse chaud, musclé et rassurant... une main va et vient dans mon dos, une voix me répète que ça va aller que plus personne ne me fera du mal et des lèvres embrassent mes cheveux

Mon corps croit ce qu'on lui dit... et s'apaise peu à peu.

- tu es gelée... tu devrais rentrer...

Mais moi, j'ai besoin de réponse... je ne vais plus suivre les conseils de Jackie, ne vais plus 'me contenter de ce qu'on m'offre'...

- comment as tu pu savoir?

«Pitié ne me dis pas que tu as quelque-chose à voir avec ça»

Mon oncle me disait constamment que si je m'échappais, il m'enverrai des types pour me faire la peau... Ma parano s'évapore quand un regard gris, sans aucune gêne, éclatant de sincérité me répond tout simplement.

- ton téléphone m'a appelé dans la bagarre, tu avais la géolocalisation d'enclenchée, heureusement...

- oh bah... merci...

- quand j'avais 15 ans, ma mère a été agressée aussi, j'étais moins efficace avec mes poings mais j'avais su la protéger. Frémit il avec de la colère dans les yeux, ma sœur aussi quand elle était en seconde, c'était son copain qui l'avait tirée de ce merdier... ça ne devrait pas arriver...

«Tu as raison... mais parfois il arrive bien pire...»

- tu devrais rentrer au chaud, tu vas attraper la mort...

« Je l'ai déjà attrapée..

- viens...

J'ai chuchoté ma supplique, j'ai peur que 'connard' nous entende et foute tout en l'air, surtout que Benjamin a commencé à me parler de sa famille...En fait, il a entendu mais la bagarre dans le regard gris est courte. Benjamin me dévisage intensément... porte ma main à ses lèvres pour y poser un baiser et sort ses clés de sa poche... il attache sa moto et prend les deux casques d'une main avant de me tendre l'autre comme on se rend, comme on met son sort entre les mains de quelqu'un... Mes larmes coulent de nouveau, je les essuie vivement et l'emmène vers l'ascenseur. Le miroir y est témoin de notre échange de regards inquiets...

- voilà mon chez moi...

C'est tout ce qui arrive à sortir de ma bouche, mon appartement semble soudain si petit avec cet homme au milieu. Benjamin pose les casques et me prend par la taille.

- tu dois avoir mal partout, sûrement avoir des bleus... tu devrais aller te prendre ne douche... ou même un bain, je ne bouge pas...

Comme c'est bon de lui laisser la direction des opérations... je hoche la tête et file...il a raison, ça me fait du bien, mes idées se remettent péniblement en place... mon corps n'est pas si douloureux, on va dire qu'il a connu pire... Je me retrouve en panique devant mon armoire... je n'ai aucun vêtement de nuit... potable. Je dors seule alors je vise le confort... pas l'esthétisme.

« bon, Haylee Alvagio, t'as plus qu'à assumer...»

Je choisis ma tenue préférée, ma tenue spéciale 'j'ai besoin de réconfort' et me regarde. Je porte mon pyjama licorne et ne ressemble à rien...tanpis... au moins, je suis naturelle... à toi, Bruce Wayne de l'être aussi... je pouffe comme une idiote en imaginant que le type tatoué et musclé qui squatte mon salon pourrait dormir en pyjama... spider man!!

J'entends la télé, et découvre que mon canapé est minuscule quand un grand gaillard y est vautré. Il se redresse et m'observe un gentil sourire sur les lèvres.

- ma petite sœur a le même... tu vas mieux?

- oui.

Je viens m'asseoir sur le pouf en face du canapé, bien en face de lui. Il éteint le poste.

- pourquoi tu es venu?

- je t'ai dit pour l'appel.

- OK, mais avant que tu partes, je t'ai fait un doigt dans le dos du gars qui me roulait des pelles comme un malade... et, encore avant, je t'ai avoiné comme une folle...et je t'ai giflé...

- ...

- alors, je voudrais comprendre... ce que tu fais là...

- ... je regarde la télé... me fait il avec un regard de petit garçon qui ne veux pas dire à sa mère ou il a caché la plaquette de chocolat dérobée dans le frigo.

Il est trop trop craquant... il a démoli le gars qui voulait me violer, il a foutu dehors de sa tête une personnalité toxique...j'ai envie d'être magnanime mais en même temps, je ne peux plus revenir en arrière... justement pour être sure que 'connard' est de l'histoire ancienne entre nous... en fait voilà, je veux savoir ce qu'il y a entre nous... en admettant que de son coté, il y aie quelque chose...

Il l'ignore mais je suis une maman... je sais gérer sa pitoyable tentative... je croise les bras avec mon sourire en coin 'pas de ça avec moi, mon coco' et attend un peu. Il bouge, mal à l'aise et répond toujours en mode dérobade.

- j'espérais que ce soit 'Mr mains baladeuses' qui t'agresse pour pouvoir lui mettre mon poing dans la gueule...

"pas de ça avec moi mon coco, accouche"

Il faut que j'arrête de l'appeler 'mon coco', ça lui va pas du tout...

- pourquoi?

- parce que... soupire t il en me prenant la main, mon... comment tu as dit... mon plan cul qui ne doit pas être le coup de siècle... prend toute la place qui reste dans ma vie de mort vivant et que je ne l'avais pas compris avant de te voir avec ce mongolien...

«ohhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh»

Mais c'est pas un petit garçon qui me regarde, le type intelligent devant moi a également une question pour moi. Une question... difficile...

- alors pourquoi Mr Mains Baladeuses n'était pas près de toi dans cette ruelle pour te défendre?

Et lui aussi, il me sourit l'air de dire 'j'ai tout mon temps ma cocotte,  je veux savoir...'. Je vais te répondre Benjamin, je te jure que je vais essayer...

- j'ai pas pu...

- pas pu quoi?

- ...

- pas pu quoi? insiste t il doucement.

- il voulait me sauter dans les toilettes... et j'ai pas pu... je l'ai frappé et me suis sauvée...

Son sourire satisfait quand j'avoue avoir éclaté ce type me fait sourire. Il ne demande pas de détails mais je sens qu'il aimerait en savoir plus... il tranche juste d'un air dégoûté 'très classe' avant de reprendre son interrogatoire, la voix encore plus douce...

- les toilettes de boite te foutent les jetons?

Il a pris mes mains et me fais une place contre lui sur mon canapé... sans savoir ce que ça a d'incongru... je me laisse faire et me blottis contre lui.

- pas les toilettes, les hommes...

Jamais je n'ai été si loin dans des aveux avec personnes sauf Jackie...

- je ne sais pas comment je dois le prendre...

«ouais c'est vrai...il faut que je dise un truc... parce que dans la catégorie 'homme', il n'a rien de moins que les autres...»

Je cherche quoi lui dire et une digue rompt en moi...

- tu dois le prendre bien... et... je vais te répondre si tu veux... mais je n'ai jamais raconté ça à personne... si tu me laisses parler, je crois que je peux te répondre...

- si tu trouves ce courage, je te dirai pourquoi il n'y a personne dans ma vie, pourquoi tu dois absolument me laisser seul... le matin

« ça me va »

SURVIVRE APRÈS MON ENLEVEMENT  Spin off M.A.P.L.V.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant